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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

19 May

Adéla JANSKÀ «Collision»

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Peinture Contemporaine

Détail "Yellow Top", 2025 de Adéla JANSKÀ - Courtesy de l'artiste et de la Adrian SUTTON Gallery © Photo Éric SIMON

Détail "Yellow Top", 2025 de Adéla JANSKÀ - Courtesy de l'artiste et de la Adrian SUTTON Gallery © Photo Éric SIMON

Du 5 avril au 14 juin 2025

 

 

 

 

La pratique d'Adéla Janská est une méditation sur la forme et la perception, un délicat décryptage de l'identité traçant les contours de la féminité d'une main éthérée. Ses sujets, souvent des figures féminines – inflexibles et imprégnées d'une grâce spectrale – évoluent dans un espace liminal où leur immobilité même dégage un sentiment de mystère et une profondeur énigmatique.

 

 

Avec leurs surfaces impénétrables dissimulant des couches de sens sous l'éclat fragile d'une peau de verre en porcelaine, ces délicates effigies, tirées de ses souvenirs d'enfance de jeux avec des poupées en papier, ou inspirées de sa collection de figurines bohèmes et bavaroises, servent de symboles – intouchables, éternelles, leurs surfaces vierges du temps ou de la physicalité.

 

"The Storyteller", 2025 de Adéla JANSKÀ - Courtesy de l'artiste et de la Adrian SUTTON Gallery © Photo Éric SIMON

"The Storyteller", 2025 de Adéla JANSKÀ - Courtesy de l'artiste et de la Adrian SUTTON Gallery © Photo Éric SIMON

"Fragments", 2025 de Adéla JANSKÀ - Courtesy de l'artiste et de la Adrian SUTTON Gallery © Photo Éric SIMON

"Fragments", 2025 de Adéla JANSKÀ - Courtesy de l'artiste et de la Adrian SUTTON Gallery © Photo Éric SIMON

La fascination d'Adéla Janská pour les poupées ne date pas des figurines en porcelaine qu'elle collectionne aujourd'hui. Enfant, elle adorait jouer avec des poupées en papier. Fragiles, interchangeables, découpées dans des magazines, leurs corps plats pouvaient se glisser dans différentes tenues, changeant d'identité à volonté. Elles étaient les réceptacles de vies imaginaires, contrôlées et agencées du bout des doigts.

 

 

 

Mais ce qui semblait alors un jeu, un exercice de transformation, prend aujourd'hui une dimension plus mature dans sa pratique. Les poupées de papier de son enfance lui reviennent à l'esprit comme des spectres de la féminité – des figures à la fois parées et contraintes, habillées et dévêtues, assignées à des rôles aussi facilement qu'elles étaient abandonnées. Elles rappellent l'apesanteur de l'imagerie enfantine, et pourtant elles portent la gravité du vécu d'une femme.

 

"Yellow Top", 2025 de Adéla JANSKÀ - Courtesy de l'artiste et de la Adrian SUTTON Gallery © Photo Éric SIMON

"Yellow Top", 2025 de Adéla JANSKÀ - Courtesy de l'artiste et de la Adrian SUTTON Gallery © Photo Éric SIMON

« Le choc entre ma perception des poupées de papier, enfant, et maintenant, à mon âge », explique Janská, « est la prise de conscience qu'elles n'étaient pas de simples jouets, mais des symboles de la façon dont les femmes sont modelées, posées, censées s'adapter à des rôles prédéterminés. Leur beauté est naturelle, sans contrainte, mais aussi étrangement passive. Et c'est en cela que je reconnais la tension qui règne dans mon propre travail. »

 

 

 

Cette tension entre fluidité et confinement imprègne ses peintures et fait écho au titre de l'exposition personnelle parisienne « Collisions ». Les femmes qu'elle représente sont comme ces découpes d'enfance, leurs surfaces lisses, leurs expressions figées. Pourtant, elles ne sont pas de simples poupées passives ; elles sont les gardiennes de leur propre inconnaissabilité. Elles existent au-delà du regard, au-delà du toucher, leur impénétrable n'étant pas un défaut, mais une forme de résistance silencieuse.

 

"Poster", 2025 de Adéla JANSKÀ - Courtesy de l'artiste et de la Adrian SUTTON Gallery © Photo Éric SIMON

"Poster", 2025 de Adéla JANSKÀ - Courtesy de l'artiste et de la Adrian SUTTON Gallery © Photo Éric SIMON

L'utilisation par Janská de décors de maisons de poupées approfondit encore cette méditation sur le confinement et la transformation. La maison, autrefois un espace de confort et d'appartenance, devient désormais une scène - un microcosme soigneusement construit où l'identité est à la fois performée et enfermée. Les portraits encadrés par ces décors intimes mais distants, oscillent entre nostalgie et éloignement. La légèreté des jeux d'enfance a cédé la place au poids de l'introspection.

 

 

 

L'apesanteur de ses personnages n'est pas seulement esthétique mais existentielle, faisant écho à la légèreté de l'être de Milan Kundera, au paradoxe de la légèreté et du poids, de savoir si la vie est définie par le sens ou est libérée par son absence. Les peintures s'attaquent au transitoire, à l'inatteignable, la délicatesse de leur caractère révèle avec une ingéniosité hyperréaliste qu'elles ne sont pas alourdies par le temps, tout en évoquant le passage inexorable de la vie. Regarder ses personnages, c'est se confronter à ses propres perceptions de la féminité, du temps, de soi. Jouent-ils encore à un jeu ou ont-ils enfin dépassé ce stade ?

 

"Fragments", 2025 de Adéla JANSKÀ - Courtesy de l'artiste et de la Adrian SUTTON Gallery © Photo Éric SIMON

"Fragments", 2025 de Adéla JANSKÀ - Courtesy de l'artiste et de la Adrian SUTTON Gallery © Photo Éric SIMON

À travers le prisme de la phénoménologie, notamment inspiré des travaux du philosophe français Maurice Merleau-Ponty, l'artiste explore le seuil entre sujet et objet, entre perception et réalité.

 

Son travail souligne que la perception n'est pas une réception passive du monde, mais un engagement actif avec lui; un dialogue permanent entre soi et son environnement et invite le spectateur à reconsidérer l'acte de regarder à se demander si ce qui est vu est véritablement perçu, ou si le sens n'est que le reflet de notre propre regard passager. Dans cette tension, les peintures d'Adéla Janská deviennent des actes de découverte plutôt que des affirmations.

 

Texte de l’exposition: Luana Hildebrandt

 

Adrian SUTTON Gallery

11 rue Michel Le Comte

75003 Paris

 

 

 

https://adriansuttongallery.com/

 

 

 

 

 

  Jours et horaires d’ouverture du mercredi au samedi de 13h à 19h

 

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