20 May

Emma STERN « Hell is Hot »

Publié par Eric SIMON - Catégories : #Expo Peinture Contemporaine, #Expo Sculpture Contemporaine

"Claire + Lucy (SP33D DEMONZ)", 2025 de Emma STERN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Almine RECH - Paris © Photo Éric SIMON

Du 26 avril au 7 juin 2025

Almine Rech Paris, Turenne a le plaisir de présenter Hell is Hot, la troisième exposition personnelle d'Emma Stern à la galerie. Un titre pour la « watchlist » : She had sex with WHAT? (Elle a couché avec QUOI ?) Créatures marines, des voix torrides non incarnées, des anges témoins de tout et des motos entre les jambes – tout à plein régime et consommé par une ardeur de petite fille.

Des vidéos, générées par intelligence artificielle, de minuscules humanoïdes ramassés par des bras musclés et démoniaques, où le moment de contact est lorsque leurs corps si sculptés, si forts – tremblent et fondent, se heurtant aux limites quand une intelligence aléatoire comprend le contact de la chair contre la chair. Dans les peintures d'Emma Stern, les limites se tiennent : elles brillent par la plénitude du désir perturbant.

"Lucy (flame thrower)", 2025 de Emma STERN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Almine RECH - Paris © Photo Éric SIMON

"Emily (the volunteer)", 2025 de Emma STERN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Almine RECH - Paris © Photo Éric SIMON

"Lucy (limerence)", 2025 de Emma STERN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Almine RECH - Paris © Photo Éric SIMON

Idéalismes dimorphiques de tailles agrippées et de T&A anti-gravité sont transformés en monstres adorables avec des oreilles de lapins et des queues de sirènes. Sculptés à l'aide d'un logiciel 3D populaire parmi les photographes amateurs, puis délicatement peints à l'huile dans des tons de couchers de soleil cyber, les idoles et les avatars de Stern nous donnent les post-humains que nous méritons.

Voir les perversions sur écrans comme étant inconsidérées ou irréfléchies nie le degré d'attention extrême nécessaire à la création de créatures fétichistes, d'êtres velus, d'avatars ou d'autres objets d'une passion d'un autre monde. Les cheveux, les vêtements, les accessoires et les traits de personnalité sont sélectionnés et stylés avec amour.

Les scénarios fantastiques sont écrits et présentés, dessinés ou façonnés au stylet Blender avec une infime légèreté. Quelle preuve de plus grande piété que de peindre un cul à la perfection, ou séparer chacun des cheveux d’un personnage original pour y refléter le coucher du soleil irréel de manière plus réaliste ?

Le sens du détail donne droit à la fantaisie la plus pure et la plus démesurée.

"Meredith (hot tub)", 2025 de Emma STERN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Almine RECH - Paris © Photo Éric SIMON

"Pamela + Flynt (The Promotion)", 2025 de Emma STERN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Almine RECH - Paris © Photo Éric SIMON

"The Fallen (rainbow sherbet)", 2025 de Emma STERN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Almine RECH - Paris © Photo Éric SIMON

Voilà bien un impératif romantique : l'attention, et à la pelle. Quiconque a nourri un état de limérence a su transformer les éléments superficiels en illusions insatiables. Même les traits les plus ordinaires peuvent être refaits en iconographie par un regard adorateur sans pitié. Le cliché du pompier, du patron ou de l’automobiliste effréné sexy devient le terrain de jeu idéal pour le geste créatif du gros coup de cœur. Le monde au-delà de l'objet est alors soit un décor de théâtre pour le script parfait du fantastique devenu réalité, soit il s'évapore comme incongru. Il devient une brume qu'on enveloppe autour d'un corps divinement illuminé, un dégradé sans substance pour mieux accentuer le mystère crucial sur lequel porte toute l’attention.

Un regard dur, direct et fixe, pour vous faire défaillir. La cerise sur le gâteau. L'un mène à l'autre, dans un pacte avec le Diable. « Suis-je en contact avec cet homme ou suis-je en contact avec moi-même parce que je suis sexy et aime être regardée par un symbole de mes désirs qui se confond avec moi-même, comme si j’étais constituée d'entités distinctes et ne peux jamais m'en rapprocher suffisamment » – dit un mème vert, en texte brut, au-dessus d'une fille hyper sexy moulée dans sa petite robe.

"The Fallen (french vanilla)", 2025 de Emma STERN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Almine RECH - Paris © Photo Éric SIMON

Détail "The Fallen (french vanilla)", 2025 de Emma STERN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Almine RECH - Paris © Photo Éric SIMON

"SP33D D3MON", 2025 (en collaboration avec Kaan Ulgener) de Emma STERN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Almine RECH - Paris © Photo Éric SIMON

En 2025, tous les scripts d'hétérosexualité impliquent une certaine simplification – avec une image de soi et celle de l'opposé total. Il s'agit toujours d’une nuit de bataille, entre ce que le cœur désire et les impératifs du Soi supérieur. Sur le ring de boxe ou dans le jacuzzi, brandissant de gigantesques épées Final Fantasy, les filles d'Emma Stern voient comment elles sont perçues et sont prêtes à aller au combat avec tout l'arsenal de la séduction, de la douceur et de l'attrait adversaire. Elles sentent, d'une certaine manière, que le plein contact n'aboutira pas à une contusion, mais à un évanouissement. Peau contre peau, comme de la crème sur un trottoir. Comme une boule de neige en enfer. Le conduit entre ennemies et amants n'a jamais été aussi torride.

— Alex Quicho, theoricienne et directrice de recherche

Galerie Almine RECH

64 rue de Turenne
75003 Paris

https://www.alminerech.com

Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.