Hans JOSEPHSOHN « Sculptures 1952-2002 »
"Untitled", 1971 de Hans JOSEPHSOHN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric SIMON
Du 26 avril au 28 mai 2025
Suivant la rétrospective consacrée a` l’oeuvre de Hans Josephsohn au Musée d’Art Moderne de Paris l’année dernière, la première rétrospective de l’artiste en France. Thaddaeus Ropac Paris Marais présente une exposition qui retrace 50 ans de la pratique du sculpteur suisse, de 1952 à 2002.
L’exposition traverse les principales typologies sculpturales de Josephsohn. Le rez-de-chaussée de la galerie établit un dialogue entre ses premières figures debout et couchées, tendres et solitaires, et les volumes abstraits de ses dernières demi-figures, tandis que le premier étage abrite une présentation ciblée des reliefs de l’artiste.
"Untitled" de Hans JOSEPHSOHN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric SIMON
"Untitled" de Hans JOSEPHSOHN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric SIMON
La pratique de Josephsohn se caractérise par sa préoccupation perpétuelle pour la figure humaine et par un processus artistique en union intense avec son médium – deux éléments qui sont au coeur de toutes les œuvres présentées. L’exposition retrace ses développements stylistiques au cours de cinq décennies, qui correspondent à sa relation fluctuante a` l’abstraction et a` la figuration, dont l’évolution est mise en évidence par les contrastes et les dialogues établis entre les oeuvres au rez-de-chaussée de la galerie.
Dans les années 1950, sur fond de l’abstraction d’après-guerre, Josephsohn reste attaché à une figuration épurée, comme en témoigne Untitled (Ruth) de 1958. C’est au cours des années 1960 et 1970 que ces premières figures gagnent en masse et en qualité crue et haptique de leurs surfaces, comme en atteste la figure allongée de 1971 qui domine l’espace environnant : solitaire et stoïque, et pourtant discrètement élégante.
"Untitled (Ruth)", 1958 de Hans JOSEPHSOHN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric SIMON
"Untitled", 1962-1963 de Hans JOSEPHSOHN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric SIMON
Un groupe de demi-figures entoure cette figure couchée, une typologie expansive d’oeuvres que Josephsohn a commencées dans les années 1980 et qui, au fil du temps, sont devenues de plus en plus abstraites à mesure que la définition formelle entre la tête et les épaules se dissolvait. Ce mouvement progressif vers l’abstraction, certaines des demi-figures exposées ne font que subtilement allusion au corps a été facilité par le choix du sculpteur de travailler ses figures en plâtre avant de les couler en bronze ou en laiton.
La malléabilité du plâtre lui permet d’ajouter et de retirer du volume au fur et a` mesure qu’il travaille, et sa réactivité au toucher donne a` ses sculptures une finition tactile et immédiate. Souvent, les traces des doigts de l’artiste sont visiblement incrustées dans leurs surfaces, témoignant de son processus de travail direct. Mettant l’accent sur la substance du corps, les sculptures résonnent d’une qualité intemporelle, presque géologique.
"Untitled" de Hans JOSEPHSOHN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric SIMON
"Untitled", 1962-1963 de Hans JOSEPHSOHN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric SIMON
Le premier étage de la galerie du Marais présente un aperçu des reliefs de Josephsohn. Tout au long de sa carrière, l’artiste a travaillé sur des reliefs parallèlement a` ses sculptures, et les reliefs présentés dans l’exposition couvrent plus de trois décennies de son engagement avec cette pratique. Ponctuant les murs de la galerie, les reliefs prennent l’aspect séquentiel d’une frise ; individuellement, nombre d’entre eux représentent deux figures ou plus, ce qui leur confère une qualité narrative.
En creusant la matière avec ses mains, Josephsohn fait apparaître des volumes et des éléments dans un haut-relief saisissant, les niches creusées dans le processus formant des terrains ombragés et dynamiques pour ses réflexions sur les relations humaines. Pour l’artiste, ces œuvres sont profondément personnelles. Comme il l’a déclaré, « Les reliefs sont en quelque sorte issus de la vie» : ils proviennent de ses expériences et ses interactions qu’ils traduisent directement.
"Untitled", 1962-1963 de Hans JOSEPHSOHN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric SIMON
"Untitled" de Hans JOSEPHSOHN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric SIMON
La pratique sculpturale de Josephsohn est profondément ancrée dans la chair, la substance et la force du corps, mais aussi dans son humanité ineffable. Comme l’a récemment écrit la critique d’art Jackie Wullschläger à propos de ses figures : « C’est comme si elles venaient péniblement à l’existence, ces figures résistantes et insistantes, brutes et vulnérables. Statiques et permanentes dans leur lourde matérialité, elles n’en sont pas moins tourmentées. Tantôt, leurs surfaces agitées, vitales et alertes, portant l’empreinte de la main de l’artiste, suggèrent l’intimité et une tendre tactilité ; tantôt, là où Josephsohn a tranché à la hache, elles sont déchiquetées et écorchées »
L’exposition invite les visiteurs à une rencontre, dans une immobilité à couper le souffle, avec les qualités a` la fois les plus corporelles et les plus sublimes des sujets de Josephsohn. Travaillant et retravaillant jusqu’à ce que, comme l’a exprimé l’artiste, « il ne reste plus que le cœur de la chose », Josephsohn se distingue par sa capacité à donner forme à la condition humaine elle-même.
"Untitled" de Hans JOSEPHSOHN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric SIMON
Hans Josephsohn est né en 1920 dans une famille juive dans l’ancienne ville de Königsberg, Prusse-Orientale. Il a brièvement fréquenté une école d’art à Florence avant de s’installer en Suisse en 1938, où il a continué à vivre et à travailler jusqu’à sa mort en 2012.
Il a étudié la sculpture auprès d’Otto Müller et a créé son propre atelier en 1943, ou` il a continué à travailler jusqu’à la fin de sa vie. Depuis 1956, ses œuvres ont fait l’objet de nombreuses expositions individuelles en Suisse et, depuis le début des années 2000, elles sont reconnues au niveau international.
L’oeuvre de Josephsohn a été exposée aux côtés de celle d’Alberto Giacometti lors de la Biennale d’architecture de Venise en 2012.
Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris
7 rue Debelleyme
75003 Paris
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 10h à 19h.