Exposition Collective Contemporaine: & Friends 2020
"Down by the water VI", 2019 de Karolina ORZELEK - Courtesy de l'Artiste et de la Galerie Le Feuvre & Roze © Photo Éric Simon
Du 9 au 30 janvier 2020
Artistes présentés : Idir Davaine, Louise Janet, Karolina Orzelek, Maxime Penaud
Pour la première exposition de 2020 la galerie Le Feuvre & Roze présente & Friends 2020, une exposition consacrée à la jeune création. Idir Davaine, Louise Janet, Karolina Orzelek et Maxime Penaud constituent le quatuor d'artistes dont les œuvres sont présentées du 9 au 30 janvier. Quatre artistes récemment diplômés ou toujours étudiants aux Beaux-Arts de Paris.
Quatre peintres, abstraits ou figuratifs, au travail déjà affirmé et à l’esthétique déjà singulière...
"Sans titre 2", 2019 de Idir DAVAINE - Courtesy de l'Artiste et de la Galerie Le Feuvre & Roze © Photo Éric Simon
Idir Davaine est né en 1990, diplômé des Beaux-Arts de Paris en 2017.La pratique picturale d’Idir Davaine est d’abord une manière sensible d’éprouver les formes. Sortes de vestiges digitaux, elles se retrouvent traduites sur la toile, entre signes issus de la culture internet et influences BD. Les motifs de base : paysages, forêts, nature, bien que classiques, répondent à la nécessité d’un flux continu d’images, opération de collection, symptômes d’une culture impatiente s’inscrivant dans la modernité.
"Sans titre (sous bois FZI)", 2019 de Idir DAVAINE - Courtesy de l'Artiste et de la Galerie Le Feuvre & Roze © Photo Éric Simon
Pourtant, cette frénésie est associée à une méthode qui se déroule presque comme une partition, une chorégraphie. Elle extrait le motif pour l’évaluer, le considérer, «écrire le dessin». Là, les formes hallucinées, droguées, anthropomorphes, deviennent figures humaines ou animales, sursauts figuratifs en plein tremblement. L’image animée se fait alors une place au cœur de l’héritage et de la référence. La question de la parure et du recouvrement vient se frotter à la culture du fond d’écran, du dessin numérique, de la peinture aérosol et du dessin animé, cette vision psychédélique qui dédouble les images à grand effort d’arbitraire. La forme connue mute en un visage humain selon un code de superposition ou d’assimilation digéré et pourtant extrêmement effrayant. Le travail d’Idir Davaine nourrit presque sauvagement un culte de l’étrange entre déférence pour la peinture classique et ses motifs d’ornement et invocation sans mesure de la notion de multiplication, de saturation et de dispersion de l’image.
Élisa Rigoulet
"Thinking how to disappear Completely", 2019 de Louise JANET - Courtesy de l'Artiste et de la Galerie Le Feuvre & Roze © Photo Éric Simon
Louise Janet est née en 1999 étudiante en deuxième année aux Beaux-Arts de Paris. J’écris quotidiennement le déroulement exact de chacune de mes journées et ai pris l’habitude de dessiner sur le motif dans tous les endroits où je me rends. Ces deux exercices sont les points de départ de mes peintures que je conçois comme une sorte de journal intime à retardement.
Entre autobiographie et autofiction, j’essaie de traduire ce qui constitue mes questionnements actuels : mon rapport aux autres, à moi-même, à mon enfance et la confrontation à l’âge adulte. Mais aussi l’absurdité de nos existences aujourd’hui : nos vies qui tournent en rond, la vacuité des rapports humains, notre volonté insensée de toujours gagner plus de temps, plus d’argent.
"Jeune garçon et son chat", 2019 de Louise JANET - Courtesy de l'Artiste et de la Galerie Le Feuvre & Roze © Photo Éric Simon
"Ressac", 2019 de Louise JANET - Courtesy de l'Artiste et de la Galerie Le Feuvre & Roze © Photo Éric Simon
En réaction à cette « fast life », à cette vie d’adulte, je représente souvent mes personnages dans une certaine torpeur, un abandon d’eux-mêmes. Je me sers souvent de personnes de mon entourage, que je fais poser ou prends en photo, reconnaissables d’une peinture à l’autre. A travers des figures récurrentes, j’essaie de tisser ma propre mythologie, une mythologie de vies minuscules, une épopée du quotidien, dans lequel j’invite le spectateur à se projeter, à voir sa propre histoire comme dans un miroir. Je veux faire de ma peinture une vaste ville dans laquelle il serait possible de se balader, croisant des visages connus ou inconnus, des lieux familiers, d’autres étrangers.
Dans laquelle on se perd, on se retrouve, on vaque. Je cherche à donner une version supplémentaire de ce que c’est que d’être homme au monde.
Louise Janet
"Down by the water IV", 2019 de Karolina ORZELEK - Courtesy de l'Artiste et de la Galerie Le Feuvre & Roze © Photo Éric Simon
Karolina Orzełek est née en 1992diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2016Née en Bielsko-Biała dans le sud de la Pologne, Karolina Orzełek intègre les Beaux-Arts de Paris dans l’atelier Philippe Cognée, puis Tim Eitel dont elle est diplômée en 2016. Elle vit et travaille à Paris.
Bien des années plus tard, un tableau de Karolina Orzełek ferait renaître ce sen-timent d’étrange étrangeté qui nous avait abandonné en refermant le livre.Les ciels jaunes, l’herbe rouge, le feraient resurgir comme un souvenir enfoui, le parant d’une sensation nouvelle de familiarité. Vite, nous reconnaîtrions cet espace qui s’ouvre à nous sur un : « il était une fois », ce hors-temps qui nous fait traverser en quelques heures Cent ans de solitude.
"Down by the water VII", 2019 de Karolina ORZELEK - Courtesy de l'Artiste et de la Galerie Le Feuvre & Roze © Photo Éric Simon
Nous nous verrions, spectateur, projeté dans un temps suspendu, sur un point de bascule entre rêve et réalité, au seuil de cet espace du tout possible où, le temps d’un instant, l’insaisissable nous paraît tangible. Nous cherche-rions, à nous en saisir à travers quelque chose d’objectif, une porte de bois à laquelle frapper avant de pénétrer ce Wonderland. Et nous réaliserions que nous y frappons déjà : l’artiste en a fait le support du tableau.
De la nature qui semble dominer les rares traces du monde moderne, une vibration inconnue s’élève, renversant la hiérarchie que nous pensions instituée. Elle abolit la barrière du langage, qui nous séparait jusque-là du reste du vivant. Nous voici à nouveau tout petit dans le décor. Et peut-être que la forêt a des yeux, qu’elle nous regarde, calme et mystérieuse, maternelle et inquiétante, nous invitant à retisser un lien perdu, ce lien des temps anciens qui est aussi le privilège éphémère de l’enfance, et que bien des années plus tard, le temps d’un instant, nous pourrions saisir à nouveau.
Frédérique-Anne Oudin
"Les Compositions (bleu 1)", 2019 de Maxime PENAUD - Courtesy de l'Artiste et de la Galerie Le Feuvre & Roze © Photo Éric Simon
Maxime Penaud est né en 1990, diplômé des Beaux-Arts de Paris en 2016. Qu’elle soit droite ou virevoltante, précise ou incertaine... la ligne est toute présente dans les œuvres de Maxime Penaud. À commencer par la ligne d’horizon, purement imaginaire, qui contient l’infini d’un simple geste et dont il nous offre les variations détachables dans un carnet.
Ses dessins, ses « tableaux », repositionnables à l’aide d‘aimants... et autant de compositions s’offrent comme un prolongement possible à la phrase que Paul Klee prononça en 1921 lors de son premier cours au Bauhaus : « je commence là où en fait commence la forme picturale, c’est-à-dire au point qui se met en mouvement. »
"Les Compositions (couleurs 3)", 2019 de Maxime PENAUD - Courtesy de l'Artiste et de la Galerie Le Feuvre & Roze © Photo Éric Simon
C’est donc un questionnement autour du geste-même de dessiner, du déplacement, du mouvement, que met en place Maxime Penaud à travers son travail, mais aussi du signe graphique et de son contexte. L’activité manuelle s’y mesure à celle de la machine et des nouvelles technologies avec humour, simplicité et goût du jeu. Ainsi le dessin, réel et subjectif, produit par l’homme est-il face à une réalité objective.
Pour Itinéraires, des plans du métro ou de ville sont traversés par des lignes aléatoires, tracées à la main. Même principe pour Court-Circuits où des circuits imprimés servent de fond à des lignes libres qui ondulent. Ces « gribouillis », comme Maxime Penaud les appelle lui-même qui ont l’air de danser sur les cartographies à la précision scientifique ne sont pas sans nous rappeler une abstraction lyrique qui puise ses racines chez Paul Klee ou Vassily Kandisky.
Mais la BD est elle aussi une source d’inspiration, puisque Maxime Penaud puise dans toutes les représentations graphiques qui accompagnent les mouvements des personnages du Tintin au Tibet de hergé et les superpose. Quant à ses tableaux aimantés, ils reprennent l’idée de l’écran d’ordinateur où l’on peut rejouer à l’infini un ensemble d’éléments. Un lexique de signes graphiques (flèches, croix...), mais aussi de photographies et des dessins peuvent se recomposer indéfiniment à la surface de ces écrans métalliques. Au spectateur de jouer.
Anaïd Demir
Galerie Le Feuvre & Roze
164 rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.