Vue de l'exposition de Pierre Ardouvin. Galerie Praz Delavallade © Photo Éric Simon
Du 12 Septembre au 10 Octobre 2015
Les Ecrans de veille
« Il faut ruiner un palais pour en faire un objet d'intérêt. » - La poétique des ruines, Denis Diderot, 1767
L'imagerie carte postale représentative de la société des loisirs de masses, celle des stations balnéaires, du tourisme culturel et muséal, ou encore des îles paradisiaques est un motif récurrent dans l'oeuvre de Pierre Ardouvin. Ses « tableaux » de la série des Ecrans de veille peuvent être envisagés comme des interfaces perturbées d'un imaginaire collectif, synthèse dysfonctionnelle entre deux logiques : celle du rêve médiatisé à travers les «écrans » de la culture de masse et la logique irruptive et parasitaire de l'intime.
"Ecran de veille", 2015 de Pierre Ardouvin. Galerie Praz Delavallade © Photo Éric Simon
"Ecran de veille", 2015 de Pierre Ardouvin. Galerie Praz Delavallade © Photo Éric Simon
Un Monde pourri
« Can't you see that all my castles are burning? » - Fire in The Sky, Ozzy Osbourne, 1988
Un Monde pourri met en scène des assemblages d'objets en plastique, pour l'essentiel des jouets. Ces hybridations qui viennent réactiver un langage enfantin dans une dimension de perte sublimée sont réalisées en chauffant les objets, ainsi soudés, et partiellement fondus et déformés. Cet ensemble nous renvoie à un monde à l'abandon, une sorte de poétique des ruines version série B. On retrouve aussi la dimension romantique liée à l'adolescence et propre à l'univers de l'artiste dans les phrases titres qui reprennent des extraits ou des titres de chansons où se côtoient Black Sabbath, Nirvana, Les Rolling Stones etc.
"Wicked World", 2015 de Pierre Ardouvin. Galerie Praz Delavallade © Photo Éric Simon
"I'm on a plane I can't complain", 2015 de Pierre Ardouvin. Galerie Praz Delavallade © Photo Éric Simon
"Desert Storm", 2014 de Pierre Ardouvin. Galerie Praz Delavallade © Photo Éric Simon
Théâtre des opérations
« À chaque théâtre correspond en général une campagne. »
Surgissent également d'autres objets dans l'exposition : une vielle chaise d'écolier, un tronc d'arbre mort, quelques boules de Noël, un pneu usagé, des pierres, un petit toboggan en plastique, une boule a facette... Autant d'éléments se référant à des univers divers et dont les assemblages construisent des figures qui réactivent de manière frontale et crue le territoire perdu de l'enfance.
Chaque pièce de cette série nommée Théatre des opérations reprend en effet les noms d'interventions militaires aux connotations aussi poétiques que grinçantes, Aube de l'Odyssée, Deadlight ou Desert Storm, qui mettent en évidence cette position inconfortable, paradoxale qui fait toute la puissance efficiente du
travail de Pierre Ardouvin, ce subtil mouvement de balancier entre le rêve et la chute, l'évasion et l'enfermement, la poésie du monde et son aride cruauté.
"L'aube de l'Odyssée", 2015 de Pierre Ardouvin. Galerie Praz Delavallade © Photo Éric Simon
"Eternal Idol", 2015 de Pierre Ardouvin. Galerie Praz Delavallade © Photo Éric Simon
Pierre Ardouvin est né en 1955, il vit et travaille à Paris. Un catalogue monographique de référence Eschatologic Park a été publié aux éditions Les presses du Réel en 2010. Un livre aux éditions Villa Saint Clair est à paraître. Une exposition monographique au MAC/VAL (Vitry) est en préparation pour le printemps 2016. Ses ?uvres ont aussi été exposées au Palais de Tokyo (Paris), au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, à la Fondation Jumex (Mexico), au Mori Art Museum (Tokyo), au NMCA (Seoul) et sont présentes dans de nombreuses collections publiques et privées en France et à l'étranger.