Expo Solo Show: Jean-Luc Moulène « Ce fut une belle journée. »
Du 26 novembre 2016 au 11 février 2017
Pour sa cinquième exposition à la galerie Chantal Crousel, Jean-Luc Moulène présente un ensemble d’œuvres inédites.
Toutes réalisées entre 2012 et 2016, depuis la fin de sa dernière exposition à la galerie jusqu’à aujourd’hui. Elles sont spécialement adressées pour l’évènement.
Les objets, curieux et inédits, sont au nombre de 16, disposés avec précision dans l’espace de la galerie. Parmi eux, ConquOs qui, comme son titre l’indique, est l’assemblage d’un os et d’un coquillage. L’œuvre joue sur les espaces intérieurs et extérieurs, qui s’entremêlent et s’inversent.
Conflit d’espace et de représentation que nous retrouvons dans Seule au sommet, une bubu, figure récurante dans l’œuvre de Jean-Luc Moulène et mascotte du Grand Jeu, est un dieu multiple, modulable et plastique. Seule au sommet est une abstraction, le bleu du ciel et le bleu marin supportent ce personnage fait de coquillages, entre ciel et mer, abîme et sommet.
« Tout s’inverse, le haut vaut le bas et le corps est la plastique de la représentation. Il faut revenir au Théâtre de la Cruauté, à cette opposition entre l’idéal et la condition. Mon travail est concrètement le lieu de ce conflit. »
Inverse — reverse n’a de référence à la musique que par son titre emprunté aux paroles d’une chanson du Velvet Underground (The Murder Mystery). L’œuvre est composée d’une branche d’arbre, qui, à chaque bifurcation a été coupée, retournée à 180° puis refixée. Les couleurs rouge et bleu, appliquées par alternance, donnent à la sculpture une certaine harmonie anatomique, non sans rappeler les illustrations classiques de la circulation sanguine.
Tête couronnée est un nœud de bois trouvé par Jean-Luc Moulène dans lequel ce dernier a enfoncé cinq de ses propres dents. Comme très souvent dans son œuvre, la notion de corps est encore présente dans ses nouvelles pièces.
« En 1970 Michel Journiac dit “le corps est viande”. En 1980 il complète : “le corps est viande sociale”. Et en 1990 il aboutit à cette formule : “le corps, viande sociale consciente”. J’ai accompagné ce mouvement qui faisait du corps l’enjeu de la représentation. »
"Pendu au gibet de l'Abstraction", 2014 de Jean Luc MOULÈNE - Courtesy Galerie Chantal Crousel © Photo Éric Simon
Quelque Soit Tensintegral et Nombre et Nœud sont à rapprocher de l’intérêt de l’artiste pour les mathématiques : « La raison trouve dans la géométrie son meilleur argument. Alors que je pense que la géométrie peut servir autre chose que la raison4. » Le processus de création de Quelque Soit Tensintegral tient de l’intégrité tensionnelle5, le plus souvent appliquée aux constructions rectilignes pour renforcer la résistance des bâtiments. Il est ici appliqué à de la tuyauterie en cuivre, aux formes quelconques et trouvées.
Toutes de petites tailles, les œuvres présentées sont des productions d’atelier pour lesquelles l’artiste est allé au plus simple du côté de l’outil. Ce sont des objets de pensée, des concepts, des gestes. Les éléments divers, trouvés ou créés, y sont assemblés et ajustés avec exactitude.
« Le premier geste est souvent le meilleur, mais il ne faut surtout pas en faire une mythologie. […] En essayant d’améliorer un geste, on lui enlève son moment de surgissement. Le travail de la matière fait aussi surgir le langage non articulé qui va orienter les décisions. Ça peut être une digression, une onomatopée, un éclat de rire. […] Il y a un moment où l’objet décide qu’il est complet — c’est un impératif de l’œuvre. Il faut l’écouter parler, l’objet, à ce moment-là 6. »
Un groupe d’images statiques et en mouvement, dessins à l’aquarelle et deux courtes vidéos s’ajoutent à la structure globale de l’exposition à la galerie.
Jean-Luc Moulène présente également une exposition personnelle au Centre Pompidou jusqu’au 20 février 2017.
10, rue Charlot
75003 Paris
Horaires d'ouverture: Du mardi au samedi de 11h à 13h et de 14h à 19h