Expo Solo Show: Valentin CARRON « Céleste Témesta »
Du 8 septembre au 7 octobre 2017
Kamel Mennour est heureux de présenter l’exposition "Céleste Témesta" de Valentin Carron. L’exposition se joue, avec humour et brutalité, de l’état de léthargie médicamentée, suggérée par le titre, qui attenue les contrastes et nuance les effets de réalité. Dans la première salle, aux murs peints, l’artiste présente une série de nouveaux collages, de tableaux dans leur plus simple définition (un sujet se posant sur un fond), dans des boîtes en bois. « Ces fonds et ces sujets, je vais les chercher.
Je me fabrique un rapport de proximité avec eux. J’aime être témoin de la présence de chacun de ces objets dans le réel. Je circule en voiture, je croise des scènes, des schémas. Je vois les sujets et je les vois déjà inclus sur le support. Cela tourne un peu à l’obsession. Il y a des sujets que je me dois d’avoir. Des sujets que je me dois de prendre.
Des sujets que je me dois de travailler. J’ai un attrait pour la marge, la marginalité. Je trouve, parfois des situations tellement pathétiques et dépressives que j’essaie de conserver les preuves de cette pauvreté visuelle pour tenter plus tard de la transcender. Je me sers de ce qui échoue, de ce qui se donne à voir comme une information qui devrait être capable d’amé- liorer mon existence. Je me saisis de ces promesses non tenues : une affiche de spectacle d’humour, un mur en crépi, un logo d’un salon de coiffure, un cœur, un faux marbre…
Ces sujets ne m’ont rien demandé. Je les capture. Je les mets sur papier adhésif, je fabrique leurs silhouettes ou je me sers de leurs textures, physiques ou mentales. Tout ça traîne dans l’atelier et je cherche ensuite à les assembler, à produire des collisions et des grincements. » Par collage de découpes de bois, sont donc assemblés des fragments et des archétypes d’iconographies diverses.
Mais les sources si elles proviennent du réel, comme autant de rebuts possibles de l’industrie publicitaire, renvoient aussi très nettement à des œuvres de référence de l’Histoire de l’Art. Valentin Carron dans ses compositions acides et tranchantes semble déployer une allégorie de l’ennui las, d’un artiste qui se devrait de constater la platitude morne laissée par la modernité dans notre quotidien. Il nous entraîne en balade dans une nuit sale et triste.
L’atmosphère du second espace en contrebas est toute différente. Une lumière zénithale et des murs blancs nous rassurent. Les œuvres disposées dans le white cube, nous paraissent même familières. Tout semble renvoyer très directement à l’histoire de la sculpture contem- poraine. Nous pouvons nous croire en présence d’une ultime réinterprétation de Joseph Beuys ou d’une installation post-post-minimale. Mais, par un effet de perversion, les éléments composant cette installation, sont, en fait, une série de répliques de bassins de villages.
"Bassin (Fissure)" et "Bassin (Rouille)", 2017 de Valentin CARRON - Courtesy Kamel MENNOUR © Photo Éric Simon
"Bassin (vide creux)" et "Bassin (trou)", 2017 de Valentin CARRON - Courtesy Kamel MENNOUR © Photo Éric Simon
« Dans les villages ces bassins n’ont plus aucune fonction. Ils sont devenus purement décoratifs. Ce ne sont même plus des points de rencontre, maintenant qu’il y a des stations-service.
Mais, à travers eux, les petites agglomérations tentent, encore d’agréer leur identité. À l’épo-que, ces bassins étaient déjà produits sous une forme proto-industrielle. Leur forme est extrêmement régulière, suivant le mode de travail du granite. Ils n’ont pas de décoration. Ils n’ont pas de structure particulière, pas de fantaisies. Ils sont les plus pragmatiques possibles. Ce sont des bassins en pierre dans leur plus simple énoncé. J’estime, toutefois, en faire des représentations naturalistes.
Mes objets sont légers. Mes objets sont faux. Ils sont des doubles avec le plus d’exactitude et le plus d’application possible.» Avec l’attention extrême qu’autorise le dédoublement de ces objets surannés, déchus, saisis sur le vif, Valentin Carron se moque des tentatives vaines de distinction identitaire déployées par les autorités pour tenter de nous distinguer les uns des autres. Hors de leur contexte habituel, ces bassins révèlent, certes, les marques que le temps a laissées sur eux, si nécessaires à rassurer nos mairies, mais aussi leur plastique usée et la sincère faiblesse de leurs formes.
Avec "Céleste Témesta", Valentin Carron démontre, une fois de plus, sa capacité à percevoir, dans le réel et le proximal, les failles derrière lesquelles nous aimerions collectivement colmater nos sentiments les plus simples.
Samuel Gross
Né en 1977 à Martigny (Suisse), Valentin Carron y vit et travaille.
Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles: à la Kunsthalle de Bern, au Palais de Tokyo à Paris, à la Conservera Centro de Arte Contemporáneo de Ceuti/ Mursia, à la Kunsthalle Zürich, au Swiss Institute de New York, à la Chisenhale Gallery à Londres (avec Mai-Thu Perret), au Centre d’Art Contemporain de Genève (avec Mai-Thu Perret) au Fri Art à Fribourg; et d’expositions collectives: au SculptureCenter à New York, au MuDAC à Lausanne, au Migros museum für gegenwartskunst à Zurich, au Kunsthaus à Aarau, au Consortium de Dijon, à la Rubell Family Collection à Miami, au Musée Cantonale d’Art de Lausanne, au CAPC - musée d'art contemporain de Bordeaux.
Valentin Carron a représenté la Suisse lors de la 55ème Biennale d’art contemporain de Venise en 2013.
Kamel MENNOUR
6 rue du Pont de Lodi
Fr - 75006 Paris
Horaires d’ouverture: du Mardi au Samedi de 11h à 19h.