Exposition Solo Show: ORLAN avant ORLAN
Du 18 Octobre au 8 Décembre 2018
La galerie Ceysson & Bénétière est heureuse d’annoncer l’exposition ORLAN avant ORLAN .
Née en 1947 à Saint-Étienne, ORLAN présentera pour la première fois des œuvres peintes entre 1971 et 1974 intitulées Problématiques géométriques. Cette exposition sera le premier volet d’une relecture de la carrière de l’artiste et permet d’annoncer la représentation d’ ORLAN dans nos galeries et les sur les foires internationales.
Les Peintures géométriques, si on les reporte dans le contexte artistique de la période, témoignent d’un rejet a fermé du nouveau réalisme, de l’art cinétique, des figurations épuisées et de Supports/Surfaces déjà empêtré dans ses glossolalies théoriques.
"Problématique géométrique #10", 1974 de ORLAN - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon
"Problématique géométrique #3", 1974 de ORLAN - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon
Certaines des œuvres d’ ORLAN reproduites ici me surprennent par la symétrie de la répartition des « motifs » par rapport à l’a formation de la verticalité d’un axe central qui partit l’œuvre en deux tout en accomplissant son unicité. Une ou deux de ces peintures me suggèrent la possible insertion d’une figure humaine dans leur con figuration géométrique. On peut évoquer alors, je l’ai fait plus haut, L’Homme de Vitruve de Léonard, Fernand Léger et le Modulor musclé, mais un peu androgyne, de Le Corbusier.
Mais on peut être tenté de voir dans les assemblages de formes géométriques de ces peintures des représentations sché- matisées de l’intérieur du « corps machine » de La Mettrie révisé à partir des mécaniques de Picabia et des machineries célibataires de Duchamp. Supports/Surfaces a, peut-être, joué son rôle, fournissant à ORLAN un argument pour en récuser le primat qu’accorde alors à cette avant-garde le milieu de l’art. À la toile libre, plissée et flottante, elle oppose un support dur, industriel, non « artistique », sans dénotations, connotations et significations intrinsèques comme la toile, favorisant l’éclat de la couleur émaillée et la réification accusée de peintures-objets que l’on peut presque catégoriser comme sculptures.
Bernard Ceysson, avant-propos, in cat. ORLAN avant ORLAN , Ceysson éditions d’Art, 2018.
"Assomption Sainte ORLAN avec plumes, vases et fleurs", 1976 de ORLAN - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon
"Self-Hybridation Précolombienne N°1", 1998 de ORLAN - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon
En 1971, trois ans après la révolution culturelle de Mai 68, ORLAN a 24 ans et en a assez des rôles assignés aux sexes. Elle se découvre un mépris profond pour les hiérarchies patriarcales, notamment celles qui minent la vie familiale, et se prend à rêver d’un monde libre de ses entraves.
Pour ORLAN , les cuisines en granit, sols en parquet, torchons à carreaux et ustensiles en inox n’incarnent pas la vie domestique, mais plutôt une illusion d’ordre ; derrière ce fantasme de ménage propret, elle est consciente de l’existence des structures oppressives et systématiques qui entretiennent cette inertie. Les codes sexistes de la vie pavillonnaire conditionnent le travail des femmes, leur apparence, leurs comportements et leur sexualité.
ORLAN sait que ce type d’environnement ne lui permettra jamais d’explorer pleinement son potentiel ; alors, au lieu de fonder un foyer, elle en extrait les composantes pour les intégrer à son art.
Eli Hill, ORLAN avant ORLAN , in cat. ORLAN avant ORLAN , Ceysson éditions d’Art, 2018.
"Self-Hybridation Précolombienne N°35", 1998 de ORLAN - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon
"Self-Hybridation Indienne-américaine", 2005 de ORLAN - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon
Avec ces peintures, elle revient en e et aux origines de l’émotion pure face à une œuvre d’art. Ces toiles sont les seules œuvres de sa carrière qui ne soient pas une pensée verbale. Il s’agit d’une peinture avant le mot, avant le dire.
Et par extension, avant la naissance. ORLAN avant ORLAN . Au lieu de mesurer le monde par son corps, elle prend du recul et laisse place à une géométrie non figurative qui organise l’espace, comme fondement d’une expérience intellectuelle. Une géométrie que préfiguraient très clairement ses collages, rigoureusement composés. Cette branche des mathématiques, la géométrie, devient alors le support de son imaginaire et précède tout ce qui suivra.
Elle passe ainsi par une période que l’on pourrait rapprocher formellement du constructivisme, période qui porte en elle un sujet en devenir. Ici, le baroque se rapproche d’un art de la Renaissance où l’humain se positionne par rapport à la nature en essayant d’inscrire le cercle dans le carré. C’est un exercice de style puissant qui renoue avec l’esprit de Descartes et son Discours de la méthode. Il y évoque « des problèmes qu’on peut construire sans y employer que des cercles et des lignes droites ». À cela, ORLAN se livre à merveille.
Léa Chauvel-Lévy, ORLAN Fondamentale, in cat. ORLAN avant ORLAN , Ceysson éditions d’Art, 2018.
"Le baiser de l'artiste", 1977, 1991 de ORLAN - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon
Galerie Ceysson & Bénétière
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