Expo Installation Contemporaine: Daniel BUREN «Pyramidal, hauts-reliefs, travaux in situ et situés, 2017»
"Pyramidal Haut Relief A 4", 2017 de Daniel BUREN - Courtesy Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon
Du 12 octobre au 25 novembre 2017
Kamel Mennour est heureux de présenter l’exposition « Pyramidal, hauts-reliefs, travaux in situ et situés, 2017 » de Daniel Buren.
« Il ne peut y avoir de vision sans pensée. » Cette affirmation de Daniel Buren est au fonde- ment d’une œuvre considérable qui, sur les cinq continents et en plus de cinquante années, a ouvert le regard contemporain à des horizons aussi inventifs que déboussolants.
Pour sa cinquième exposition à la galerie kamel mennour, l'artiste explore de nouvelles perspectives : « Pyramidal, hauts-reliefs, travaux in situ et situés, 2017 » réinitialise et remet en jeu la forme mythique de la pyramide.
"Pyramidal Haut Relief A 3", 2017 de Daniel BUREN - Courtesy Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon
"Pyramidal Haut Relief A 1", 2017 de Daniel BUREN - Courtesy Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon
L’exposition donne aussi à voir à contre-temps, À perte de vue, un film-fleuve de 7 heures 30 où Daniel Buren présente une suite de photos, de films, d’entretiens, d’explications, de souvenirs, de critiques, de textes théoriques en s’appuyant, au travers de grands thèmes se succédant par ordre alphabétique, sur une partie de ses travaux s’étendant de 1960 à aujourd'hui.
En haut-relief sur les murs de la galerie, quelques pyramides développent leurs trois dimensions en des prismes de miroir, de couleurs complémentaires ou non, ponctuées de bandes noires et blanches de 8,7 cm de large chacune.
Le fameux « outil visuel », terminologie inventée en 1968, participe une nouvelle fois à l’ins- tauration d’œuvres où le regard s’enrichit de la quête de repères inconnus.
Le mot, colossal, « pyramide », serti par une histoire millénaire et achéologique, est déstabilisé par l’adjectif « pyramidal » qui indique un modus operandi.
"Pyramidal Haut Relief N°3", 2017 de Daniel BUREN - Courtesy Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon
"Pyramidal Haut Relief A 2", 2017 de Daniel BUREN - Courtesy Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon
La forme primordiale de la pyramide est mise en mouvement par l’adjonction et l’accumulation d’une unité première, la brique en prisme, et par les interactions des couleurs et les reflets de la lumière. Chaque pyramide est à la fois in situ et située.
Autrement dit, selon le vocabulaire plastique initié par Daniel Buren, chaque création est en dépendance absolue avec le lieu qui l’accueille et avec la présence, ici et maintenant, du visiteur.
Mais aussi, pour ces « Pyramidal », chaque œuvre est « située » donc susceptible, selon certaines règles, de se transformer en une oeuvre nouvelle du fait de sa dépendance à un environnement différent.
"Pyramidal Haut Relief A 5", 2017 de Daniel BUREN - Courtesy Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon
Image Tirée du film "A contre-temps, à perte de vue", 2017 de Daniel BUREN - Courtesy Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon
En aucun cas, les œuvres de Daniel Buren ne peuvent être désolidarisées de l’endroit où elles sont montrées. Cette interdépendance entre le lieu variable et les composants fonde la pensée de l'artiste : l’œuvre d’art n’est pas un objet ; elle est un lieu à partir duquel percevoir le monde.
L’histoire de l’art est une succession d’aventures formelles donc, faut-il espérer, de pensées. Toutefois, il n’y est pas question de progrès mais de changements de point de vue. Le réel est infini et la réalité du moment n’en est qu’une version possible, parmi une multitude d’autres à élaborer.
L’œuvre de Daniel Buren participe à la redéfinition du monde.« Les Deux Plateaux » (1986), dans la cour d’honneur du Palais-Royal, surnommés « colonnes de Buren » en est l’exemple le plus célèbre. En 1985, cette œuvre a soulevé des hordes d’acrimonies, a été jugée par les tribunaux et a failli être démolie. Ces colonnes de marbres noir et blanc sont aujourd’hui un haut lieu d’art et ouvrent le monde à d’autres possibles.
À commencer par l’inauguration, trois années après « Les Deux Plateaux », de la Pyramide du Louvre, de Ieoh Ming Pei mariant verre et métal contemporains aux pierres historiques du palais.
Image Tirée du film "A contre-temps, à perte de vue", 2017 de Daniel BUREN - Courtesy Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon
Image Tirée du film "A contre-temps, à perte de vue", 2017 de Daniel BUREN - Courtesy Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon
Image Tirée du film "A contre-temps, à perte de vue", 2017 de Daniel BUREN - Courtesy Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon
Le déploiement artistique de Daniel Buren est si large que citer son Lion d’Or à la Biennale de Venise (1986), son expositionin situ au musée Guggenheim de New York (2005), ou sa réinvention du Centre Pompidou pour « Le Musée qui n’existait pas » (2002) ne serait que le début d’une très longue liste. Il serait difficile de fait, même impossible, voire contradictoire, d’organiser une rétrospective complète de ses créations.
Et pour cause : les œuvres in situ sont détruites lorsqu’elles quittent le lieu d’exposition duquel elles sont dépendantes ou bien définitivement liées aux lieux auxquels elles appartiennent si elles sont permanentes.
Dans les deux cas non associables au même moment dans un même lieu. Cette fidélité de l'artiste à sa prise de position première pose la question de la trace. Comme l’empreinte du pas indique le sentier du randonneur, l’absence de l’œuvre signale ici sa présence.
Et inscrit son sillon dans le réel. La création ne s’impose pas par sa matérialité mais produit des effets de liberté. C’est ainsi qu’un grand artiste marque le monde : en permettant à l’existence de se déployer de manière plus vaste. « Pyramidal » s’adjoint à À contre-temps,
À perte de vue pour explorer les formes et les traces. Comme un hommage au risque de vivre et au risque de créer :« Voyageur, il n’y a pas de chemin, Le chemin se fait en marchant »
.* Ici et maintenant.Annabelle Gugnon * Antonio Machado, « Poésie », éd. Gallimard, coll. Du monde entier, 1973.
Galerie Kamel MENNOUR
47 rue Saint-André des arts
75006 Paris, France
Horaires et jours d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.