Du 2 mars au 4 juillet 2016
Carambolage (Le Littré) : (ka-ran-bo-la-j’) s. m. : terme du jeu de billard. Coup dans lequel la bille du joueur va toucher deux autres billes. fig. : coup double, ricochet.
Jean-Hubert Martin propose une exposition inédite au concept novateur : décloisonner notre approche traditionnelle de l’art, dépasser les frontières des genres, des époques ou des cultures et parler à l’imaginaire de chacun.
L’exposition offre une traversée de l’art universel à partir d’un point de vue délibérément actuel. Plus de cent-quatre-vingts œuvres, toutes époques et toutes cultures confondues, sont regrou- pées selon leurs affinitésformelles ou mentales. Les œuvres présentées, souvent atypiques, choisies pour leur fort impact visuel,correspondent à des interrogations ou à des choix contem- porains, sans tenir compte du contexte d’origine.
"Anatomie Trans-Schizophrène", 1999 de Gilles Barbier et "Demi crâne gravé d'Indonésie © Photo Éric Simon
"Double Helix crossed crucifix", 2008 de Wim Delvoye et "Crucifix avec charge magique Kongo", 19ème siècle © Photo Éric Simon
"La vision de Zacharie", 1722 d'Amboise Crozat © Photo Éric Simon
"Allégorie des 5 sens" fin du 16ème siècle de Bartolomeo Passerotti © Photo Éric Simon
Elles sont ordonnées selon une séquence continue, comme dans un film narratif, où chaque œuvre dépend de la précédente et annonce la suivante. Dans un parcours laissant place à la pensée visuelle, la pédagogie du sensible et les surprises de l’art, le visiteur déambule parmi les œuvres de Boucher, Giacometti, Rembrandt, Dürer, Man Ray ou encore Annette Messager.
Les artistes se constituent un bagage de références visuelles puisées dans l’histoire de l’art. Leur choix est libre et ne suit pas les logiques et les catégories de la connaissance. Leurs références peuvent être aussi bien formelles que sémantiques. Pour Ingres, Picasso et bien d’autres, ce n’est pas tant l’authenticité de l’œuvre qui compte que son souvenir, sa présence obsessive et son impact.
Beaucoup d’artistes constituent des collections, à l’instar d’André Breton et du rassemblement d’objets hétéroclites qui prennent sens sur le Mur de l’Atelier. L’œuvre tire alors une part de sa signification de ce qui l’entoure. D’autres ont donné corps à des musées imaginaires.
Daniel Spoerri a organisé une série d’expositions intitulées, « Musées sentimentaux», dont la pre- mière version fut présentée au Centre Pompidou à Paris en 1977. Les objets sont réunis pour leur capacité d’évocation et de suggestion. L’affect l’emporte sur l’esthétique. L’objet devient souve- nir vivant pour l’imaginaire collectif.
"Crâne Asmat Irian Java, Indonésie", 19 ème et 20 ème siècle © Photo Éric Simon
"Gants-tête", 1999 d'Annette Messager © Photo Éric Simon
"L'alchimiste", 1650 de Joseph Heinz Le Jeune © Photo Éric Simon
"Sans titre", 1963 Hergé et "Walt Disney Productions N°15", 1997-2015 de Bertrand Lavier © Photo Éric Simon
La question d’un nouvel ordre à trouver, qui ne soit pas celui de l’histoire de l’art et de son inévitable chronologie, préoccupe de plus en plus de conservateurs. Le courant de l’histoire de l’art incarné par Warburg, Gombrich et Baltrusaïtis trouve aujourd’hui un regain d’intérêt et stimule des études et des expositions.
La conception transculturelle qu’ils ont de l’art leur approche large ne s’arrêtant pas à l’art savant et leur usage du comparatisme- sert, autant que l’exemple des artistes, de fondement à la réflexion pour ce projet.
Cette conception décloisonnée de l’assemblage des œuvres, obéissant à des critères non exclu- sivement historiques, se retrouve très fréquemment dans les collections privées d’hier et d’aujourd’hui.
Le musée y a opposé son ordre spatio-temporel, sauf dans quelques cas où des donateurs ont exigé que leur présentation soit intégralement préservée, par exemple le Soane Museum à Londres, le Pitt Rivers Museum à Oxford, le musée Condé à Chantilly ou encore le Gardner Museum à Boston.
Ces musées connaissent un regain d’intérêt aussi bien auprès du public que des experts. Tous sont sous le charme des surprises que réserve leur présentation à base d’affinités formelles ou mentales.
"Variation on a meal", 1964 de Daniel Spoerri © Photo Éric Simon
"Emblème Eiagham de la société des esprits du Léopard NKPA, état du Cross River, Nigéria 19ème siècle. © Photo Éric Simon
"Statuette magique, Loango, Congo", 1892 et "Statue reliquaire de sainte Walburge, Bavière", vers 1800 © Photo Éric Simon
"Absurdistan", 2010 de Gloria Friedmann © Photo Éric Simon
"Portrait d'hitler" 20ème siècle de Théo © Photo Éric Simon
"L'ange anatomique", vers 1745 de Jacques Fabien Gautier d'Agoty © Photo Éric Simon
"Anonyme Flamand diptyque satirique", 1520-1530 © Photo Éric Simon
"3 têtes de corbeaux et d'hommes en relation avec le corbeau", 1806 de Charles Le brun © Photo Éric Simon
"Black et decker", 1998 de Bertrand Lavier et "Épée-Iles Kiribati, Océanie" © Photo Éric Simon
"Buste de Descartes avec moulage de son crâne", 1913 de Paul Richer © Photo Éric Simon
"Statuette seditieuse de Louis XVIII" entre 1814 et 1825 © Photo Éric Simon
Cette exposition, affranchie du principe thématique, aborde toutes sortes de sujets qui s’enchaînent selon une logique associative. Il s’agit de la mise en forme et de l’expression d’une pensée visuelle qui constitue le fondement de la création artistique.
Les œuvres présentées proviennent de prestigieux établissements tels que la Bibliothèque nationale de France, le Centre Pompidou, le musée du Louvre, le musée national des Arts asiatiques – Guimet, le musée du quai Branly ou encore le musée Barbier-Mueller de Genève.
Leur rassemblement n’a pas pour but de plonger le spectateur dans l’histoire mais plutôt de lui donner un aperçu des désirs, peurs ou espoirs de l’humanité qui font écho aux siens. Si quelques trouvailles devraient ravir les initiés, l’exposition ambitionne de s’adresser au public le plus large, en particulier à ceux qui n’ont aucune connaissance en histoire de l’art, en suscitant choc, rire et émotion.
Ex-voto antique, pièces contemporaines, peintures occidentales et orientales se conjuguent dans un ballet sensible selon un jeu de correspondances visuelles, analogiques ou sémantiques. Un travelling ludique pour tous les publics.
commissaire : Jean-Hubert Martin, historien de l’art
scénographe : Hugues Fontenas Architecte
Grand Palais
Galeries nationales
Entrée Clemenceau
3, av du Général Eisenhower
Fr-75008 Paris
Site officiel
Les horaires d’ouverture du Grand Palais dépendent des expositions ou des événements qui s’y déroulent