Exposution Sculpture Contemporaine: Gaëlle CHOTARD « La part de l’ombre »
Du 13 octobre au 1er décembre 2018
Dans son atelier, Gaëlle Chotard raconte que lors de sa formation à l’École des Beaux-arts de Paris, elle a souhaité travailler dans l’atelier de métal. Elle n’y trouve cependant pas sa place tant sur le plan technique que sur le plan humain. Un excès de domination et de démonstration l’amène à appréhender différemment le métal. Elle expérimente le fil métallique alors par le tricot, puis par le crochet ou encore par l'aiguille. Le matériau (fin et souple) et la technique lui accordent une grande liberté quant aux modes de construction des formes.
Une liberté aussi quant au processus de travail en lui-même puisque l’artiste, débarrassée de la lourdeur d’un atelier, peut travailler où elle le souhaite. La bobine de fil métallique et l’aiguille autorisent une mobilité dans la fabrication des œuvres. Le choix de la maille n’est pas anodin, il est apparu comme une “évidence”1.
La technique s’inscrit dans un héritage matriarcal, elle se transmet d’une génération à une autre à des fins principalement utiles et décoratives. Pourtant, dès la fin des années 1960, les femmes artistes érigent à des fins critiques un ensemble de techni- ques jusque-là assignées aux usages domestiques. Dans le sillage de Pierrette Bloch, de Raymonde Arcier ou encore d’Hessie, Gaëlle Chotard déplace le dessin et la sculpture. Par le fil, elle donne véritablement corps aux lignes, aux vides et aux trames de ses compositions.
Le geste est important. L’artiste est à l’écoute des matériaux (fils métalliques, cordes à piano, encre, papier, cire et bronze):
leurs propriétés, leurs mouvements, leurs tensions.
Elle respecte la souplesse, la rigidité, la fragilité des matériaux qu’elle choisit d’explorer avec ou sans manipulation. Ainsi, les cordes à piano s’insèrent directement dans le mur, elles s’inclinent vers le sol sans aucun artifice. Les parties plus complexes réclament au contraire une manipulation exigeante et répétitive. La maille implique un temps de travail étiré, une concentration spécifique. Elle engendre aussi un état proche de celui que nous pouvons atteindre par la méditation ou l’hypnose.
La répétition des gestes favorise une recherche introspective. Gaëlle Chotard explique d’ailleurs qu’elle s’immerge dans le matériau, dans la forme en devenir, mais aussi dans son propre corps. Elle regarde à l’intérieur pour extraire des dessins-volumes s’apparentant aussi bien au monde animal, qu’humain ou végétal.
“Un temps qui permet d’être dans la perception du présent, des émotions.”
1. Les citations de l’artiste sont extraites de conversations menées en septembre 2018.
Gaëlle Chotard génère ainsi un art physique et organique qui trouve ses racines dans l’art minimal. Un mouvement au sein duquel elle trouve une écriture personnelle en déployant une dimension corporelle où fourmillent des organes arachnéens, des
arborescences s’inspirant autant du microscopique que de racines souterraines. L’artiste ouvre des mouvements allant de l’infiniment petit vers ce qui nous dépasse et ce qui nous est inconnu; entre ce qui est perceptible, identifiable et ce qui l’est moins, entre l’intérieur et l’extérieur.
Gaëlle Chotard entretient un rapport déterminant avec l’espace. Les œuvres doivent “entrer dans l’espace” et générer un dialogue précis avec l’architecture. L’artiste installe les œuvres autant pour les rendre visibles (parfois au moyen d’une scénographie lumineuse qui va favoriser des jeux d’ombres) que pour souligner le vide et les ombres qui les constituent.
L’espace est alors envisagé comme une page blanche à la surface de laquelle l’artiste dessine ses étranges organes dont les formats sont le plus souvent adaptés à l’échelle de la main ou du corps de l’artiste. L’expérimentation de l’espace formule autant d’apparition que de disparition. Il nous faut souvent rechercher les œuvres, leur porter une attention appuyée. “L’approche est importante, comme une rencontre avec une personne qu’il nous faut apprivoiser.”
Les œuvres réclament du temps, de l’attention aux détails, à la subtilité et à la recherche d’une présence juste. Alors, l’alliance de gestes simples et de gestes plus complexes, de la destruction et de la reconstruction participent d’une relation singulière au
dessin.
Julie Crenn
Gaëlle Chotard est née en 1973 à Montpellier, vit et travaille à Nogent-sur-Marne.
Diplômée de l’École des beaux-arts de Paris en 1998, Gaëlle Chotard participe à de nombreuses expositions personnelles et collectives,et plus récemmentau Carré d’art de Nîmes, au Domaine Pommery à Reims, au Palais des Beaux-Arts de Lille, àlaVilla Bernasconi, GrandLancy/Genève.
Elle a produit des œuvres in situ pour le Château de Rambouillet et pour le Musée des Arts décoratifs à Paris dans le cadre de l'exposition "Dans la ligne de mire”.
Galerie Papillon
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