Expo: Anne Brunet & Guillaume Josué "Tout Doit Disparaître"
Du 7 octobre au 5 novembre 2011
La conso(u)mmation des signes
Sur la forme
Au premier abord, nous avons l'impression de voir une oeuvre superficielle et colorée et même une sensation de déjà vu. Mais après une observation plus approfondie tout est dans les détails "le foulard autour du coup de bambi imprimé de revolver". D'un côté la technique des aplats noirs qui nous rappel les étampes japonaises ou le romantisme gothique avec un coté enfantin sombre et de l'autre un graphisme publicitaire flashy sur un arrière plan réalisé a base de figures de géométrie sensibles.
Sur le fond
Or, face à une telle montée des eaux de la propagande (face à une telle paralysie des signifiants flottants), Anne Brunet & Guillaume Josué font figure de guérilléros. Déconstruisant avec un humour non dénué de poésie les mécanismes sur lesquels reposent d’ordinaire le marketing publicitaire (surcodant une image par un slogan, un symbole par une finalité commerciale), ils redonnent à leur spectateur la possibilité d’associer librement une image à un texte, un symbole à son sens et, plus profondément peut-être, un signifié (un concept) à un signifiant (une forme). Mais plutôt que de nous contenter de décrire abstraitement la mécanique sur laquelle repose leurs œuvres, tentons d’en prendre une au hasard, et d’en comprendre le fonctionnement.
Anne et Guillaume ont utilisé des concepts et références des années 1970 à aujourd'hui, des publicités, des slogans qui nous ont marqués, pour en faire des toiles sursaturées et très colorées censées « dénoncer la société de consommation. » Le tout sur fond de motifs Azulejos de couleurs fluo.
« Ces motifs, d'origine maure portugaise, sont liés à l'influence de l'art musulman dans la péninsule ibérique, qui interdit les représentations figuratives. » Ils contrastent avec la présence d'icônes de la culture pub, « ce qui créé un non-sens, à l'image de beaucoup de pubs que l'on voit à la télé », conclut la jeune femme.
Autrement dit, Anne Brunet et Guillaume Josué ne se sont pas seulement amusés à reprendre un slogan pour lui donner une illustration « décalée » mais — réunissant plusieurs codes sémiotiques en un seul espace imaginaire — ils ont su faire des super-héros de leur enfance les figures d’une nouvelle mythologie dont l’ambition (et la portée critique) n’est autre que de pouvoir donner un sens nouveau à ce qui, jusqu’à eux, n’était que la propriété d’une compagnie aérienne ou d’une société de production de manga.
http://www.galerie13jm.com/