Expo : Emmanuelle Blin "Sous la surface"
du 19 mai au 11 juin 2011
Effroi et fascination se mêlent devant le spectacle de sa peinture.
Emmanuelle Blin revisite la nature morte, et plus précisément la vanité, dans une série de peintures à l’huile de grands formats saisissants par leurs contrastes multiples.
Le caractère orné de l’arrière-plan contraste avec la franche simplicité du sujet. Emmanuelle Blin souligne la richesse tactile et visuelle des matières représentées à travers le jeu des transparences et des épaisseurs et l’infinie variété des nuances colorées. C’est ainsi son plaisir de la peinture pure qu’elle nous fait aussi partager.
S’appropriant de manière très personnelle la question de la nature morte, la longue histoire de ce genre nous invite à citer le texte de Marcel Proust décrivant La Raie de Chardin :
« Elle est ouverte et vous pouvez admirer la beauté de son architecture délicate et vaste,
teintée de sang rouge, de nerfs bleus et de muscles blancs, comme la nef d'une cathédrale
polychrome »
Il y a aussi cette idée d’architecture de chair haute en couleur dans les oeuvres
d’Emmanuelle Blin.
Pourtant, les vanités d’Emmanuelle Blin, du moins celles qui utilisent des crânes couronnés de fleurs,
sur des papiers peints eux-mêmes fleuris, ont quelque chose de désangoissant et presque de
joyeux.
Elles interrogent pourtant, comme toutes les autres vanités, le mystère de nos séjours sur terre.
Mais c’est comme si le peintre en avait pris son parti et nous faisait partager son espoir retrouvé.
Les écorchés de lapin, c’est autre chose. D’une enfance à la campagne chacun a gardé, l’horreur du moment où la fermière, la mère en général, convoque l’enfant pour le sacrifice de la bête familière.
On l’a vu naître, grandir, courir dans le clapier. Une main puissante l’attrape, lui donne un grand coup derrière les oreilles. Par une petite entaille qu’elle élargit sans ménagement, elle retire la peau, comme on ferait d’un gant. Et apparaît le corps tout en muscles de l’animal. On vous ordonne alors de tenir les pattes avant pendant qu’un couteau aiguisé ouvre le poitrail dans lequel un petit coeur bat encore. La main, maintenant sanglante, arrache tout, sauf le foie, d’un rouge brun, presque noir.
Je n’ai jamais supporté ces écorchements et j’ai toujours eu du mal à manger la cuisse, ou le râble que j’avais aidé à mettre à nu.
Il y a de cet effroi dans les écorchés de lapin que nous donne Emmanuelle Blin. Parfois même, elle va
jusqu’à nous proposer des bêtes crucifiées, revisitant ainsi les images mystiques de l’enfance où les Christs en croix appelaient la compassion et la pitié.
Comme le souligne Gérard Gamand dans l’article qu’« Azart » lui a consacré1 :
« Regardez ses vanités, contemplez ses lapins écorchés… A l’évidence, nous sommes en présence de la bonne peinture, celle qui bouscule le regard et parle à l’intime. »
La galerie Théo de Seine
19, rue de Seine
75006 Paris
+33 (1) 77 18 32 82
http://www.galerietheodeseine.com
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