07 Jun

Exposition Peinture Contemporaine: Kirill CHELUSHKIN «Indéfinissable»

Publié par Eric SIMON - Catégories : #Expo Peinture Contemporaine

"Sans titre", 2020 de Kirill CHELUSHKIN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie RABOUAN MOUSSION © Photo Éric Simon

Du 19 mai au 26 juin 2021

cette nouvelle exposition, Kirill Chelushkin questionne les processus à l’œuvre dans la recognition du monde visible. Ses grands dessins à la mine graphite sont de facture réaliste mais ce qui s’y joue prend le système perceptif au piège – les figures représentées oscillent entre le familier et l’inconnu, forçant le regardeur à une mise au point intérieure qui restera insatisfaite. Les éléments qui composent l’image demeurent méconnaissables, inopérants du point de vue de l’identification, indéfinissables.

"Sans titre", 2021 de Kirill CHELUSHKIN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie RABOUAN MOUSSION © Photo Éric Simon

Chacun expérimente de façon singulière la perception de ce qui l’entoure. Mais l’interprétation des informations sensorielles obéit néanmoins à un certain nombre de codes communs, qui permettent à l’ensemble d’une population d’identifier les balises de son univers sensible et par extension, de son univers intelligible: ce que l’individu comprend du monde et de la place qu’il y occupe.

"Sans titre", 2021 de Kirill CHELUSHKIN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie RABOUAN MOUSSION © Photo Éric Simon

Dans cette série, Kirill Chelushkin s’amuse à délier le fil qui joint ces deux mondes – celui des sens perçus et celui du sens donné – pour tisser un entre-deux, un non-lieu qui met notre fonction perceptive dans l’inconfort. Et ce faisant il la tient en alerte, il amène le regard à chercher un point d’appui qui lui donnerait une solution lui permettant de décoder ce qu’il voit, ce que nous voyons.

Comme plongé dans un récit mettant en scène l’ethnographe émerveillé de ce que les populations autochtones ne se reconnaissent pas sur une photographie, ou le philosophe terrifié par l’apparition d’un phasme dans le champ du visible, nous cherchons à assembler les indices qui nous permettraient de révéler le sens de ces images.

"Sans titre", 2021 de Kirill CHELUSHKIN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie RABOUAN MOUSSION © Photo Éric Simon

Sans succès. Arrive alors l’appréciation du geste graphique, l’interprétation du dessin pour lui-même, déjouant les mécanismes de la représentation figurative.

Qu’est-ce que le discernement et à quel instant la reconnaissance se produit-elle, remportant une victoire décisive sur l’impénétrable tumulte du chaos ?

Comment distingue-t-on les objets réels et procède-t-on ensuite à leur nomination?

Comment identifier ce qui nous guide dans l'espace, dans la matière?

À première vue, l’image semble réaliste. Cependant, nous ne reconnaissons rien dans ce qui, au départ, était donné comme discernable. Tu crois percevoir le regard d’un animal, mais tu n’identifies pas ce que tu vois avec certitude. Il semble qu’avec une attention accrue l'image deviendra claire, mais cela ne se produit pas.

L'œuvre, pour ainsi dire, simule le regard de quelqu'un qui regarde mais ne voit pas, voit mais ne comprend pas. Ses caractéristiques iconographiques sont instables, elle demeure indéfinissable.Il ne reste plus qu'à procéder par élimination: Pas de haut, pas de fond, pas d'espace, pas de profondeur, pas de lumière, pas d'ombre, ce n'est pas un portrait, ce n'est pas une nature morte, ce n'est pas une situation, ce n'est pas une histoire, ce n'est pas un plan, ce n'est pas un projet, ce n'est pas de l’abstraction, ce n'est pas un texte, ce n'est pas un objet, ce n'est pas une installation. Tenter de comprendre est définitivement voué à l’échec. Propos recueillis et présentés par Alice Cazaux

Kirill Chelushkin Né en 1968 à Moscou Vit et travaille à Paris et à Moscou

Galerie RABOUAN MOUSSION

11 rue Pastourelle
75003 Paris

https://www.rabouanmoussion.com/fr

Jours et horaires d’ouverture: du mardi au samedi de 11h à 19h.