Du 14 octobre 2014 au 25 janvier 2015
Alphonse Donatien de Sade (1740-1814) a bouleversé l’histoire de la littérature comme celle des arts, de manière clandestine d’abord puis en devenant un véritable mythe.
L’œuvre du « Divin Marquis » remet en cause de manière radicale les questions de limite, proportion, débordement, les notions de beauté, de laideur, de sublime et l’image du corps. Il débarrasse de manière radicale le regard de tous ses présupposés religieux, idéologiques, moraux, sociaux.
"Tête de l'Apollon de Belvédère",de Jean Galbert Salvage, vers 1800 (Photo Eric Simon)
"L'enlèvement des Sabines" de Pablo Picasso 1962
Détail "Jupiter et Sémélé" de Gustave Moreau1894-1896
Suivant l’analyse d’Annie Le Brun, spécialiste de Sade et commissaire invitée, l’exposition met en lumière la révolution de la représentation ouverte par les textes de l’écrivain. Seront abordés les thèmes de la férocité et de la singularité du désir, de l’écart, de l’extrême, du bizarre et du monstrueux, du désir comme principe d’excès et de recomposition imaginaire du monde, à travers des œuvres de Goya, Géricault, Ingres, Rops, Rodin, Picasso…
"La poupée" , 1935 de Hans Bellmer
"Gravure anonyme sur le thème du supplice"
"Deux femmes nues attachées, allongées sur le côté" Charles-François Jeandel vers 1900
"Le sommeil", 1866 de Gustave Courbet
Le caractère violent de certaines œuvres et certains documents est susceptible de heurter la sensibilité des visiteurs.
Annie Le Brun, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet dont l’incontournable Soudain, un bloc d’abîme, Sade, se voit confier le commissariat général de l’exposition consacrée à Sade organisée par le musée d’Orsay à l’occasion du bicentenaire de la mort de l’écrivain.
"Nu attaché", 1930 de Man Ray
"Gradiva",1938-1939 d'André Masson
"Absolument Athée" de Jean Jacques Lequeu 1794
"Hommage à DAF de Sade", 1929 de Man Ray
Le propos,tel qu’elle le définit elle-même, sera de « montrer comment, avant d’avoir une importance majeure dans la pensée du XXe siècle, l’oeuvre de Sade a induit une part de la sensibilité du XIXe siècle, quand bien même le personnage et ses idées y auront-ils été tenus pour maudits.
Car si Baudelaire, Flaubert, Huysmans, Swinburne, Mirbeau… sans parler d’Apollinaire, s’y sont référés à titres divers, tout porte à croire que la force de cette pensée est d’avoir aussi rencontré, révélé, voire provoqué ce qui agite alors en profondeur l’expression plastique, concernant autant l’inscription du désir que son pouvoir de métamorphose.
"Figures au bord de la mer", 1931 de Pablo Picasso
"La décadence ", 1888 de Fernand Khnopff
"Le triomphe du Phallos", 1838 de Carlo Lasinio
"Nu feminin, hystérique et Aérodynamique", 1934 de Dali
"Erotique voilée", 1933 de Man Ray
C’est l’image du corps en train d’être bouleversée de l’intérieur, annonçant une révolution de la représentation. Que ce soit évident chez Delacroix, Moreau, Böcklin…, ce qui est en jeu n’est pas sans inquiéter aussi Ingres, Degas ou Cézanne et bien sûr Picasso. Et cela tandis que Félicien Rops, Odilon Redon, Alfred Kubin se rapprochant d’une expression restée jusqu’alors marginale (curiosa ou folie), avant que le surréalisme ne reconnaisse le désir comme grand inventeur de forme.
À retrouver ce cheminement, il sera possible de mesurer combien, à dire ce qu’on ne veut pas voir, Sade aura incité à montrer ce qu’on ne peut pas dire. Ou comment le XIXe siècle s’est fait le conducteur d’une pensée qui, découvrant l’imaginaire du corps, va amener à la première conscience physique de l’infini.»
Commissariat :Annie Le Brun, commissaire général
Laurence des Cars, conservateur général, directrice du musée de l’Orangerie
"Scène de guerre au Moyen-âge", 1865 de Edgar Degas
"L'apparition", 1876 de Gustave Moreau
Musée d’Orsay
Niveau 0, grand espace d'exposition
1, rue de la Légion d’Honneur
75007 Paris
Site officiel
Horaires d'ouverture: Tous les jours sauf le lundi de 9h30 à 18h
Nocturne les jeudis jusqu’à 21h30