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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

25 Feb

Tim WILSON « « Drift Halation »

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Peinture Contemporaine

"Chair IV", 2024 de Tim WILSON - Courtesy de l'artiste et de la LONG STORY SHORT Paris © Photo Éric SIMON

"Chair IV", 2024 de Tim WILSON - Courtesy de l'artiste et de la LONG STORY SHORT Paris © Photo Éric SIMON

Du 1er Février au 1er Mars 2025

 

 

 

Les peintures de Tim Wilson – lampes, miroirs, cages d’escaliers désertes et pièces inoccupées – évoquent l’anonymat romantique d’un séjour dans un hôtel de luxe ; face à elles, je ressens un frisson illicite, comme si j’avais donné un faux nom au concierge. Elles se prêtent au mensonge – dans la tradition réflexive dont elles sont issues, leur véritable sujet n’est pas tant les objets centrés et les espaces silencieux qu’elles représentent, mais plutôt l’artifice, aperçu dans l’éclat de la sous-couche qui transparaît à travers l’image, dans la matérialité des bords irréguliers des toiles et des surfaces rugueuses en papier à grain fin.

 

 

 

"Orange Juice II", 2024 de Tim WILSON - Courtesy de l'artiste et de la LONG STORY SHORT Paris © Photo Éric SIMON

"Orange Juice II", 2024 de Tim WILSON - Courtesy de l'artiste et de la LONG STORY SHORT Paris © Photo Éric SIMON

L’attention implacable du peintre à l’ordre compositionnel privilégieune syntaxe de formes et de couleurs plus abstraite que figurative, indifférente à la profondeur de l’espace, indifférente au désordre asymétrique de la vie réelle. Ce ne sont pas des mensonges malveillants. Ce sont des mensonges racontés par un ami, empreints d’une connaissance mélancolique, et je les contemple – j’écoute leur silence – dans l’espoir de capter ce qu’ils cherchent à transmettre.

"Blue Lamp", 2024 de Tim WILSON - Courtesy de l'artiste et de la LONG STORY SHORT Paris © Photo Éric SIMON

"Blue Lamp", 2024 de Tim WILSON - Courtesy de l'artiste et de la LONG STORY SHORT Paris © Photo Éric SIMON

J’ai été en présence des peintures de Wilson à de nombreuses reprises, depuis quelques années déjà, à commencer par un atelier sur Grand Street à Brooklyn.

 

À l’époque, il expérimentait la peinture sur toile de jute, laissant la texture grossière du matériau subvertir la précision délicate de ses œuvres, un effet similaire mais plus accentué que celui du papier ou du lin qu’il utilise aujourd’hui. J’ai vu ses toiles alignées sur le bord de son canapé, posées à plat sur la table de travail installée dans son salon. Je les ai vues exposées et ai admiré leur relation les unes aux autres. Le contrôle qu’exerce Wilson sur la séquence et l’espacement est aussi délibéré à l’extérieur de la toile qu’en son sein.

 

 

 

Dans tous ces contextes, j’ai ressenti leur insistance sur le factuel – le fait ,du matériau, le fait de la peinture. Elles n’ont pas besoin que je croie à leurs mensonges ; en elles, l’artifice est simplement un autre fait. Malgré leur petite taille et la simplicité apparente de leur sujet, j’y perçois une posture philosophique. Elles se délectent de beauté et de mystère, sans jamais conférer à l’inconnu une signification transcendante. Mystère, passé, désir, mort – tout cela n’est, après tout, que des faits.

 

"Red Chair", 2024 de Tim WILSON - Courtesy de l'artiste et de la LONG STORY SHORT Paris © Photo Éric SIMON

"Red Chair", 2024 de Tim WILSON - Courtesy de l'artiste et de la LONG STORY SHORT Paris © Photo Éric SIMON

Wilson, qui a survécu à un accident ayant partiellement altéré son audition, marche toujours à ma droite lorsque nous sommes ensemble, et je suis habitué à le voir porter la main à son oreille pour mieux entendre – ma mauvaise habitude de marmonner n’aidant pas. Ce geste me revient parfois à l’esprit lorsque je ressens le besoin de me tenir tout près et d’incliner l’oreille vers ses toiles pour les écouter. Elles ne sont pas totalement silencieuses. J’y perçois le bruissement feutré de pas sur un tapis, le tintement des verres dans un restaurant d’hôtel, le bourdonnement lointain d’une lampe d’escalier.

 

 

Parce que son accident a impliqué un escalier et parce que je l’ai entendu raconter une histoire dramatique autour de la lampe de sa grand-mère, il serait tentant de chercher dans son choix de sujets une narration cachée. Je pense pourtant qu’il s’agit là d’un réflexe interprétatif excessif, d’un besoin de récit et de sens. Son travail, au contraire, efface toute narration. La vie existe avant ou après un événement, réduite à une simple attente – attendre d’être placé, attendre un ami ou un partenaire, attendre que la lumière change.

 

"Stairway VIII", 2025 de Tim WILSON - Courtesy de l'artiste et de la LONG STORY SHORT Paris © Photo Éric SIMON

"Stairway VIII", 2025 de Tim WILSON - Courtesy de l'artiste et de la LONG STORY SHORT Paris © Photo Éric SIMON

"Red Pillow", 2024 de Tim WILSON - Courtesy de l'artiste et de la LONG STORY SHORT Paris © Photo Éric SIMON

"Red Pillow", 2024 de Tim WILSON - Courtesy de l'artiste et de la LONG STORY SHORT Paris © Photo Éric SIMON

Peut-être parce que ses images sources proviennent parfois de films, j’ai souvent pensé au Mépris de Godard en regardant les peintures de Wilson, en particulier à la scène du prologue où Brigitte Bardot est allongée sur un lit, tandis que des filtres de lumière modifient soudainement l’ambiance dans laquelle elle apparaît. Que la couleur et donc l’émotion puissent changer si brutalement et – sous un certain angle – de manière arbitraire, fait écho à la notion même de mépris, ce franchissement invisible entre deux personnes.

 

 

 

Dans les peintures de Wilson, la couleur est souvent inventée, mais toujours de manière puissante et irrévocable. Arbitraire, artificielle, et pourtant indéniablement réelle. La couleur est infinie, c’est-à-dire impossible à maîtriser totalement, mais parmi les peintres contemporains, Wilson plaide avec force pour être l’un de ses plus brillants praticiens. C’est la couleur, plus que tout, qui me semble être l’attente fondamentale de ses peintures – cette couleur qui change soudainement et à partir de laquelle il n’y a plus de retour en arrière.

 

- Henry Chapman

 

"Salt and Pepper", 2024 de Tim WILSON - Courtesy de l'artiste et de la LONG STORY SHORT Paris © Photo Éric SIMON

"Salt and Pepper", 2024 de Tim WILSON - Courtesy de l'artiste et de la LONG STORY SHORT Paris © Photo Éric SIMON

Tim Wilson (né en 1970 à Newport News, Virginie) vit et travaille à Brooklyn, New York. Il est titulaire d’un MFA de la Yale University School of Art et d’un BFA de la Virginia Commonwealth University.

 

Le travail de Tim Wilson pousse les spectateurs à réfléchir à l’espace qu’ils occupent dans le monde ainsi qu’à l’intimité des lieux qu’ils habitent. Son usage intentionnel de la couleur et de la texture agit comme un analogue visuel à cette réflexion – une mutation discursive du processus, façonnée par la tension entre intuition et intentionnalité. Cette immobilité donne naissance à des œuvres hautement méditées. Il existe une quasi-contradiction entre la matérialité de la peinture et la conscience sensorielle que Wilson insuffle à son travail.

 

 

LONG STORY SHORT

23 rue Charlot

75003 Paris

 

 

https://www.lss.gallery/

 

 

Jours et horaires d’ouverture du mardi au samedi de 12h à19h.

 

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