Francis PICABIA « Éternel Recommencement »
"Colloque (Colloquium)", 1949 de Francis PICABIA - Courtesy du Comité Picabia et de la Gallery HAUSER & WIRTH - Paris © Photo Éric SIMON
Du 18 janvier au 12 mars 2025
L’exposition de Hauser & Wirth Paris « Francis Picabia. Éternel recommencement », organisée en collaboration avec le Comité Picabia, et conçue par Beverley Calté et Arnauld Pierre, s’attache à l’ultime étape de l’œuvre tout en volte-face de Picabia, du retour à Paris de l’artiste en 1945 jusqu’à l’année précédant sa mort, en 1953.
"Elle danse", 1948 de Francis PICABIA - Courtesy du Comité Picabia et de la Gallery HAUSER & WIRTH - Paris © Photo Éric SIMON
Plus de 40 œuvres permettent de prendre la mesure d’une période d’une grande radicalité, qui voit le peintre congédier la plastique érotique des nus féminins de la période précédente au profit de formes abstraites et d’une approche nouvelle de la texture des surfaces. L’exposition – la première de cette envergure à porter directement sur la période sera ensuite montrée chez Hauser & Wirth New York, 22nd Street, du 1er mai au 25 juillet 2025.
Ce dernier rebondissement dans l’œuvre de Picabia, dont la carrière prolifique est marquée du sceau du changement et d’une « alternance déroutante de styles et de manières » (Arnauld Pierre), se traduit par un langage visuel inédit et une conception toute personnelle de l’abstraction. Mais il atteste aussi sa fidélité foncière à un principe et une méthode qu’il a poursuivis à travers toutes ses métamorphoses : le recours à un matériau visuel préexistant. Qu’il s’agisse du vaste et hétéroclite réservoir d’images où il puise allègrement, comme de sa propre peinture, qu’il n’hésite pas à recycler.
"Composition", ca. 1946 – 1947 de Francis PICABIA - Courtesy du Comité Picabia et de la Gallery HAUSER & WIRTH - Paris © Photo Éric SIMON
"Sans titre (Chenille)", 1946 de Francis PICABIA - Courtesy du Comité Picabia et de la Gallery HAUSER & WIRTH - Paris © Photo Éric SIMON
En 1945, Picabia regagne Paris dans un contexte difficile, marqué par des contraintes économiques et artistiques. Un nouveau départ s’impose. Aussi le peintre semble-t-il renouer avec l’« anti-peinture » dada de jadis. Les témoins les plus spectaculaires de cette résurrection sont la série des Points, que la critique devait, dans sa majorité, accueillir très fraîchement.
Tels ce « Silence » de 1949, ou encore ces « Six points » de la même année : une poignée de confettis, comme une parodie de constellation, sur un fond monochrome que troublent seulement des phénomènes de surface, comme une agitation de courants ou les stigmates de l’usure.
"Niagara", ca. 1947 de Francis PICABIA - Courtesy du Comité Picabia et de la Gallery HAUSER & WIRTH - Paris © Photo Éric SIMON
"Sans titre (Untitled)", 1945 de Francis PICABIA - Courtesy du Comité Picabia et de la Gallery HAUSER & WIRTH - Paris © Photo Éric SIMON
Pour autant, Picabia n’est pas un solitaire. Le dimanche, il ouvre son atelier à Henri Goetz, à Christine Boumeester, Raoul Ubac, Jean-Michel Atlan, Georges Mathieu... Ses hôtes s’efforcent, notamment au Salon des Surindépendants, de frayer une troisième voie entre les acquis du surréalisme et les exigences de l’abstraction. Mais l’adhésion du peintre n’est pas évidente. Reste qu’en dépit d’un tempérament qui tolère mal la réduction aux étiquettes de groupe, Picabia est, dans l’après-guerre, volontiers placé dans l’orbite des « informels ».
Et sa peinture accuse au moins un trait susceptible de fonder ce rapprochement : le traitement de la matière. Un parti pris qui transparaît, par exemple, dans « Rapport avec les vertus » (1949) et ses zones colorées diversement foncées qui refusent l’uniformité étale de l’aplat, ou dans ce « Colloque », de 1949 également, avec les plissures de la peinture et le relief de ses empâtements.
"Maintenant et autrefois", 1946 de Francis PICABIA - Courtesy du Comité Picabia et de la Gallery HAUSER & WIRTH - Paris © Photo Éric SIMON
Mais Picabia suit toujours sa propre voie. Et l’après-guerre ne déroge pas à la règle : sa technique éprouvée – cette démarche consistant à ponctionner, emprunter et assimiler – est toujours mise à contribution. L’exposition permet, en particulier, de soulever la question de la nature et du rôle du « primitivisme » tel qu’il se manifeste alors dans les peintures de Picabia. Ce tropisme vers des origines mythifiées, ce magnétisme exercé par les arts « premiers », peut revêtir la forme attendue d’une ouverture aux leçons et aux modèles du continent africain ou de l’Océanie.
Or, le masque est, précisément, un motif cher à Picabia : qu’on songe, à titre d’illustration, à cette forme crânienne qui se gonfle en ampoule et qu’une rainure en Y distribue en trois secteurs ( « Niagara », vers 1947). La présence du masque permet en passant de rappeler que cette dernière phase de l’œuvre de Picabia, souvent qualifiée d’« abstraite », ne l’est pas « stricto sensu ». Outre les formes de masques, il y aussi « Villejuif [I] », une huile sur bois de 1951, et dont la puissance de suggestivité, la force d’évocation émotionnelle est indéniable.
"Le brave (The Brave)", 1947 de Francis PICABIA - Courtesy du Comité Picabia et de la Gallery HAUSER & WIRTH - Paris © Photo Éric SIMON
"Rapport avec les vertus (In Relation to the Virtues)", 1949 de Francis PICABIA - Courtesy du Comité Picabia et de la Gallery HAUSER & WIRTH - Paris © Photo Éric SIMON
L’espèce d’iconothèque où se sert Picabia n’est pas restreinte aux ailleurs des lointains géographiques. L’art roman catalan constitue, avec la préhistoire, un des pôles d’élection de l’artiste. Et dans la catégorie des emprunts, il faut compter également les « auto-emprunts » : les repeints, tel ce « Elle danse » (1948). On remarquera que Picabia s’empare aussi des mots, s’approvisionnant, pour ses titres, auprès de Nietzsche. « Cherchez d’abord votre Orphée ! » (1948) ou « Le négateur du hasard [?] » du hasard sont ainsi tirés du « Gai Savoir ».
Rien d’étonnant : Picabia, jusqu’à la fin de sa vie, n’a obéi qu’à sa propre morale et ses propres règles en matière esthétique. Le catalogue bilingue de l’exposition (Hauser & Wirth Publishers) rassemble des essais d’Arnauld Pierre et de Candace Clements, une préface de Beverley Calté, présidente du Comité Picabia, et replace Picabia dans le contexte artistique parisien de l’après-guerre.
"Le marié (The Groom)", 1951 de Francis PICABIA - Courtesy du Comité Picabia et de la Gallery HAUSER & WIRTH - Paris © Photo Éric SIMON
"Symbole", 1950 de Francis PICABIA - Courtesy du Comité Picabia et de la Gallery HAUSER & WIRTH - Paris © Photo Éric SIMON
Francis Picabia, né François Marie Martinez Picabia le 22 janvier 1879 à Paris et mort le 30 novembre 1953 dans la même ville (cimetière de Montmartre), est un peintre, dessinateur et écrivain français, proche du mouvement dada, puis surréaliste.
Certains de ces détracteurs le surnomme « Oiseau de nuit scandaleux », amateur de femmes et de belles voitures, Francis Picabia est perçu comme un mondain fortuné qui trompait son oisiveté dans la peinture. Il se présente lui-même dès 1923 comme « Artiste en tous genres » Comme ses contemporains, il s'interroge sur la place de la peinture, bousculée par l'émergence de la photographie, puis devient l'un des premiers à peindre à partir de photographies.
Gallery HAUSER & WIRTH Paris
26 bis rue François 1er
75008 Paris
Jours et horaires d’ouverture : Du mardi au samedi de 9h à 18h.
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