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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

15 Apr

LES REFUGES CONTRAIRES

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Collective Contemporaine, #Expo Peinture Contemporaine

"Camelia" et "Lune", 2025 de Solène RIGOU - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C CONTEMPORY ART - Paris © Photo Éric SIMON

"Camelia" et "Lune", 2025 de Solène RIGOU - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C CONTEMPORY ART - Paris © Photo Éric SIMON

Du 15 mars au 29 avril 2025

 

 

Artistes présentés : Damien Cadio, Till Rabus, Léopold Rabus, Solène Rigou, Gongmo Zhou.

 

« […] je suis des forêts noires,

Ma mère m’a porté dans les villes, alors

Que j’étais dans son ventre. Et le froid des forêts

Sera en moi jusqu’au jour de ma mort.

[…]

De ces villes restera : celui qui les traversait, le vent !

Sa maison réjouit le mangeur : il la vide.

Nous sommes, Nous le savons, des gens de passage

Et ce qui nous suivra : rien qui vaille qu’on le nomme.»

 

- Du pauvre B.B., Bertolt Brecht, 1922

 

 

Les refuges contraires réunit les œuvres de Damien Cadio, Solène Rigou, Léopold et Till Rabus et Gongmo Zhou. A l’orée de cette exposition se trouve une réflexion sur les lieux que nous habitons, leurs ambivalences et leurs interférences. Confrontant les espaces naturels et les villes, interrogeant ce qui fait un refuge ou ce qui provoque l’hostilité, les œuvres exposées jouent de la représentation des environnements qui nous entourent, des corps qui les occupent, de la faune qui les habite ou des objets qui les peuplent.

 

"The Breaking of wood" et "Vittoria", 2025 de Damien CADIO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C CONTEMPORY ART - Paris © Photo Éric SIMON

"The Breaking of wood" et "Vittoria", 2025 de Damien CADIO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C CONTEMPORY ART - Paris © Photo Éric SIMON

À première vue, la nature n’est pas ici un havre paisible, un refuge idéalisé : elle peut se faire menaçante et chaotique. Elle dérange et révèle, parfois, une forme d’inquiétante étrangeté. Ici, une forêt trop dense, un incendie, là une faune insaisissable. Il y a des parasites, un humus qui se fait corps…

 

 

 

Autant de témoins d’une réalité sombre, où l’humain, qui interfère, semble toujours en équilibre précaire. Face à elle, la ville se dévoile sous un jour inattendu. Parfois décrite comme une jungle urbaine, brutale et oppressante, elle révèle ici une facette plus protectrice, plus intime, éteignant à feu doux le naturel et le sauvage. On y décèle le potentiel rassurant du bâti et l’abri que l’urbain est capable d’offrir -de manière collective comme individuelle.

 

"Au bois", 2024 de Léopold RABUS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C CONTEMPORY ART - Paris © Photo Éric SIMON

"Au bois", 2024 de Léopold RABUS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C CONTEMPORY ART - Paris © Photo Éric SIMON

Quand on y prête attention, des inversions apparaissent. Les œuvres, en nous invitant à réévaluer notre rapport à ces environnements, à leurs frontières et à leurs interfaces, font apparaitre une certaine porosité entre eux : des multitudes d’imbrications et d’assuétudes.

 

 

 

L’exposition devient alors un exercice de pensée, une exploration où les repères s’inversent et où chaque refuge peut cacher son contraire. Car entre ces deux mondes, les frontières sont perméables, et leurs interférences ne cessent de redéfinir nos espaces de vie. Parfois la nature s’immisce, balaye, se fait entendre, s’ancre sur l’humain et pique. D’autres fois, l’humain envahit les paysages, morcelant les territoires sauvages et imposant ses propres règles.

 

 

Ces rencontres oscillent entre harmonie et destruction, entre résilience et dégradation. Inversement, si la ville peut être un refuge, elle est aussi le théâtre de débordements. Elle trahit alors sa douceur apparente et révèle une hostilité propre à son effervescence dans laquelle l’humain exprime parfois ses facettes les plus brutales. De tels paradoxes sont contenus dans les œuvres des artistes et, selon nos humeurs et nos dispositions, libre à nous de les interpréter. Ces œuvres, dans leur force, entretiennent une forme de dissensus en tant que reconfiguration conflictuelle du monde et nous permettent d’en interroger la configuration et les évidences.

 

 

 

"L'entre-deux", 2025 de Gongmo ZHOU - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C CONTEMPORY ART - Paris © Photo Éric SIMON

"L'entre-deux", 2025 de Gongmo ZHOU - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C CONTEMPORY ART - Paris © Photo Éric SIMON

Ainsi dans les travaux de Gongmo Zhou, représentant des reflets de passants dans les vitrines, portes et façades de bâtiments, l’idée d’interface et de frontière apparait comme centrale. Les villes, pensées, normées et bâties selon nos règles, nos échelles et nos histoires nous plongent paradoxalement dans une forme d’anonymat. Nous y passons, vaporeux et troubles comme ces reflets, sans y laisser de traces en suspension entre deux mondes.

 

 

 

 

Les œuvres de Solène Rigou sont des refuges en elles-mêmes. De petits formats, -proches de ceux d’une icône -ses dessins aux crayons de couleur sur bois figurent essentiellement des mains. Ces mains, parlent et évoquent des souvenirs de moments du quotidien vécus par l’artiste. Des épiphanies de l’ordinaire, qui forment chez elle une collection de moments, où nous sommes comme naturellement en prise avec l’instant. Ces œuvres sont des refuges précieux où l’en dehors ne saurait jamais ternir la douceur de leurs lumières.

 

 

"Marjorie", 2025 de Solène RIGOU - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C CONTEMPORY ART - Paris © Photo Éric SIMON

"Marjorie", 2025 de Solène RIGOU - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C CONTEMPORY ART - Paris © Photo Éric SIMON

"Nimègue", 2025 de Damien CADIO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C CONTEMPORY ART - Paris © Photo Éric SIMON

"Nimègue", 2025 de Damien CADIO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C CONTEMPORY ART - Paris © Photo Éric SIMON

La série de peintures de Damien Cadio réussit la prouesse de nous situer au seuil de ces mondes. Il nous place à la frontière, au milieu des interférences. Une feuille de tôle prise dans des branchages, arrive par ses simples courbes et par les lignes de forces de la composition du tableau, à nous évoquer la porosité et la contamination de ces deux mondes. Les végétaux deviennent des vecteurs, le métal tordu un rythme infini, cyclique et soudainement c’est l’expression même des flux et des mouvements de nos mondes qui s’illustre. Les paysages, incendies et cieux de l’artiste sont, sous son pinceau, autant d’expressions de l’entre deux, de nos interactions avec nos environnements et des traces de notre passage.

 

 

Dans les peintures de Léopold Rabus, la nature qui nous colle à la peau. L’artiste se joue au travers de ses représentations, de la classification conventionnelle du vivant. Sa peinture est l’humus de nos vies. Elle donne forme à toutes choses avec la même matière et permet ainsi de créer des liens entre des mondes qui paraissent opposés. Avec ses oiseaux, ses tiques, c’est la nature qui se rappelle à nous. Cette nature qui nous agrippe, contre laquelle on s’écorche. C’est aussi ces sous-bois, ces champignons d’où naissent par enchantement des formes hybride nouvelles.

 

"Gland", 2025 de Till RABUS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C CONTEMPORY ART - Paris © Photo Éric SIMON

"Gland", 2025 de Till RABUS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C CONTEMPORY ART - Paris © Photo Éric SIMON

Enfin, Till Rabus, dans ses œuvres, lui, brouille les pistes entre le naturel et l’artificiel. Avec leur apparence de jouets, les éléments gonflables que l’artiste représente contrastent avec la gravité du cadre naturel dans lequel ils prennent place. Jouant des paradoxes, l’artiste nous place tour à tour dans un monde idéalisé, féérique et factice pour nous faire aussitôt basculer dans l’hostilité et la rudesse d’un milieu naturel représenté de manière réaliste. Ces items gonflables, comme des esprits, illustrent également le rapport distancié que nous entretenons avec notre environnement mais aussi les innombrables projections que l’on s’en fait.

 

 

 

L’exposition Les refuges contraires n’est donc ni une course d’orientation, ni une promenade bucolique entre les villes et les forêts, c’est plutôt un exercice libre de pensée et une invitation au partage du sensible. C’est un trajet vers l’entre deux, un arrêt dans les interférences de deux mondes si imbriqués et si interdépendants. Libre à vous de franchir la porte ou de rester au seuil, tous les chemins sont possibles. Les interprétations sont elles-mêmes des changements réels.

 

 

Galerie C CONTEMPORY ART - Paris

6 Rue Chapon
F–75003 Paris

 

 

 

http://www.galeriec.ch

 

 

 

Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.

 

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