Du 25 Avril au 27 Juin 2015
La Galerie Karsten Greve Paris a le plaisir d’annoncer Drawing and Sculpture: Acting in Space, sa première exposition uniquement consacrée au travail de l’artiste américain David Smith. Présentant des œuvres réalisées entre 1950 et 1960, la galerie rend hommage à cet artiste précurseur qui fait appel aux méthodes et matériaux industriels afin de reconcevoir la sculpture en tant que dessin dans l’espace.
L’œuvre qu’a produite Smith au cours de cette décennie a transformé et étendu la percée du Modernisme européen, et a inspiré la génération suivante d’artistes dont le travail a contribué à définir la sculpture de la fin du XXème siècle.
David Smith Courtesy Karsten Greve
David Smith Courtesy Karsten Greve
Le matériau de prédilection de David Smith était l’acier. Comme il l’a écrit, « le métal en lui-même n’est que peu lié à l’histoire de l’art. Il est principalement associé à des éléments de ce siècle, à savoir la puissance, la structure, le mouvement, le progrès, la suspension, la destruction, la brutalité ». Parmi les sculpteurs les plus importants du dernier siècle, David Smith est celui qui a su traiter ces forces conflictuelles, affirmant toujours que le sujet ultime de l’art réside dans l’identité de l’artiste. L’œuvre en résultant est à la fois brute et raffinée, lyrique et iconique. L’imagination fertile de Smith a assimilé les influences de l’art classique et de l’art tribal, du Constructivisme, du Cubisme et du Surréalisme pour générer une effusion d’inspiration créative exprimée à travers le recours à une large gamme de média dont la sculpture, la peinture, le dessin et la photographie.
Petit fils d’un forgeron, David Smith est né en 1906 dans un environnement en pleine mutation, entre vie agraire et industrielle. La fusion de la nature et de l’industrie lui était connue ; lorsqu’il était enfant, il jouait dans les champs et les gares de triages à proximité de sa maison de Decatur dans l’Indiana. À dix-neuf-ans il a brièvement travaillé dans une usine automobile, où il apprit à souder, une technique qu’il s’appropria par la suite pour la réalisation d’une large partie de ses sculptures.
David Smith Courtesy Karsten Greve
Vue de l'exposition David Smith Courtesy Karsten Greve
La première sculpture soudée de David Smith date de 1933, une année seulement après que Julio Gonzàlez n’invente le terme de « drawing in space » pour décrire le travail de Pablo Picasso. Rejetant l’environnement traditionnel du studio de l’artiste, de l’atelier, de la fonderie, Smith, lui, accolait sa pratique au monde industriel, installant son local sur le front de mer de Brooklyn dans un local emprunté dans le Terminal Iron Works, un petit magasin spécialisé dans la soudure. Smith a passé les trente-deux années suivantes à explorer et à étendre le champ de l’innovation esthétique ainsi que des ambitions rendues possibles par ce nouveau medium sculptural.
"Sans titre", 1953 de David Smith Courtesy Karsten Greve
"10-10-52-5", 1952 de David Smith Courtesy Karsten Greve
Le dessin, tout comme la soudure ont joué un rôle central dans le développement de l’art de David Smith. Ils ont influencé sa vision de la sculpture et lui ont ouvert de nouvelles perspectives afin de créer de l’art de manière instinctive, en se détachant des contingences physiques et du travail imposé par la sculpture. En 1955, Smith a écrit que « le dessin est la célébration de l’humain la plus directe, la plus proche de la réalité elle-même et la plus naturelle – et je dirais même qu’à l’époque des premiers Hommes, il se peut que c’eut été la première célébration de leur nature intime – bien avant le chant … le dessin est la clé qui permet de conserver l’harmonie du travail manuel ».
Pour ses dessins, Smith a utilisé une grande variété de média tels que la tempera, la gouache, l’huile, l’émail industriel en spray, et de plus en plus après 1951, l’encre à l’œuf, une de ses inventions propres fabriquée à partir d’un mélange de jaunes d’œufs et d’encre de Chine. L’exposition David Smith – Drawing and Sculpture: Acting in Space présente trente de ces dessins accompagnés d’une sculpture non-titrée de 1951 qui souligne la fusion innovatrice des deux média par David Smith.
Vue de l'exposition David Smith Courtesy Karsten Greve
"11/7/54 1", 1954 de David Smith Courtesy Karsten Greve
David Roland Smith naît le 9 mars 1906 à Decatur, dans l’Indiana, aux Etats Unis. Après ses études secondaires Smith étudie durant un an à l’Université de l’Ohio puis passe l’été de 1925 à travailler dans une usine automobile. En 1926, il déménage à New York, où il rejoint l’Art Students League. C’est alors qu’il commence à se familiariser avec l’œuvre de Pablo Picasso, Mondrian, Kandinsky, et des constructivistes russes. Les premières tentatives de soudure par Julio Gonzàlez et Pablo Picasso ont inspiré Smith et l’ont conduit à appliquer ses compétences techniques au domaine artistique. Ses constructions de 1933 sont certainement les premières sculptures soudées faites aux Etats-Unis. En tant que membre d’un cercle restreint de jeunes artistes avant-gardistes qui incluait Willem de Kooning, Arshile Gorky et Jackson Pollock, Smith est à l’origine d’une œuvre qui dans les années trente l’a érigé au rang de seul sculpteur de la génération de l’Expressionnisme Abstrait. Smith a reçu le Guggenheim Fellowships en 1950 et 1951.
David Smith est mort dans un accident de voiture le 23 mai 1965 à l’âge de 59 ans. Depuis sa mort, des rétrospectives de David Smith se sont tenues dans de nombreux musées à travers le monde et plus récemment en 2006, au Guggenheim Museum de New York ainsi qu’au Centre Georges Pompidou à Paris.