"Canton", 1992 de Patrick Zachmann
Du 6 Avril au 5 Juin 2016
Cela fait plus de trente ans que Patrick Zachmann parcourt la Chine qu’il découvre en 1982 à travers le prisme du cinéma. Des triades de Hong Kong dans les années 1980 à la transfor- mation de la ville de Pékin en passant par Tian’anmen, le tremblement de terre du Sichuan et l’exposition universelle de Shanghai, l’exposition présentée à la Maison Européenne de la Photographie rassemble plus de 100 photographies noir & blanc et couleur, mêlant la petite et la grande histoire dans un pays en pleine mutation.
Le fil rouge de ce travail au long cours est la question de l’identité qui devient pour les nouvelles générations, en perte de repères, un enjeu essentiel. En plus de ces photographies, plusieurs vidéos rythment le parcours de l’exposition et complètent ce cheminement à travers la Chine de Patrick Zachmann.
"Jeune prostituée originaire de la province du henan dans un salon de massage, Pekin", 2001 de Patrick Zachmann
Après un premier voyage de découverte, en 1982, dans le cadre d’un reportage sur le cinéma chinois, Patrick Zachmann entreprend un travail sur la diaspora chinoise dans le monde. Cela l’amène en Chine
du Sud d’où sont originaires la plupart des immigrés. Il entame alors un voyage sur la durée à travers une vingtaine de séjours qui lui permettront de saisir les transformations fulgurantes de la société chinoise, ainsi que les bouleversements urbains. Images du sud de la Chine, de Hong Kong, mais aussi de Taïwan, qui entretient un lien très fort et incontournable avec la mère patrie, ses images de Tian’anmen lors des évènements de mai-juin 1989, et du terrible tremblement de terre qui endeuilla la province du Sichuan en 2008.
"Pekin", 2005 de Patrick Zachmann
"Ren Jiao Rong18 ans avec sa grand mère de 60 ans", 2012 de Patrick Zachmann
À partir de 2001, la Chine de Patrick Zachmann passe à la couleur. Comme une transition, la série Impressions de nuit montre un pays qui est passé du costume de Mao aux couleurs vives, extravagantes et audacieuses. Le photographe choisit dès lors de montrer faux-semblants et envers du décor. Il veut être le témoin de la complexité des formes qui bouleversent les identités individuelles et collectives de la Chine contemporaine.
Entre les images de façades qui caractérisent le pays décors urbains, pouvoir des apparen- ces, univers artificiel de la nuit se glissent des existences dures et incertaines, comme celles de ces mingong, paysans pauvres venus fuir la misère et chercher du travail dans les grandes villes. Véritables esclaves qui construisent la Chine de demain, ils sont près de deux cents millions à trimer pour un salaire de misère et ne rentrent au village qu’une fois par an, durant la semaine du nouvel an chinois. Avec la série Retour à Wenzhou, Zachmann montre les mutations profondes de l’espace urbain.
"des pekinois observent avec curiosité le "Long-nez" que je suis", 1982 de Patrick Zachmann
"Tournage de film Liao Kai de Tang Xia Dan qui se déroule dans les années 1920, Shangaï", 1982 de Patrick Zachmann
Le mouvement d’immigration s’est presque inversé. Les candidats à l’exil se font plus rares et de nombreux Chinois reviennent au pays : les chances de s’enrichir sont plus grandes aujourd’hui à Wenzhou que dans un atelier clandestin en France. Enfin, les portraits transgénérationnels réalisés par Patrick Zachmann ont pour ambition de montrer le choc culturel à l’intérieur des familles dans un pays où l’histoire s’est accélérée à une vitesse vertigineuse.
"Place Tian'anmen, Pekin", 1989 de Patrick Zachmann
Né en 1955 à Paris, Zachmann dit être devenu photographe parce qu’il n’a pas de mémoire. Il affirme la rechercher en reconstituant les albums de la famille qu’il n’a pas eue.
Photojournaliste et réalisateur, il développe une œuvre qui traite de façon récurrente des questions d’identité, de la mémoire et de l’immigration de différentes communautés. Il travaille, de 1982 à 1984, sur l’insertion des jeunes immigrés dans les quartiers nord de Marseille.
En 1983, il publie son premier livre, Madonna !, plongée dans la violence de la mafia napolitaine. Deux ans plus tard, il intègre l’agence Magnum et devient membre en 1990.
La maison Européenne de la Photographie
5/7 Rue de Fourcy
Fr- 75004 Paris
http://www.mep-fr.org
Ouvert au public du mercredi au dimanche, de 11h à 19h45.