Exposition Collective d'Art Brut: Japon Brut « la Lune, le Soleil, Yamanami »
Du 31 août au 5 octobre 2019
Artistes exposés: Kazumi Kamae, Yumiko Kawaï, Yukio Miyashita, Masaki Mori, Satoshi Morita, Momoko Nakagawa, Hiroya Oji, Yuichiro Ukaï, Hideaki Yoshikawa
Nous sommes heureux de consacrer notre exposition de rentrée à 9 artistes de l'atelier Yamanami situé dans la préfec- ture de Shiga au Japon.
Leurs œuvres s’affranchissent des standards, des leurs comme des nôtres, et nous révèlent davantage que ce qu’elles paraissent. Comme si nous observions l’éclat de la lune pour finalement y discerner le soleil tapi derrière la chaîne de montagnes (Yamanami en japonais).
"Masato walking the streets with Mr.", 2014 de Kazumi KAMAE - Courtesy Galerie Christian Berst © Photo Éric Simon
L’examen d’un paradoxe est une exquise nourriture pour l’esprit. Et l’art brut n’en est pas avare. Ou du moins est-ce le régime auquel les arpenteurs de ce champ sont accoutumés. Dubuffet avait commencé, en 1949, par inscrire l’exemption de culture artistique au fronton de son temple brut. Tandis qu’il admettra, plus de trois décennies plus tard, « qu’il subsiste toujours des références au conditionnement culturel ». Précisant même que « les manières de s’écarter de l’art culturel sont en nombre infini ».
L’art brut japonais en est un exemple frappant. D’abord parce nous pouvons, nous autres occidentaux, l’observer avec la distance culturelle qui est la nôtre. Et y déceler, donc au-delà de la mince couche d’exotisme - des caractéristiques propres, en même temps que nous sommes touchés par la part d’universalité que recèlent ces œuvres.
"Eye eye nose mouth", 2018 de Hideaki YOSHIKAWA - Courtesy Galerie Christian Berst © Photo Éric Simon
En 2017, l’exposition Komorebi, au Lieu Unique, à Nantes, nous avait fourni l’exemple le plus brillant de cette hétér-généité harmonique. La dizaine d’artistes que nous avons sélectionnée à l’atelier Yamanami, à Konan et dont certains ont été présentés à l’Asia Center de l’Université de Harvard au début de l’année, nous permet de goûter, à nouveau, à ce paradoxe saisissant.
Il y a là Kamae et Yoshigawa, qui accouchent dans l’argile de peuplades et de monolithes hiératiques ; Kawai, dont les ombilics brodés nous aspirent dans leur course concentrique ; Miyashita, propageant des mots qui lui sont étrangers comme des insectes sur la feuille ; Morita, aux figures dansantes tels des Giacometti dégingandés ; Oji, dressant des cartographies péninsulaires tout à fait psychédéliques ; Mori et ses processions sérielles et grouillements moléculaires ; Nakagawa, passant de l’ondoiement de fréquences colorées au tamponnage de chiffres dans des halos de café ; Et puis il y a Ukai, sorte de Bosch nippon du XXIe siècle qui serait passé maître dans l’uchronie foisonnante.
Leurs œuvres s’affranchissent des standards, des leurs comme des nôtres. Si nous ne savions rien de leurs auteurs, ni des processus agissants, il se pourrait même que nous les prenions pour l’art le plus contemporain qui soit. Ce ne serait d’ailleurs pas leur faire injure, ce serait simplement réducteur. Comme si, observant l’éclat de la lune, nous n’y voyions que la lune, oubliant le soleil tapi derrière la chaîne de montagnes (Yamanami en japonais).
Galerie Christian Berst
3-5, passage des gravilliers
75003 Paris France
| https://www.christianberst.com
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 14h à 19h