Exposition Photographie Contemporaine: Luc DELAHAYE « Le Village »
"Le village, le champs", 2019 - 2020 de Luc DELAHAYE - Courtesy Galerie Nathalie OBADIA © Photo Éric Simon
Du 4 septembre au 31 octobre 2020
La Galerie Nathalie Obadia est très heureuse de présenter Le Village, quatrième exposition personnelle de Luc Delahaye à Paris. Le photographe nous montre ici un ensemble constitué de tableaux photographiques de grandes dimensions et de séries en noir et blanc. Toutes les œuvres ont été réalisées lors d’un long séjour dans un village du nord du Sénégal, près du fleuve qui donne son nom au pays.
Le Champ représente un jeune homme travaillant à la préparation d’une rizière avant la semaison. Dans un paysage ouvert, barré en son milieu par la ligne d’horizon, l’homme au profil découpé par la lumière dure est saisi dans son mouvement. L’énergie qu’il dégage, la taille de son corps dans le cadre et la richesse des détails lui restituent toute sa présence, dans une vision archaïque de la peine au travail.
"Le village, le champs", 2019 - 2020 de Luc DELAHAYE - Courtesy Galerie Nathalie OBADIA © Photo Éric Simon
Comme pour les autres grands formats de l’exposition, il s’agit de la reconstruction d’une situation vue à un autre moment par le photographe. Avec son modèle, en plusieurs séances de poses et par la répétition inlassable des gestes, il va chercher à donner une existence tangible et une forme structurée à ce qui n’était qu’une impression fragile.
Dans Sacrifice d’un bélier, deux hommes maîtrisent un bélier à terre dans l’instant qui précède sa mise à mort. La blancheur de son corps tranche avec l’ocre sombre de la terre battue dans le demi jour. Les regards graves des hommes sont baissés vers l’animal dont l’œil ouvert semble fixer le spectateur. À gauche, une silhouette féminine qui s’apprête à sortir du cadre se détache à peine de l’ombre. Elle porte l’écuelle où seront dans quelques instants disposées les pièces de la bête.
"Le village, le champs", 2019 - 2020 de Luc DELAHAYE - Courtesy Galerie Nathalie OBADIA © Photo Éric Simon
"Le village, le champs", 2019 - 2020 de Luc DELAHAYE - Courtesy Galerie Nathalie OBADIA © Photo Éric Simon
La réalité prosaïque de la situation décrite dans cette photographie ouvre l’imaginaire, et c’est aussi le cas avec Le Filet, qui nous met en présence d’un pêcheur occupé à préparer sa prochaine sortie nocturne. Sur un fond dense de feuillages répondant à l’enchevêtrement des mailles, le filet suggère des créatures fantastiques et le désordre apparent devient métaphore d’un inconscient en proie aux djinns, l’allégorie d’un monde peuplé d’esprits.
En réponse à ce tableau, Le Filet (234 vues) est un grand carré réunissant une partie des prises de vues nécessaire à sa réalisation, tel une planche-contact agrandie, où la décomposition de l’action et la déclinaison des gestes du pêcheur évoquent une expérience de chronophotographie.
Épouvantails, un ensemble de 8 tirages de petit format, révèle à la lumière du flash une succession de formes étranges, de totems fantomatiques appelant là aussi le monde des esprits et des visions surnaturelles.
Dernier grand format de l’exposition, Évocation de Penda Saar nous parle d’un personnage féminin ayant vécu au XIXème siècle et qui, par ses pouvoirs magiques et par son esprit rebelle, affranchi des normes de son temps, est devenu une figure légendaire dans la région du Fouta-Toro. Le photographe lui donne corps dans une scène empreinte de tranquillité domestique, mais teintée d’humour, où l’on voit une Penda jeune entourée de ses sœurs dans une pièce sombre de la maison.
"Le village, le champs", 2019 - 2020 de Luc DELAHAYE - Courtesy Galerie Nathalie OBADIA © Photo Éric Simon
"Le village, le champs", 2019 - 2020 de Luc DELAHAYE - Courtesy Galerie Nathalie OBADIA © Photo Éric Simon
La dernière œuvre réalisée pour l’exposition, Le village, le champ, est une série de 70 photographies noir et blanc prises dans plusieurs localités de la région et composé de vues isolées, de séquences et de variations autour d’un motif. Ici, dans une approche descriptive du réel, le photographe a recherché la présence humaine et s’est attardé sur les traces de cette présence ; il s’est attaché aux détails et a opéré un relevé du paysage.
Cet usage de la forme documentaire vient ainsi s’ajouter aux autres moyens déployés par l’artiste dans un ensemble où sont mises au travail les possibilités distinctes données par le tableau, la série, l’inscription du réel et le recours aux ressources de l’imaginaire, et qui offre à notre regard un peu de la réalité de ce petit territoire.
"Madame Sarr, l'herbe pour les chèvres", 2020 de Luc DELAHAYE - Courtesy Galerie Nathalie OBADIA © Photo Éric Simon
"Madame Sarr, l'herbe pour les chèvres", 2020 de Luc DELAHAYE - Courtesy Galerie Nathalie OBADIA © Photo Éric Simon
Luc Delahaye est né en 1962. Il vit et travaille à Paris.
Il a fait l’objet d’expositions personnelles au J. Paul Getty Museum (Los Angeles, États-Unis, 2007), au Sprengel Museum Hanover (Hanovre, Allemagne, 2006), à la Maison Rouge (Paris, France, 2006), au Cleveland Museum of Art (États-Unis, 2005), au Huis Marseille (Amsterdam, Pays-Bas, 2004), au National Media Museum (Bradford, UK, 2004), au Kunsthal Rotterdam (Pays Bas, 2002).
Luc Delahaye a été lauréat du Prix Pictet (2012), du Deutsche Börse Photography Prize (2005), du Prix Robert Capa (2002, 1992), du Prix Niépce (2002), de l’ICP Infinity Award (2001), de prix du World Press Photo (2001, 1993, 1992) et du Prix Oskar Barnack (2000).
Galerie Nathalie OBADIA
3, rue du Cloître Saint-Merri
75004 Paris
https://www.nathalieobadia.com
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.