Erwin WURM «Skins»
Du 2 mars au 23 avril 2022
"La bidimensionnalité, la tridimensionnalité, la masse, la peau, la surface, le volume sont des éléments importants de ma recherche sur la sculpture. Pressées et aplaties ou réduites à des formes très fines, mes nouvelles œuvres ont une certaine fragilité, qui me plaît : elles deviennent presque abstraites."
— Erwin Wurm
La galerie Thaddaeus Ropac Paris Marais présente une exposition de nouvelles œuvres de l’artiste autrichien Erwin Wurm, mettant en scène sa plus récente série de sculptures intitulée Skin, et ses peintures inédites, qu’il appelle Flat Sculptures.
"Lars, Arm Lifted", 2020 de Erwin WURM - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus Ropac Paris © Photo Éric Simon
Tout au long de sa carrière, Wurm a cherché à déconstruire la sculpture à travers son exploration des dimensions spatiales et temporelles du médium, et son questionnement des notions de poids et de volume.
Dans l’exposition Skins, l’artiste adopte une nouvelle approche et s’intéresse à la surface, et notamment au rôle de celle-ci en tant que conteneur et définisseur de volume.
« En tant que sculpteur, je m’intéresse à cette idée de la peau comme frontière », déclarait Wurm dans une interview de 2014 avec le New York Times, et les Flat Sculptures et Skin constituent son exploration la plus poussée sur ce sujet à ce jour. Si l’apparente simplicité des sculptures exposées contraste avec la saturation visuelle des peintures aux couleurs acidulées, ensemble, les deux séries mettent en avant la façon dialectique par laquelle l’artiste pense la sculpture en deux dimensions.
"Flat", 2021 de Erwin WURM - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus Ropac Paris © Photo Éric Simon
Bien qu’il soit aujourd’hui connu comme sculpteur, étudiant, Wurm s’intéressait davantage à la peinture. Souhaitant intégrer le programme de peinture de l’université Mozarteum de Salzbourg, il est finalement admis en sculpture et se retrouve confronté à la question fondamentale : qu’est-ce qui fait une sculpture ? C’est ce questionnement radical qui sous-tend la pratique de l’artiste depuis cinq décennies, et ce n’est qu’à l’été 2021, lors d’un séjour en Grèce avec son ami, le peintre et graveur autrichien Hans Weigand, que Wurm s’est remis à peindre.
« Au début, je pensais que ce ne serait qu’un passe-temps pour quelques semaines », déclare Wurm dans une interview récente avec la journaliste Larissa Kikol.
« Puis ça s’est intensifié et maintenant je peins tout le temps. C’est thérapeutique. C’est incroyable. »
"Standing Floral", 2021 et "Right Arm Lift", 2021 de Erwin WURM - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus Ropac Paris © Photo Éric Simon
D’apparence plus abstraite que ses sculptures emblématiques de voitures, de maisons et de cornichons, les Flat Sculptures, comme Wurm a intitulé ses peintures, sont composées de mots tels que « stone » (pierre), « melt » (fondre), « clay » (argile) ou « wurst », qui font référence à des séries d’œuvres antérieures, dont les Stone Sculptures, les Fat Cars et les Abstract Sculptures en forme de saucisses.
Les lettres, qui correspondent aux titres des peintures, semblent, comme le décrit l’artiste, « avoir été aplaties, changeant de forme pour devenir des structures amorphes ».
Peintes dans diverses nuances de jaune, de rose et de bleu, les œuvres constituent une palette qui rappelle une peau pâle, formant une sorte de membrane lorsque l’artiste étend les plans de couleur pour couvrir les côtés de la toile.
"Right Arm Lift", 2021 de Erwin WURM - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus Ropac Paris © Photo Éric Simon
Wurm compare le processus derrière ses Flat Sculptures à ses premières expérimentations sur le volume, dans lesquelles il explorait les conséquences de la transformation d’objets bidimensionnels en trois dimensions. Sa vidéo de 1991, 13 Pullover, par exemple, mettait en scène son ami, l’artiste autrichien Fabio Zolly, en train de superposer treize pulls, modifiant ainsi sa propre forme et rendant tridimensionnels les vêtements initialement plats, tout en leur faisant perdre leur fonctionnalité.
De même, les lettres dans les Flat Sculptures sont écrasées et étirées pour occuper toute la surface de la toile. Cela les rend presque illisibles, à l’exception des petites portions d’arrière-plan qui apparaissent en contraste entre les lettres, tout en leur donnant corps et leur permettant ainsi de devenir presque tangibles.
"Foam", 2022 de Erwin WURM - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus Ropac Paris © Photo Éric Simon
Si les mots dans les Flat Sculptures sont définis par les interstices, dans les sculptures Skin, Wurm fait de la surface liminale, qui sépare le volume du corps de celui de l’espace environnant, le sujet de son œuvre. S’enveloppant autour d’une forme invisible, les sinueux rubans d’un corps absent, entièrement vêtu, apparaissent à la fois poétiques, troublants et absurdes.
Également connues sous le nom de « sculptures minces », ces œuvres sont réalisées à partir de moulages partiels de modèles vivants, dont le fils de l’artiste, Michael, et l’acteur et artiste Lars Eidinger, qui posent au milieu d’actions quotidiennes telles que se pencher, ou de soulever ou tenir des objets.
Les moules qui en résultent sont comme des aperçus des One Minute Sculptures pour lesquelles Wurm s’est fait connaître au début des années 1990, dans lesquelles il filmait des participants en train d’interagir avec divers objets quotidiens qu’il leur avait assignés.
"Gate", 2021 de Erwin WURM - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus Ropac Paris © Photo Éric Simon
Dans les Skin et One Minute Sculptures, la relation qu l’artiste entretient avec ses modèles, et en particulier avec Eidinger, lui-même un interprète qui repousse sans cesse les limites du médium dans lequel il travaille et qui est depuis longtemps un proche collaborateur de Wurm, constitue une partie importante de l’œuvre.
Réalisées au cours d’un long processus de moulage, les sculptures Skin, d’apparence précaire, semblent figées dans le temps de manière presque comique, fruit d’une plaisanterie entre amis proches. En même temps, suspendues entre la présence et l’absence, celles-ci renvoient à des questions existentielles concernant notre interaction avec le monde qui nous entoure et le rôle de la peau comme le site de cette rencontre.
"Clair", 2021 de Erwin WURM - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus Ropac Paris © Photo Éric Simon
Après deux années d’isolement sans précédent, de nombreuses études ont souligné l’importance du toucher pour nous permettre de donner un sens au monde qui nous entoure. Dans Skins, Wurm met en évidence la fonction de la surface en tant que lien entre expérience interne et réalité externe. Dans le même temps, l’artiste attribue aux Flat Sculptures et aux œuvres Skin un sentiment de liberté nouvelle et de créativité retrouvée au sein de sa pratique.
« J’étais arrivé à une situation où il y avait beaucoup de règles. Il y avait toujours un plan fini qui était exécuté. [...] Cela ne m’amenait nulle part, je n’apprenais rien ». Ensemble, les deux séries exposées marquent un retour à un mode de travail moins programmatique et plus instinctif pour l’artiste : « Je ne voulais plus me tenir à l’écart comme un chef d’orchestre. Je voulais à nouveau me laisser guider. Pendant le travail, la forme émerge. »
"Deep", 2021 de Erwin WURM - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus Ropac Paris © Photo Éric Simon
Au cours de sa carrière, Erwin Wurm a radicalement élargi la conception de la sculpture en explorant l’espace et la forme humaine. Ses œuvres sont à la frontière de l’abstraction et de la représentation, montrant des objets familiers d’une manière surprenante et inventive qui incite les spectateurs à les considérer sous un nouveau regard.
Dans ses œuvres, il explore souvent les décisions banales et quotidiennes ainsi que les questions existentielles, à travers les objets qui nous aident à faire face à la vie de tous les jours, tels que les vêtements que nous portons, les voitures que nous conduisons, la nourriture que nous mangeons et les maisons dans lesquelles nous vivons, et qui finissent souvent par nous définir.
"Wurst", 2021 de Erwin WURM - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus Ropac Paris © Photo Éric Simon
"Clay", 2021 de Erwin WURM - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus Ropac Paris © Photo Éric Simon
Avec ses One Minute Sculptures – dans lesquelles, à l’aide de simples accessoires, le spectateur devient lui-même l’œuvre d’art pour un temps limité Wurm efface la frontière entre la sculpture et le spectateur. La présence statique de la sculpture est inversée, devenant au contraire un processus participatif qui met en scène le propre corps du spectateur.
Le caractère éphémère de ces œuvres subvertit la permanence de la sculpture traditionnelle, l’expression « one minute » désignant la brièveté de l’action plutôt qu’une durée réelle. Les One Minute Sculptures comportent souvent une dimension contemplative ou philosophique, agissant comme des catalyseurs pour un moment d’introspection en plaçant le spectateur dans une relation gênante ou paradoxale avec les objets prescrits.
Wurm vit et travaille à Vienne et à Limberg, en Autriche. L’artiste a participé deux fois à la Biennale de Venise : avec son installation Narrow House au Palazzo Cavalli-Franchetti en 2011 et lorsqu’il a représenté l’Autriche en 2017. Des expositions personnelles récentes ont eu lieu au Taipei Fine Arts Museum (2020), aux Musée Cantini, Musée des Beaux-Arts et Chapelle du Centre de la Vieille Charité, Marseille (2019), au K11 MUSEA, Hong Kong (2019), à la Vancouver Art Gallery (2019), au Albertina Museum, Vienne (2018), à la 21er Haus au Belvedere, Vienne (2017), au Leopold Museum, Vienne (2017), au Centro Cultural Banco do Brasil, São Paulo (2017) et à la Berlinische Galerie, Berlin (2016).
Galerie Thaddaeus Ropac
7, rue Debelleyme
75003 Paris
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.
Expo Sculpture Contemporaine: Erwin WURM " Lost " - ACTUART by Eric SIMON
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