STUDIO CONVERSATIONS
"All I ever wanted was everything (or A pointless existence)", 2025 de Marcel DZAMA and Jean CLARACQ et "Paysage", 2025 de Jean CLARACQ - Courtesy des l'artistes et de la Galerie David ZWIRNER - Paris © Photo Éric SIMON
Du 1er avril au 24 mai 2025
David Zwirner a le plaisir de présenter Studio Conversations, une exposition sous le commissariat d’Anaël Pigeat sous forme de dialogues entre trois artistes choisis parce qu’ils sont le reflet d’une scène parisienne actuelle, et trois autres artistes qui les inspirent depuis leurs débuts. Admiration, appropriation, inspiration… en quoi consiste le regard d’un artiste sur l’oeuvre d’un autre ?
Quels sont les dialogues et les jeux qui peuvent voir le jour entre eux ?
Des rencontres ont eu lieu entre ces peintres, de la conversation à la collaboration, occasionnant des échanges et des réflexions, de frottements en résonances.
"Stubbornly Waiting", 2024 de Mamma ANDERSSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie David ZWIRNER - Paris © Photo Éric SIMON
Christine Safa (née en 1994) a dialogué avec Suzan Frecon (née en 1941), dont l’oeuvre l’a fortement marquée depuis ses premières années à l’École des Beaux-Arts de Paris. L’oeuvre de Suzan Frecon ouvrait alors pour Christine Safa un chemin vers l’abstraction, pendant des années où la peinture figurative était partout. Ensemble, elles ont discuté de l'art et de l'architecture italiens et minoens, des différentes caractéristiques des pigments, de la géométrie dans les compositions picturales, de la lumière et des échelles, et enfin de la nature insaisissable de la peinture.
Nino Kapanadze (née en 1990) a rencontré Mamma Andersson (née en 1962) à Paris, au moment où elle travaillait sur une série de gravures dans un atelier à République (Atelier René Tazé). Originaire de Géorgie, Nino Kapanadze admirait de longue date le travail de Mamma Andersson sans savoir que cette artiste suédoise s’était intéressée à la peinture de Niko Pirosmani, l’une des figures artistiques du pays de sa naissance, ni qu’elle avait écrit un texte au sujet de cet artiste encore mal connu, en particulier sur son usage de fonds noirs dans ses peintures.
"Dust Breeding", 2025 de Jean CLARACQ - Courtesy de l'artiste et de la Galerie David ZWIRNER - Paris © Photo Éric SIMON
L’une et l’autre se passionnent depuis des années pour l’expérience de la fresque, notamment celles de Giotto dans la chapelle des Scrovegni à Padoue, pour les contrastes de lumière et les éclats de couleurs dans les toiles du Greco, comme pour les humbles peintures des églises romanes. À la suite de cette première conversation, l’une et l’autre ont peint, dans la perspective de l’exposition inspirées par des paysages de nature et par des formes simples, dans un étonnant effet d’écho formel et spirituel.
Jean Claracq (né en 1991), qui se trouve être en résidence à New York depuis le début de l’année, est allé rendre visite à Marcel Dzama (né en 1974) dans son atelier de Brooklyn. Les deux artistes ont parlé de musique, de photographie Polaroid, de surf et de la lumière que produit la Lune quand elle est entière. Au fil de la conversation, Jean Claracq et Marcel Dzama ont entrepris de réaliser des oeuvres sur papier à quatre mains, mêlant leurs univers dans une forme de jeu.
Pour expérimenter des formes nouvelles, Jean Claracq s’est éloigné des grandes lignes de ses recherches, de ses références médiévales et de ses variations picturales sur lumière des écrans d’ordinateur et de téléphone. Marcel Dzama, dont les travaux vont de la peinture à la sculpture et à la mise en scène, montre également un ensemble de dessins dans lesquels des personnages costumés explorent nos gestes et nos émotions, jusque dans notre subconscient.
"Källan / La source", 2025 de Mamma ANDERSSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie David ZWIRNER - Paris © Photo Éric SIMON
"Modern / The Mother", 2021 de Mamma ANDERSSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie David ZWIRNER - Paris © Photo Éric SIMON
Mamma Andersson Caractérisées par une combinaison unique de coups de pinceau texturés, de lavis libres, de lignes graphiques sobres et de couleurs évocatrices, les oeuvres de Mamma Andersson (née en 1962) incarnent un nouveau genre de peinture qui rappelle le romantisme de la fin du XIXᵉ siècle tout en s'inscrivant dans un intérêt contemporain pour les compositions psychologiques stratifiées qui s'inspirent d'un large éventail de matériaux.
Jean Claracq Peintre de miniatures et d’icônes, Jean Claracq crée un dialogue entre peinture traditionnelle et monde numérique. Ses modèles sont issus des réseaux sociaux comme Instagram et Grindr. Ils interagissent dans ses tableaux avec de nombreuses références à l’histoire de l’art classique, notamment aux écoles d’Europe du Nord. Attaché aux techniques traditionnelles – par son utilisation de la peinture à l'huile sur bois et son attention portée aux détails – l’artiste joue avec différents niveaux de lecture possibles et dépeint avec précision notre rapport aux écrans et à la solitude en milieu urbain.
"Simone", 2013 de Jean CLARACQ - Courtesy de l'artiste et de la Galerie David ZWIRNER - Paris © Photo Éric SIMON
"We live on a star with the moon as our pet", 2024 de Marcel DZAMA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie David ZWIRNER - Paris © Photo Éric SIMON
Marcel Dzama Depuis qu'il s'est fait connaître à la fin des années 1990, Marcel Dzama (né en 1974) a développé un langage visuel immédiatement reconnaissable qui étudie l'action et la motivation humaines, ainsi que la relation floue entre le réel et le subconscient. Puisant aussi bien dans le folklore vernaculaire que dans l'histoire de l'art et les influences contemporaines, l'oeuvre de Marcel Dzama donne vie à un univers de fantasmes d'enfance et de contes de fées d'un autre monde.
Suzan Frecon Réalisées sur de longues périodes, les peintures à l'huile abstraites et les oeuvres sur papier de Suzan Frecon (née en 1941) invitent le spectateur à une attention soutenue. Dans son travail, la composition sert de structure de base, retenant la couleur, la matière et la lumière. Suzan Frecon mélange les pigments et les huiles pour obtenir des effets différents, et l'expérience visuelle de son travail est renforcée par l'utilisation presque tactile de la couleur et le contraste entre les surfaces mates et brillantes. La figure peut devenir sol et le sol peut devenir figure dans un va-et-vient d'espaces pleins et vides.
Nino Kapanadze Dans ses peintures, Nino Kapanadze (née en 1990) recherche la présence du silence, des sensations de peur ou de paix, et des représentations qui ne sont pas des descriptions. Évitant l'idée qu'une image a une fin ou un point de vue fixe, ni catégorie ni identité prédéfinie, elle explore la sensation de mouvement, de tempo variable et de transparence sur la toile.
"Everything she wants is here", 2024 de Marcel DZAMA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie David ZWIRNER - Paris © Photo Éric SIMON
"Un matin", 2024 de Christine SAFA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie David ZWIRNER - Paris © Photo Éric SIMON
Christine Safa Christine Safa (née en 1994) peint, de mémoire, des paysages. Elle peint aussi des figures, des portraits, parfois doubles. Des instants et des lieux chargés d’émotion que la mémoire a retenus. Des visages et des montagnes mêlés. Des silhouettes et des horizons. Dans la lumière d'un moment que le souvenir a figé. Des figures dans le paysage, réduit à l’essentiel mais vibrant. Une palette chaleureuse qui avoue ses origines méditerranéennes. Ce que c’est qu’être là, simplement mais pleinement, voilà ce que disent avec une empathie évidente ces peintures sobres et puissantes.
Commissaire : Anaël Pigeat
Galerie David ZWIRNER
108, rue Vieille du Temple
75003 Paris
https://images.davidzwirner.com
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.