25 Jun

Terrence MUSEKIWA «Notions of Time»

Publié par Eric SIMON - Catégories : #Expo Sculpture Contemporaine, #Expo Textile Contemporain

Détail "Blanket of Inheritance", 2024-2025 de Terrence MUSEKIWA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Eric DUPONT © Photo Éric SIMON

Du 24 mai au 18 juillet 2025

Nous serons heureux de vous retrouver pour la première exposition en France de Terrence Musekiwa. Son travail se situe entre tradition et contemporanéité, et reflète la complexité du Zimbabwe d’aujourd’hui, où les héritages ancestraux coexistent avec des réalités politiques et économiques en constante mutation. Oscillant entre hommage et critique, son œuvre met en lumière les fractures de son pays tout en affirmant sa richesse culturelle.

Notions of Time (1) est une exposition complexe et profondément stratifiée. Les sculptures ne sont pas seulement des œuvres d’art physiques, mais semblent aussi encapsuler des récits denses et des liens symboliques avec l’histoire, le patrimoine et l’environnement. L’expérience que propose Terrence Musekiwa est une méditation sculpturale sur la relation de l’humanité au temps, à l’héritage et à la transformation.

"Mutumwa asingazivi (Unknown Messenger)", 2024-2025 de Terrence MUSEKIWA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Eric DUPONT © Photo Éric SIMON

"Muzvuva Mhosva", 2024- 2025 de Terrence MUSEKIWA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Eric DUPONT © Photo Éric SIMON

Au cœur de l’exposition se trouvent des têtes de pierre sculptées dans de l’opale, de la serpentine, du marbre et de la pierre de springstone (2) — des matériaux choisis non seulement pour leurs qualités visuelles, mais aussi pour leur charge métaphorique. Chaque pierre, avec sa texture unique, sa couleur et son histoire géologique, devient un réceptacle de mémoire ancestrale et d’identité culturelle.

À leurs côtés apparaissent d’anciens téléphones à cadran,, désormais obsolètes — déconnectés de leur fonction, mais résonnant encore d’une forte charge historique. Autrefois icônes de modernité, ils se dressent à présent comme des reliques d’une époque révolue, marquant les transformations de la communication qui reflètent le parcours du Zimbabwe, de la Rhodésie coloniale à l’indépendance. Juxtaposés aux têtes de pierre, ces téléphones incarnent la tension entre tradition et modernité, entre héritage et rupture.

"Nyambe", 2024-2025 de Terrence MUSEKIWA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Eric DUPONT © Photo Éric SIMON

"Muera Nungu", 2024-2025 de Terrence MUSEKIWA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Eric DUPONT © Photo Éric SIMON

D’autres matériaux — câbles internet, cuivre, laiton, coquilles de cauris, pierre de Springstone, balles, bijoux, plastique dur, jaspe rouge — viennent enrichir la symbolique. Le jaspe rouge, que les anciens considéraient comme une pierre sacrée, liée à la protection, au courage et à la sagesse, confère aux œuvres une dimension rituelle. Jadis talisman des guerriers, il portait en lui une promesse de force et de guidance spirituelle.

Les cauris, autrefois utilisés comme monnaie à travers l’Afrique, sont transformés ici en jetons de valeur héritée et d’échange temporel — la manière dont nous dépensons, économisons et transmettons le temps à travers les générations.

Les métaux tels que l’aluminium, intégrés dans les sculptures, pourraient quant à eux représenter l’intrusion de la mondialisation et de l’industrialisation dans les modes de vie autochtones, et des relations complexes entre technologie, environnement et mémoire. L’inclusion de compteurs d’eau — outil domestique du quotidien — ancre davantage le récit dans l’expérience vécue, montrant comment même le banal est façonné par les grandes forces de l’histoire, de l’industrie et du changement écologique.

"Murwi", 2024-2025 de Terrence MUSEKIWA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Eric DUPONT © Photo Éric SIMON

"Blanket of Inheritance", 2024-2025 de Terrence MUSEKIWA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Eric DUPONT © Photo Éric SIMON

La tapisserie en soie, évoquée comme une "couverture d’héritage", symbolise la transmission : la manière dont le passé enveloppe le présent, apportant à la fois des dons et des responsabilités. Cette métaphore suggère chaleur et poids, confort et fardeau. Elle devient un symbole de la transmission, un rappel que l’héritage n’est jamais seulement un cadeau, mais aussi une responsabilité portée à travers le temps.

L’une des pièces maîtresses, Muzvuva mhosva, met en scène trois mains façonnées en fil de cuivre torsadé et en laiton poli, chacune figée en plein mouvement, marchant sur ses doigts. Elles forment un triangle délicat — équilibré mais précaire — tenant entre elles un unique cauri lumineux. En dessous, une base sculptée en springstone révèle trois cœurs discrets, chacun pointant dans une direction temporelle différente : le passé, le présent, et un futur non nommé.

"Notions of Time", 2025 de Terrence MUSEKIWA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Eric DUPONT © Photo Éric SIMON

"Mambo", 2024-2025 de Terrence MUSEKIWA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Eric DUPONT © Photo Éric SIMON

L’ensemble des œuvres, présentées comme une installation collective où chaque pièce conserve son individualité tout en contribuant à un tout cohérent, incarne l’idée d’interconnexion. Chaque sculpture évoque un moment précis, mais c’est ensemble qu’elles composent un récit dense, où se croisent histoire personnelle, héritage culturel et mutation technologique.

Le thème central de l’exposition suscite une réflexion sur les tensions entre passé et présent, sur la nature éphémère de la technologie, et sur l’impact durable du patrimoine.

(1) Notion de Temps.

(2) Pierre de balsate noire, surnommée Springstone au zimbabwe en particulier

"Graetest of all time (G.O.A.T)", 2024-2025 de Terrence MUSEKIWA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Eric DUPONT © Photo Éric SIMON

Terrence Musekiwa est né en 1990, à Seke, Zimbabwe.Il vit et travaille entre Londres et Harare.

Le sculpteur zimbabwéen, a commencé à tailler la pierre à l'âge de cinq ans, apprenant d'abord auprès de son père avant de s'éloigner des conventions traditionnelles. Son travail mêle l'art traditionnel et contemporain, fusionnant pierre et objets industriels pour aborder des thèmes comme la politique, le commerce et les difficultés sociales du Zimbabwe, tout en rendant hommage à la culture locale. Il a exposé dans de nombreuses galeries à travers le monde, et ses œuvres sont présentes dans des collections permanentes, comme celles de la National Gallery of Zimbabwe et du Département d'État des États-Unis.

En 2022, il représente le Zimbabwe à la Biennale de Venise et participe à la Biennale de Dakar.

Galerie Eric DUPONT

138, rue du Temple
75003 Paris

https://www.eric-dupont.com/

Horaires et jours d'ouverture du mardi au samedi de 11h à 19h.