Amélie BERTRAND «Hyper Nuit»
Du 2 octobre 2024 au 27 janvier 2025
Depuis le début des années 2010, le vocabulaire d’Amélie Bertrand se compose de motifs — presque de signalétiques — que chacun peut appréhender aisément, murs en briques, grillages, chaines, carrelages de piscine, issus des réponses affichées par l’internet, à des interrogations en forme de mots-clefs. Elle les combine ensuite en « espaces crédibles » formant des paysages toujours étranges, devant lesquels une sensation de mirage suscite souvent le malaise, explorant les possibilités et les contradictions de ces images artificielles.
Au centre de cet univers, les nymphéas deviennent des formes, ou peut-être à l’inverse, la forme géométrique devient nénuphar, un motif dont l’efficacité est prouvée, définitivement vérifiée, presque épuisée par l’immense série de Claude Monet et le décor immersif du musée de l’Orangerie.
Redessinée, normalisée, la feuille du nénuphar est au cœur d’une réflexion sur la peinture, la composition du tableau, et la recherche de solutions formelles permettant la création d’un espace visuel. « En commençant à les peindre, s’enthousiasme Amélie Bertrand, j’ai senti que c’était le truc le plus cool que j’avais réalisé depuis longtemps. C’était facile, j’étais libre parce que le nénuphar intervenait tout de suite sur la peinture. (..)
Les zones colorées des nénuphars arrivaient et me permettaient de mettre en place facilement des superpositions, des transparences, des ombres. Juste des jeux formels de peinture ».
L’artiste, après une longue élaboration d’abord sur son ordinateur puis sous forme de pochoirs, peint scrupuleusement les motifs à l’huile suivant une technique en une seule couche formant des aplats impeccablement lisses ou des dégradés virtuoses. Elle convoque des couleurs à la suavité sans limite pour des effets de lumière impossibles, au service d’un univers destiné à être observé plutôt que déchiffré.
Au moyen d’une peinture d’une facture impeccablement lisse, Amélie Bertrand (née en 1985) s’éloigne des paysages idéaux inspirés de la nature et forme des décors entre rêves et cauchemars. Ses plans et surfaces sont échafaudés avec complexité et minutie, pour bifurquer dans des perspectives biaisées et des horizons sans profondeur.
Toutes sortes de matériaux et motifs typiques de l’époque saturent la composition : OSB, stratifié, grillage, carrelage, molleton, chaîne, feuillage. Les couleurs sont posées en dégradés, toujours en une seule couche, comme retenues à la surface de l’écran insondable.
Amélie Bertrand crée une atmosphère de déjà-vu, un climat contemporain à la fois psychologique et physique, dans le strict espace de la peinture. Chaînon manquant entre Giotto et la peinture West Coast, Amélie Bertrand appareille la grande tradition au psychédélisme synthétique et procède à une mise en aplat réglé de la culture visuelle contemporaine.
Musée de l’ORANGERIE
Place de la Concorde, Jardin des Tuileries
75001 Paris
www.musee-orangerie.fr
Jours et horaires d’ouverture : Tous les jours sauf le mardi de 9h à 18h
Plein tarif 9 € — Tarif réduit 6,5 €
Entrée gratuite les premiers dimanches du mois