Expo Peinture Contemporaine: Jutta HAECKEL « Drift »
Du 7 octobre au 4 novembre 2017
”Les difficultés de la dérive sont celles de la liberté”, Guy Debord, Théorie de la dérive, 1956
La peinture de Haeckel nous invite à une errance entre ravissement et désenchantement, à sortir des sentiers battus, à se perdre.
Dans son travail elle combine à la fois les oppositions et les paradoxes: matérialité et invisibilité, hasard et stratégie, permanent et fugace, souvenir et futur. Son traitement est non figuratif mais
pas non plus strictement abstrait.
Haeckel peint notre monde comme un organisme vivant, à la fois vulnérable et résistant, dans des chromatismes lumineux et contrastés. Pour ce faire, elle puise dans les études scientifiques (étude de janvier 2016 sur les signatures climatiques, biologiques et géochimiques de l’activité humaine dans les sédiments et les carottes de glace), dans l’iconographie scientifique (images satellite, ou cartes plus spécifiques simulant
les conséquences du réchauffement de la planète sur l’élévation du niveau des océans ect.), historique (cartes médiévales) et dans l’histoire de l’art à travers la citation ou en recyclant des techniques liées à l’abstraction.
Ainsi ses peintures peuvent s’apparenter à des cartes psychogéographiques de paysages polyfocaux; à ceci près qu’elles ne rendent pas compte d’un territoire existant.
À travers un long processus de création, Haeckel explore et repousse les limites de ses matériaux, les couches de peinture se succèdent dans un jeu infini de grattages, de recouvrements suivis de maints effacements et de reprises.
Plus spécifiquement et l’une des originalités de son processus : Haeckel crée ses formes en peignant uniquement leur espace négatif; ce qui inverse notre perception de l’avant-plan et de l’arrière-plan, autrement dit ce qui semble être au premier plan est en réalité la première couche picturale.
Haeckel parle à ce sujet de « concept fluide de l’espace » car en renversant notre perception, cette technique lui permet de multiplier les points de vues dans un seul espace ; et pour le spectateur la perception à l’œil d’un sujet quasi tridimensionnelle.
Dans ses dernières peintures sur toile de jute, nous retrouvons cette écriture mais pour ce faire, Haeckel travaille au préalable sa toile en extirpant les fils à certains endroits afin de rendre le quadrillage du tissage plus large et irrégulier, cherchant à travailler entre les interstices. Le tissage de la toile devient comparable à un système de coordonnées géographiques, composé de parallèles et de méridiens.
Haeckel peint également les deux côtés de la toile de jute et sans décider au préalable la face qui sera visible la face cachée viendra ainsi perturber par des jeux de transparence, tel un fantôme, la face qui sera rendue
visible in fine.
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