Exposition Peintre du XIX ème Siècle: TURNER, Peintures et Aquarelles. Collections de la Tate
Du 13 mars au 20 juillet 2020
En 2020, le musée Jacquemart-André présente une rétrospective de Joseph Mallord William Turner (1775-1851). Incontestablement le plus grand représentant de l’âge d’or de l’aquarelle anglaise, il en exploita les effets de lumière et de transparence sur les paysages anglais ou les lagunes vénitiennes.
Grâce aux prêts exceptionnels de la Tate Britain de Londres, qui abrite la plus grande collection de Turner au monde, le musée Jacquemart-André accueille une exposition de 60 aquarelles et quelque 10 peintures à l’huile, dont certaines n’ont jamais été présentées en France.
"Vue des gorges de l’Avon", 1791 de J. M. W. Turner - Tate, accepté par la nation dans le cadre du legs Turner 1856, Photo © Tatejpg
"Venise: San Giorgio Maggiore – tôt le matin", 1819 de J. M. W. Turner - Tate, accepté par la nation dans le cadre du legs Turner 1856, Photo © Tate
Outre ses œuvres achevées destinées à la vente, Turner conservait pour lui-même un fonds considérable d’œuvres, laissé à sa mort dans sa maison et dans son atelier. Avec leur caractère propre, ces esquisses, plus expressives et expérimentales, sont certainement plus proches de sa vraie nature que celles peintes pour le public.
Au total, après la mort de l’artiste, la nation britannique en 1856 reçoit un legs immense comprenant de une centaine de peintures à l’huile, des études inachevées et des ébauches, ainsi que des milliers d’œuvres sur papier : aquarelles, dessins et carnets de croquis. L’écrivain John Ruskin, l’un des premiers à avoir étudié l’ensemble de ce legs, observa que Turner avait réalisé la plupart de ces œuvres « pour son propre plaisir ».
Aujourd’hui conservé à la Tate Britain, ce fonds révèle toute la modernité de ce grand peintre romantique. L’exposition dévoile une partie de ce fonds intime qui offre des points de vue uniques sur l’esprit, l’imagination et la pratique privée de Turner.
"La Vision de Colomb, pour les Poèmes de Samuel Rogers", vers 1830–1832 de J. M. W. Turner - Tate, accepté par la nation dans le cadre du legs Turner 1856, Photo © Tate
"Le Rameau d’or", exposé en 1834 de J. M. W. Turner - Tate, offert par Robert Vernon, 1847, Photo © Tate
"Dinant, Bouvignes et Crèvecoeur : coucher de soleil", vers 1839 de J. M. W. Turner - Tate, accepté par la nation dans le cadre du legs Turner 1856, Photo © Tate
Cette monographie évoque le jeune Turner, issu d’un milieu modeste. D'abord autodidacte, il travaille chez un architecte, prend des cours de perspective et de topographie, puis entre à l'école de la Royal Academy à l'âge de quatorze ans. Insatiable voyageur, il s'affranchit progressivement des conventions du genre pictural et met au point sa propre technique.
Un parcours chronologique permet de suivre pas à pas son évolution artistique : de ses œuvres de jeunesse d’un certain réalisme topographique, aux œuvres de sa maturité, plus radicales et accomplies, fascinantes expérimentations lumineuses et colorées.
Associées ici à quelques aquarelles achevées et peintures à l’huile pour illustrer leur influence sur la production publique de Turner, ces œuvres très personnelles demeurent aussi fraîches et spontanées que lorsqu’elles sont nées sur le papier.
Commissariat: David Blayney Brown, conservateur senior de l’art britannique du XIXe siècle à la Tate Britain de Londres.
Pierre Curie, conservateur du musée Jacquemart-André. Exposition réalisée en collaboration avec la Tate, Londres.
"Quai de Venise, palais des Doges", exposé en 1844 de J. M. W. Turner - Tate, accepté par la nation dans le cadre du legs Turner 1856, Photo © Tate
"La Visite de la Tombe", exposé en 1850 de J. M. W. Turner - Tate, accepté par la nation dans le cadre du legs Turner 1856, Photo © Tate
William TURNER (1775 - 1851)
Vers le 23 avril 1775 : Joseph Mallord William Turner naît à Londres.
1789 : Il entre à l’école de la Royal Academy, tout en travaillant auprès d’architectes et de dessinateurs d’architecture parmi lesquels Thomas Malton qu’il évoquera par la suite comme « [s]on véritable maître ».
Avant 1794 : Il assiste aux séances de l’« académie » du soir du docteur Thomas Monro, où il copie les œuvres d’autres artistes.
À partir de 1790 : Il expose des aquarelles à la Royal Academy jusqu’à ce qu’il envoie en 1796 sa première peinture à l’huile, Pêcheurs en mer.
À partir du milieu des années 1790 : Turner adopte un rythme qu’il conservera presque toute sa vie : il voyage en été et travaille dans son atelier durant les mois d’hiver, le dessin exécuté sur le motif servant de base à son travail en atelier. Il est bientôt soutenu et recherché par des collectionneurs comme Richard Colt Hoare, William Beckford à l’abbaye de Fonthill et le duc de Bridgewater.
1799 : Élu membre associé de la Royal Academy, puis académicien en 1802, il est considéré comme un artiste prodige appelé à devenir le peintre majeur de sa génération.
1802 : Pendant la paix d’Amiens, Turner effectue un voyage dans les Alpes suisses, ainsi qu’un séjour à Paris qui lui permet d’étudier les maîtres anciens au Louvre.
1804 : Turner ouvre sa propre galerie. Il y expose ses œuvres sur papier et des peintures plus petites et plus intimes que ses tableaux envoyés à la Royal Academy. Ces expositions attirent beaucoup de collectionneurs, dont Walter Fawkes et George Wyndham, 3e comte d’Egremont. Les mécènes de Turner lui ouvrent leurs domaines de Farnley Hall dans le Yorkshire et de Petworth dans le Sussex, sites où l’artiste peut venir se détendre et peindre des études colorées intimistes. Ses aquarelles évoquent avec allant la vie des manoirs et la haute société qu’il est amené à fréquenter.
À partir de 1806 : Turner établit une classification de l’histoire et de la pratique de la peinture paysagère – de la montagne à la marine, du paysage naturel au paysage idéal – et prouve sa maîtrise de ces différentes catégories dans une série de gravures originales, le Liber Studiorum (« Livre des Études »), dont le titre fait référence au Liber Veritatis de Claude Lorrain.
1807 : Il est nommé professeur de perspective à la Royal Academy, où il débute son enseignement en 1811 après plusieurs années de recherche et de préparation. Ses cours et son Liber révèlent son talent de pédagogue et témoignent, avec les œuvres exposées dans sa galerie et ailleurs, de son énergie exceptionnelle et de sa détermination à s’imposer auprès du public.
1810, 1811, 1813 : Outre les périples effectués dans le Sussex, le Kent (1810) et le West Country (1811), le voyage de 1813 fournit à Turner le matériau de son livre Vues pittoresques de la côte sud de l’Angleterre. Il s’agit de la première série importante de sujets topographiques gravée d’après ses aquarelles.
Ces gravures, riches en souvenirs et en évocations de la vie contemporaine, avec son industrie et ses loisirs, sont comme un miroir de l’Angleterre du début du XIXe siècle.
1815 : Sa galerie accueille, entre autres visiteurs de renom, le sculpteur italien Antonio Canova qui reconnaît en Turner un grand génie.
1817 : La paix durablement instaurée en Europe permet à Turner de visiter la Hollande et la Belgique. Durant cette période, plusieurs expositions lui sont consacrées dans les propriétés de ses collectionneurs et à la Royal Academy.
1818 : Il inaugure une veine topographique et littéraire en visitant l’Écosse pour illustrer Antiquités provinciales et Scènes pittoresques de l’Écosse de Walter Scott. Les années suivantes, il persévère dans cette voie en illustrant des poésies de Lord Byron, Samuel Rogers, Thomas Campbell et Thomas Moore, ainsi que certaines œuvres de John Milton.
1819 : Premier voyage de Turner en Italie, l’un des plus importants et décisifs de sa carrière. Il séjourne à Venise, Rome et Naples.
1821-1832 : Il visite la France, parcourt les rives de la Seine et de la Loire. 1828 : Second voyage en Italie. Il s’installe à Rome, où il peint et expose de nouvelles œuvres.
1829 : Son père meurt en septembre. Ce deuil est suivi de la perte de son ami Thomas Lawrence, pour lequel Turner était « incontestablement le premier peintre de paysages en Europe ».
1833-1835 : Longs voyages en Europe. Durant cette période, il publie trois volumes de gravures intitulés Promenades au bord de la Loire et Promenades au bord de la Seine, commercialisés sous le titre générique « Turner’s Annual Tour ».
1841-1844 : La visite de la Suisse offre de nouveaux sujets d’inspiration. Turner la représente souvent dans ses peintures qui reflètent la dimension cosmopolite et européenne de sa maturité artistique, ainsi qu’une technique consommée.
1843 : Ruskin publie le premier volume de son livre Les Peintres Modernes et place Turner à la tête de ces artistes. Il devient le porte-drapeau d’une nouvelle génération d’admirateurs de Turner, qui saluent la modernité de son œuvre. Leur enthousiasme pour ses aquarelles et ses huiles est une source renouvelée de travail qui occupera Turner jusqu’à la fin de sa vie.
1845 : Turner devient président par intérim de la Royal Academy.
1848 : Pour la première fois depuis 1824, Turner n’expose aucune œuvre à la Royal Academy. La même année, il modifie sa succession et ajoute un codicille à son testament, mentionnant un « legs » et proposant un accrochage biennal de ses œuvres achevées.
1849-1850 : La santé de Turner décline rapidement et il expose pour la dernière fois à la Royal Academy en 1850. Il mène à présent une vie recluse, plus particulièrement lors de ses séjours à Margate, où sa compagne depuis 1833, Mrs Booth, prend soin de lui.
Le 19 décembre 1851 : Mort de Turner. Il est inhumé le 30 décembre dans la crypte de la cathédrale Saint-Paul, à côté de Sir Joshua Reynolds et de Sir Thomas Lawrence, selon son vœu « d’être enterré parmi [s]es frères en art »
Musée Jacquemart-André - Institut de France
158 Boulevard Haussmann
75008 Paris
www.musee-jacquemart-andre.com
Jours et Horaires d’ouverture: Tous les jours de 10h à 18h.
Nocturne les lundis jusqu'à 20h30