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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

05 Jul

Marcos CARRASQUER «Abra su maleta»

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Peinture Contemporaine, #Expo Dessin Contemporain

"My first NFT", 2025 de Marcos CARRASQUER - Courtesy de l'artiste et de la Galerie POLARIS © Photo Éric SIMON

"My first NFT", 2025 de Marcos CARRASQUER - Courtesy de l'artiste et de la Galerie POLARIS © Photo Éric SIMON

Du 24 mai au 25 juillet 2025

 

 

 

 

 

Ce titre de la nouvelle exposition de Marcos Carrasquer pourrait nous renvoyer aux contrôles des frontières, il rappelle et impose l’impuissance face à l’autorité. Mais ici il s’agit de l’artiste Marcos Carrasquer, alors si on lui demande d’ouvrir sa valise, attention, il va y avoir beaucoup de choses qui vont en sortir.

 

 

 

 

On lui connait ce foisonnement d’idées. On attend avec inquiétude à chacune de ses expositions, sa façon de voir notre monde, de mettre à nu l’être humain avec tous ses travers ses défauts et ses torts. On attend aussi avec impatience son humour acerbe, sa poésie dévastatrice, sa façon de nous conter la réalité du monde, de nous décrire les phénomènes qui nous entourent face à notre humble position.

 

"Soyons tout", 2025 de Marcos CARRASQUER - Courtesy de l'artiste et de la Galerie POLARIS © Photo Éric SIMON

"Soyons tout", 2025 de Marcos CARRASQUER - Courtesy de l'artiste et de la Galerie POLARIS © Photo Éric SIMON

"Eva Maris se fue", 2023 de Marcos CARRASQUER - Courtesy de l'artiste et de la Galerie POLARIS © Photo Éric SIMON

"Eva Maris se fue", 2023 de Marcos CARRASQUER - Courtesy de l'artiste et de la Galerie POLARIS © Photo Éric SIMON

Mêlant tragique et grotesque, les scènes, que l’on peut situer entre cauchemars et rêves, donnent à l’artiste la possibilité d’explorer avec minutie le théâtre de l’humanité. Ses oeuvres souvent d’une teneur sociale dénoncent tant de choses mais donnent aussi la direction d’un possible espoir. Marcos Carrasquer trouve par la peinture à remettre un peu d’ordre dans cette société emprise de confusion. Et comme il le souligne, aucune de ses oeuvres ne peut malheureusement dépasser notre réalité quotidienne. Sa peinture est alors la conscience de notre société.

 

 

 

 

On lui pardonnera de nous épier avec autant de bonheur, de nous décortiquer avec autant de malice, de faire de nous sa matière première, avec dérision en digérant et recrachant nos travers avec une dextérité du pinceau et de la plume et une maitrise du détail.

 

 

 

 

La peinture devient au bout de ses doigts une arme de l’intelligence, il nous ouvre les yeux. Tout n’est pas beau à voir, et cette arme peut faire mal, car nous ne sommes pas dans la peinture de fiction, mais quelle ironie ! Que de vérités ! Sur les êtres humains, sur notre histoire, notre société, notre culture. Quelle puissante liberté d’expression ! B.U

 

"A few euros short", 2024 de Marcos CARRASQUER - Courtesy de l'artiste et de la Galerie POLARIS © Photo Éric SIMON

"A few euros short", 2024 de Marcos CARRASQUER - Courtesy de l'artiste et de la Galerie POLARIS © Photo Éric SIMON

Avec ce titre pour ses nouvelles peintures – surtout pas une série, l’artiste n’aime pas ce terme - Marcos Carrasquer comme souvent dans ses peintures s’ingénie à troubler notre confort moderne. Si on pense immédiatement au passage à la douane des voyageurs suspects de contrefaire à nos lois et priés d’ouvrir leurs bagages, c’est aussi l’idée de déballer son âme pour mieux y voir ce qu’elle contient. Et c’est là le génie de l’artiste : appuyer où cela fait mal tout en peignant un quotidien qu’il faut inspecter scrupuleusement pour en comprendre tout le sens.

 

 

 

 

 

Ainsi, avec Nouvelle , nouvelle figuration au-delà d’une scène au musée Grevin où les figures de Poutine et Trump sont surveillées par un gardien qui lit Walter Benjamin, il faut prendre garde à ce dessinateur au bas du tableau. Est-ce un anonyme ou Marcos – on reconnait son nez- qui s’efforce d’en faire un croquis réaliste, lui qui ne pratique pas le dessin préparatoire à part quelques esquisses jetées sur les bouts de papier et vite oubliées.

 

"double autoportrait", 2023 de Marcos CARRASQUER - Courtesy de l'artiste et de la Galerie POLARIS © Photo Éric SIMON

"double autoportrait", 2023 de Marcos CARRASQUER - Courtesy de l'artiste et de la Galerie POLARIS © Photo Éric SIMON

Data pourrait être une version moderne d’un sabotage. La nuit de 27 mars 1943, un groupe de résistants hollandais mené par le sculpteur Gerrit van der Veen et le peintre Willem Arondeus fait disparaitre les registres officiels recensant les habitants d’Amsterdam pour y soustraire le nom des juifs aux yeux des nazis et les sauver de la déportation.

 

 

 

Les membres du groupe seront exécutés. Mais pourquoi le peintre reprend-il cette histoire ?

Pour pousser les employés des Data Center à faire sauter les innombrables données personnelles aujourd’hui conservées par ces centres informatiques ?

Pour nous pousser à imaginer des cyber-attaques et nous révolter face à ces nouvelles formes de surveillance ?

 

 

 

Autre toile : Zeuxis. Un artiste grec de la fin du Ve siècle et du début du IV siècle avant J.-C . Célèbre pour son talent à créer des images d'un réalisme saisissant. La légende raconte qu’Il a un jour peint des raisins, si vrais que les oiseaux s'y sont précipités pour les picorer. Le Zeuxis contemporain est faussaire. Il connaît une brillante carrière avant d'être arrêté. Après une longue peine de prison, il crée une entreprise. Et sur le flanc de ses camions, Il peint lui-même les billets de 100 €. Mais le personnage central du tableau est un braqueur. Il vient de dévaliser un camion de transport de fonds. Fasciné par Zeuxis, il embrasse le billet peint par Zeuxis et oublie complètement son butin qu’il vient de voler. Comme quoi la peinture dépasse parfois la réalité…

 

"Zeuxis", 2024 de Marcos CARRASQUER - Courtesy de l'artiste et de la Galerie POLARIS © Photo Éric SIMON

"Zeuxis", 2024 de Marcos CARRASQUER - Courtesy de l'artiste et de la Galerie POLARIS © Photo Éric SIMON

"Autoportrait inachevé unfinished self-portrait", 2025 de Marcos CARRASQUER - Courtesy de l'artiste et de la Galerie POLARIS © Photo Éric SIMON

"Autoportrait inachevé unfinished self-portrait", 2025 de Marcos CARRASQUER - Courtesy de l'artiste et de la Galerie POLARIS © Photo Éric SIMON

Mémoire, souvenir, traces du passé dans le présent, avec Ouvrez votre valise, Marcos Carrasquer continue son travail de dénonciation tout en gardant un esprit libre et percutant. Pas de rancoeur, l’artiste s’assume et répond pour lui-même de ce qu’il dit, de ce qu’il fait resurgir. Un travail touffu où certaines forces s’annulent, certains détails nous échappent au profit d’une dénonciation permanente à travers l’histoire du monde, les horreurs de la guerre, des perversions politiques, des ressemblances des figures au pouvoir.

 

 

 

MC aime les grimer, les pasticher, en saisit le ridicule, le factice. Son univers pictural ainsi délimité, il affine ses analyses, pousse plus loin ses critiques, affirme le grotesque des situations. Avec ses incursions dans le monde d’aujourd’hui, il construit un sabordage général du quotidien qui n’échappe à la banalité qu’à coups de catastrophes, de discours pompeux, d’imagerie de faits divers.

 

"Nouvelle nouvelle figuration", 2025 de Marcos CARRASQUER - Courtesy de l'artiste et de la Galerie POLARIS © Photo Éric SIMON

"Nouvelle nouvelle figuration", 2025 de Marcos CARRASQUER - Courtesy de l'artiste et de la Galerie POLARIS © Photo Éric SIMON

Sa peinture démonte une à une les fantasmagories du système, il les rapproche, juxtapose sur sa toile deux scènes vécues dans des moments différents, en faisant intervenir dans un champ pictural un élément étranger, en donnant au quotidien une dimension utopique. Peintre figuratif – sans rejeter l’abstraction, il admire Malevitch – Marcos Carrasquer. est bien un voyeur de l’histoire qui manie le calembour, le mot d’esprit, une certaine inquiétante étrangeté dans un espace pictural et découvre ainsi les faiblesses, les fatuités des hommes. Ces toiles sèment le désordre, la panique tout en gardant une vision presque joyeuse de cette  société qui part en « couilles ».

 

 

 

Le sérieux devient burlesque, l’important dérisoire. Carrasquer trace une partie d’itinéraire dans la déconstruction de l’ordre. Il suggère au regardeur d’aller plus loin. L’ironie est une porte ouverte, un support qui doit être solide. Mais avant tout et pour comprendre le travail de l’artiste, il faut prendre conscience du plaisir que prend Carrasquer à peindre. Il est persuadé de ne rien inventer. Tout existe à l’état latent. Il trouve que, dans la vie, existe un potentiel d’images inépuisable. Sa peinture est joyeuse, drôle et sème le germe de l’impertinente. Peut-être rêve-t-il de lever une génération de résistants, qui iraient peupler les rangs de la dissidence.

 

 

- Françoise Docquiert

 

Galerie POLARIS
15 rue des Arquebusiers
75003 Paris

 

 

 

 

http://galeriepolaris.fr/

 

 

 

 

 

Horaires et jours d’ouverture : Du mardi au samedi de 11h à 19h.

 

 

 

 

 

 

 

 

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