"Poem #2: The eye level is level with the eye", 2001/2012 d'Allen RUPPERSBERG - Courtesy Air de Paris © Photo Éric Simon
Du 21 Mai au 9 Juin 2016
Allen Ruppersberg est né en 1944 à Cleveland. Sturtevant est née à Lakewood en 1930 et nous a quittés en 2014.
Ces deux grands artistes sont nés dans l’Ohio à 14 années d’intervalle et 14 minutes de distance en voiture. Ils se retrouvent le 21 mai pour leur troisième exposition personnelle chez Air de Paris.
"Poem #2: The eye level is level with the eye", 2001/2012 d'Allen RUPPERSBERG - Courtesy Air de Paris © Photo Éric Simon
"Poem #2: The eye level is level with the eye", 2001/2012 d'Allen RUPPERSBERG - Courtesy Air de Paris © Photo Éric Simon
Allen Ruppersberg appartient à la première génération d’artistes conceptuels américains. Né à Cleveland, Ohio, en 1944, ,il se rend pour la première fois en Californie à l’âge de 11 ans et rêve à l’époque de devenir animateur aux studios Walt Disney.
À l’issue de ce voyage, c’était réglé, il savait qu’il reviendrait en Californie dès que possible. Son œuvre est indéniablement façonnée et marquée par l’esprit et la philosophie de Los Angeles et de la Californie du Sud.
Il a participé à de nombreuses expositions historiques et initiatrices du mouvement conceptuel tels que « When Attitudes Become Form », par Harald Szeemann et « January 5-31 » par Seth Siegelaub, toutes deux organisées en 1969. Le Walker Art Museum, Minneapolis lui consacrera une importante exposition en 2018. Son œuvre majeure «The Singing Posters: Poetry Sound Collage Sculpture Book», inspirée du poème «Howl» d’Allen Ginsberg sera présentée dans l’exposition consacrée à la Beat Generation, au Centre Pompidou du 22 Juin au 3 Octobre 2016.
"Untitled (old shep)", 2016 d'Allen RUPPERSBERG - Courtesy Air de Paris © Photo Éric Simon
"Read Em' Weep (Part 1)", 1979/2016 d'Allen RUPPERSBERG - Courtesy Air de Paris © Photo Éric Simon
Détail "Read Em' Weep (Part 1)", 1979/2016 d'Allen RUPPERSBERG - Courtesy Air de Paris © Photo Éric Simon
Détail "Read Em' Weep (Part 1)", 1979/2016 d'Allen RUPPERSBERG - Courtesy Air de Paris © Photo Éric Simon
"Hey, Hey Mr Art World (Whoa !!)", 1979/2016 Détail "Read Em' Weep (Part 1)", 1979/2016 d'Allen RUPPERSBERG - Courtesy Air de Paris © Photo Éric Simon
En utilisant des « livres » pour représenter les mythologies et les croyances qui définissent la culture qui leur accorde une valeur, Ruppersberg semble parfois s’imaginer que nous sommes nos livres comme si nous devenions tous des livres parce que nos identités et nos souvenirs sont constitués de mélanges de fictions organisées et de vérités, le tout sous la forme d’une collection de narrations. Je pense que c’est dans cette optique que Ruppersberg a souvent représenté des « collections » de livres lui-même – comme pour illustrer en
quelque sorte une conscience en soi et de soi […]
Il paraît évident que, depuis la fin des années soixante et le début des années soixante-dix, Ruppersberg travaille à la création de son autoportrait comme du portrait de son époque à mesure qu’il décrit ses collections de narrations qui nous portent et que nous portons en nous. »
Ce qu’on aime dans la vie... Allan Mc Collum, texte sur l’oeuvre d’Allen Ruppersberg, page 77, Allen Ruppersberg, Books, Inc, éd.
Allen RUPPERSBERG est né en 1944, il vit et travaille à New York et Santa Monica, USA.
Impression Numérique "KILL", 2003/2014 de Sturtevant - - Courtesy Air de Paris © Photo Éric Simon
STURTEVANT "KILL STUPIDITY"
Si la pornographie pût un temps être considérée, pensée ou vécue comme révolutionnaire elle est aujourd’hui diluée dans la marchandise et subie non plus comme confusion des sens mais indifférenciation du sens.
La pornographie, c’est le monde environnant, le martelage des représentations abêtissantes et d’apparence joyeuses, l’incitation permanente à la fête consommatrice. Alors quand Sturtevant reprend intégralement une vidéo publicitaire, qu’elle présente sur un papier peint joliment composé, ça tue.
Film numérique "STUPIDITY", 2013 de Sturtevant - - Courtesy Air de Paris © Photo Éric Simon
Une exposition de Sturtevant est toujours un événement. Un événement qui rouvre la question de la représentation, qui la déchaîne. L’ouverture d’un espace à double fonds : le double du langage, de l’oeuvre et de sa réplique. Mais ce qui intéresse encore davantage Sturtevant dans cet âge numérique, c’est le renversement des valeurs, des hiérarchies de la réalité et de ses représen- tations.
Mes pièces, dit Sturtevant : « reflètent notre cybermonde d’excès, d’entraves, de transgression et de dilapidation ». « Autrefois, la force supérieure, c’était celle du savoir, de l’intelligence, de la vérité. Aujourd’hui, la force supérieure, c’est haïr, tuer tandis que le masque de la vérité recouvre le pouvoir dangereux du mensonge ».
La dernière partie de la production de Sturtevant regarde frontalement cette violence totalisante, la fascination exercée par ces réalités miroitantes.
Elle a préfiguré ce virage de l’art, devenu un segment de la culture, embarqué tout entier dans l’ambiance aveugle et brillante des simulacres, l’art n’étant plus un espace de production, mais une bande de lecture, bande de codage et de décodage, bande magnétisée par les signes.
Elle a vu venir le devenir-machine reproductrice de Warhol, le vertige de ces signes sériels, sans contrefaçon, sans sublimation possible, immanents dans leur répétition, cet univers cool de la digitalité, qui absorbe les réalités sans pouvoir les refouler.
Stéphanie Moisdon
Extraits de Sturtevant Sturtevant, 2015.