DAVID ALTMEJD: "Le biologiste de la destruction séduisante"
Le sculpteur québécois David Altmejd naît à Montréal en 1974.
David Altmejd étudie les arts visuels à l'Université du Québec à Montréal, puis les Beaux Arts à l'Université Columbia
de New York, où il obtient sa maîtrise en 2001.
"Je me suis rendu compte que ce qui m'intéressait le plus, ce n'était pas d'apprendre des codes et un langage, mais
plutôt d'en inventer. Et le seul domaine où l'on encourage cela, c'est en art." David Altmejd
La figure du loup-garou, emblématique chez David Altmejd, apparaît en 1999. Réinterprétée à plusieurs reprises, cette figure mi-animale mi-humaine permet à l'artiste d'exprimer la tension inhérente aux rapports antinomiques qu'il aime susciter dans ses oeuvres.
Les monstres de David Altmejd font peur plus qu'ils ne séduisent. Mais ils se cachent généralement au sein de constructions de métal et de verre, d'échafaudages ornés de fleurs, d'oiseaux, de plumes et de miroirs qui ont quelque chose de vivant, de chatoyant, de merveilleux et d'indéniablement séduisant.
Les sculptures de David Altmejd mélangent graffitis, sous-vêtements souillés, fleurs de plastique et bijoux de pacotille. Connu pour ses installations qui multiplient les références aux légendes, au cinéma et à la science-fiction, David Altmejd expose au Québec, aux États-Unis et en Europe.
Chez David Altmejd, rien n'est vraiment ce qu'il semble être... Par condensation, déplacement, éclatement puis re-figuration, tout dans son oeuvre nous renvoie aux mécanismes du rêve. Aussi, l'artiste fait revivre plusieurs fantômes de la tradition artistique comme le socle, le cabinet de curiosité, le gisant, la vanitas et la relique.
Dans son travail de réflection, il y a de l'érotique et de l'onirique en quantité, et son intérêt pour la transformation des corps nous place d'emblée du côté d'un rapport intime et empathique à ses grands lycanthropes qui nous ressemblent, captés en pleine transformation et comme coincés quelque part entre l'humain et l'animal, le vivant et le minéral. Ses oeuvres sont complexes et souvent autoréférentielles : des moulages et des objets sont mis en scène dans un décor exubérant, chargé d'ornements, de bijoux, de breloques et de toutes sortes de choses scintillantes. Il y a des fleurs aussi, des écureuils naturalisés, des ossements, des cheveux synthétiques, des cristaux, le morbide toujours inextricablement mêlé à une étrange beauté qui n'est jamais très loin du monde de l'enfance. Il y a aussi l'idée de la décapitation, de la douleur et de la violence.
Chez David Altmejd, en effet, la mort est partout, mais elle n'est pas effrayante: elle marche doucement, toujours à moitié cachée. Elle est en fait le passage obligé vers l'inévitable transfiguration, idée centrale du travail de l'artiste.
Les constructions de David Altmejd annoncent la fin d'un monde. A la fois romantiques, futuristes et post-apocalyptiques, elles nous disent que la destruction peut être séduisante et parfois nécessaire. Par toutes sortes de stratagèmes plastiques, Altmejd laisse souvent un "trou noir" géométrique dans ses oeuvres ou dans le socle de ces dernières, une entrée inaccessible mais pourtant invitante, qui peut laisser supposer un accès réel au monde duquel sont issues ses pièces.
En 2007, David Altmejd représente le Canada à la Biennale de Venise. En 2009, il remporte le prix des arts Sobey, l'un
des prix les plus prestigieux en arts visuels au Canada. Le prix Sobey est décerné tous les deux ans à un artiste de moins de 40 ans qui a exposé ses oeuvres dans un musée ou une galerie d'art au
cours des 18 mois précédant sa nomination.
"Ma préoccupation a toujours été d'avoir l'impression de faire quelque chose de complexe qui peut générer une énergie,
dit-il. Mon défi est de toujours continuer à créer quelque chose de vivant." David Altmejd