Expo Collective Contemporaine: "UNIQUES EN LEURS GENRES"
Du 19 novembre au 17 décembre 2016
Attention certaines oeuvres exposées peuvent choquer certaines personnes.
Artistes présentés: Morton BARTLETT, Hans BELLMER, Julien CARREYN, Hélène DELPRAT, Roe ETHRIDGE, Michel JOURNIAC, John KAYSER, Boris MIKHAILOV, Pierre MOLINIER, Joan RABASCALL, Thomas RUFF, Miroslav TICHY, Betty TOMPKINS, Eugene Von BRUENCHENHEIN
«Passer sa porte, ce n’était pas errer dans un monde marginal, c’était franchir le seuil d’un autre monde», écrivit Bourgeade à propos de Molinier, figure tutélaire de cette exposition.
Cet «autre monde», c’est celui de l’auto-érotisme, des jeux de la personnalité, de l’espace domestique comme théâtre des fantasmes les plus intimes. Toutes les variations y sont envisageables, les rôles n’y sont pas figés comme au-dehors; dans la pénombre relative du foyer, la réalité peut renvoyer des reflets pleins de surprises.
"Les Fées gonflabless aiment Mc Carty, moi aussi", 2016 de Hélène DELPRAT - Courtesy Galerie Christophe Gaillard Photo Éric Simon
Pierre Molinier (1900-1976), bien sûr, est un pilier de cette aventure de l’« autre monde ». Précurseur de l’art corporel, virtuose des montages d’identités, il est ici accompagné par un double imaginaire, Marcel Bascoulard (1913-1978), le clochard de Bourges.
Témoin à 18 ans du meurtre de son père par sa mère adorée, Bascoulard refusa toute sa vie de «travailler», vivant dans des abris précaires et passant ses journées à étudier (la méca- nique ferroviaire, la géographie, l’histoire du vêtement féminin...) et à dessiner, obsession- nellement, des vues de la ville déserte, transformée sous sa plume en territoire fantôme et morbide. Bel adolescent devenu homme mûr aux traits épais, Marcel Bascoulard multiplia les autoportraits photographiques en habits de femme, le plus souvent savamment conçus par ses soins, suivant des «poses» prédéterminées et dûment nomenclaturées.
"Autoportrait couché, visage voilé, jambe gauche levée", 1955 de Pierre MOLINIER - Courtesy Galerie Christophe Gaillard Photo Éric Simon
Ces « autoportraits transformés » de Molinier et Bascoulard introduisent dans l’exposition une section dévolue aux « photographies d’identités » au pluriel, rassemblant les fantasmes imagés de Morton Bartlett ou Hans Bellmer, avec l’appui de mannequins et de poupées, ceux de Julien Carreyn, John Kayser, Miroslav Tichý, s’appropriant les images de complices plus ou moins consentantes, ou encore d’Eugene Von Bruenchenhein transformant sa femme Marie en ménagère pin-up, grâce notamment au renfort de décorations de Noël, Michel Journiac jouant des scènes d’inceste avec ses parents.
Enfin, dans la grande nef de la galerie s’épanouit «Sexe au Logis», ce plaidoyer pour une sexualité affirmée et omniprésente, saturant l’espace intime et submergeant les digues de la pudeur conjugale. Y trônent une peinture monumentale d’Hélène Delprat, peuplée de créatures artificielles dévolues aux plaisirs solitaires, un grand format de
Betty Tompkins, gros-plan de cinéma sur une pénétration en noir et blanc, des images de pin-ups échappées d’Internet, capturées par les objectifs de Roe Ethridge et Thomas Ruff.
A travers ces « stations », « Uniques en leurs genres » se propose en somme d’explorer les implications du statement de Jacques Lacan : « Nous sommes bien tous d’accord que l’amour est une forme de suicide ».
Stéphane Corréard
Galerie Christophe Gaillard
5 rue Chapon
Fr - 75003 Paris
http://galeriegaillard.com
Horaires d'ouverture: du mardi au vendredi de 10h30 à 12h30 et de 14hà 19h. Le
samedi de 12h à 19h