Exposition Photographie Contemporaine: Susan MEISELAS « MÉDIATIONS »
"Dee et Lisa, Mott Street, Little Italy, New York", 1976 de Susan MEISELAS - Courtesy de l'Artiste et Magnum Photos
Du 6 Janvier au 20 mai 2018
La rétrospective consacrée à la photographe américaine Susan Meiselas (1948, Baltimore) réunit une sélection d’œuvres des années 1970 à nos jours. Membre de Magnum Photos depuis 1976, Susan Meiselas questionne la pratique documentaire.
Elle s’est fait connaître par ses images sur les zones de conflit en Amérique centrale dans les années 1970 et 1980, notamment grâce à la force de ses photographies couleurs. Couvrant de nombreux sujets et pays, de la guerre aux questions des droits de l’homme, de l’identité culturelle à l’industrie du sexe, elle utilise la photographie, le film, la vidéo et parfois des matériaux d’archives dans une volonté constante de construire des récits auxquels elle associe ses sujets.
"Muchachas attendant la riposte de la Garde Nationale, Matagalpa, Nicaragua", 1978 de Susan MEISELAS - Courtesy de l'Artiste et Magnum Photos
"Sandinistes aux portes du quartier général de la garde nationale Esteli, Nicaragua", 1979 de Susan MEISELAS - Courtesy de l'Artiste et Magnum Photos
L’exposition met en évidence la démarche, tant personnelle que géopolitique, spécifique à Susan Meiselas en montrant comment celle-ci évolue au fil du temps et des conflits et comment elle interroge en permanence le processus photographique et son propre rôle de témoin.
Les premiers travaux illustrent déjà sa pratique photographique ultérieure de l’intime et du mode participatif. Son tout premier projet, 44 Irving Street (1971), série de portraits en noir et blanc, lui offre, à travers l’appareil photo, la possibilité d’interagir avec les autres locataires de la pension où elle vivait durant ses études.
"Roseann sur la route pour Manhatten Beach, New York", 1978 de Susan MEISELAS - Courtesy de l'Artiste et Magnum Photos
"Lena après le spectacle, Essex Junction, Vermont", 1973 de Susan MEISELAS - Courtesy de l'Artiste et Magnum Photos
Pour Carnival Strippers (1972-1975), elle suit durant trois étés consécutifs des strip-teaseuses travaillant dans des fêtes foraines de Nouvelle-Angleterre. Le reportage est complété d’enre- gistrements audio des femmes, de leurs clients et de leurs managers.
De cette période, date aussi Prince Street Girls (1975-1992) qui a pour décor le quartier de Little Italy, à New York, où Susan Meiselas vit encore aujourd’hui. Photographiant un même groupe de jeunes filles sur plusieurs années, elle réalise une chronique des relations suivies développées entre les jeunes filles et la photographe. Trois séries importantes constituent l’axe central de l’exposition : Nicaragua, El Salvador et Kurdistan.
"Lena juchée sur une caisse, Essex Junction, Vermont", 1973 de Susan MEISELAS - Courtesy de l'Artiste et Magnum Photos
Réalisées entre la fin des années 1970 et les années 2000, elles montrent la manière dont l’artiste interroge la pratique de la photographie.
À l’occasion de ses nombreux voyages au fil des décennies, en temps de guerre comme en temps de paix, Meiselas revient sur les lieux de ses premières photographies et se sert de ces images pour retrouver les personnes qu’elle avait rencontrées et continuer ainsi à enregistrer leurs témoignages.
"Fouille de toues les personnes voyageant en voiture, Ciudad Sandino, Nicaragua", 1978 de Susan MEISELAS - Courtesy Jeu de Paume
"Masque traditionnel utilisé lors de l'insurrection populaire, Masaya, Nicaragua", 1978 de Susan MEISELAS - Courtesy de l'Artiste et Magnum Photos
Avec son projet Mediations (1982), Susan Meiselas montre combien la signification des photographies varie selon le contexte de leur diffusion. Son approche inédite est presque prophétique dans un monde où la diffusion de l’image est facilitée par la technologie.
À partir de 1997, Meiselas, convaincue que chaque conflit doit être abordé différemment, a également recours à la vidéo pour témoigner des conflits. Kurdistan: In the Shadow of History (1997) est composée de photographies et de vidéos, mais aussi de documents et de témoignages oraux réunis par l’artiste.
En 1992, Meiselas, invitée à participer à une campagne de sensibilisation sur la violence domestique, photographie des scènes de crime en suivant une équipe de policiers, puis sélectionne dans les archives de la police de San Francisco des documents accompagnés de photos.
Ces recherches l’ont conduite à créer Archives of Abuse, collages de rapports et de photographies de police, exposés dans les espaces publics de la ville, par exemple sous forme d’affiches dans les abribus.
"Veuve sur le Charnierde Koreme, Irak du Nord", 1992 de Susan MEISELAS - Courtesy de l'Artiste et Magnum Photos
Pour la rétrospective au Jeu de Paume, Susan Meiselas a créé une nouvelle œuvre, commencée en 2015 et inspirée par son engagement auprès de Multistory, association basée au Royaume-Uni.
Cette dernière série réalisée dans un foyer pour femmes, A Room of Their Own (2015-2017) porte à nouveau sur le thème de la violence domestique, cette fois en Angleterre. L’installation comprend cinq récits en vidéo qui présentent les photographies de l’artiste, des témoignages de première main, des collages et des dessins.
L’exposition du Jeu de Paume est la plus complète qui lui ait jamais été consacrée en France. Elle retrace sa trajectoire d’artiste visuelle qui, depuis les années 1970, associe ses sujets à sa démarche et questionne le statut des images par rapport au contexte dans lequel elles sont perçues.
Commissaires: Carles Guerra et Pia Viewing
Susan Meiselas (Baltimore, Maryland, 1948) a obtenu une licence de lettres en 1970 et une maîtrise en arts plastiques à Harvard University en 1971. Elle travaille et vit à New York. Elle a fait l’objet d’expositions personnelles à Paris, Madrid, Amsterdam, Francfort, Londres, Los Angeles, Chicago et New York, et ses œuvres figurent dans des collections américaines et internationales.
Jeu de Paume Paris
1 place de la Concorde
75008 Paris
Jours et horaires d’ouverture: Le mardi de 11h à 21h et du mercredi au dimanche de 11h à 19h.