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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

15 Dec

Expo Solo Show: Hervé DI ROSA "Foumban (2002-2015). Autour du monde. 11e étape"

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Exposition solo show

Expo Solo Show: Hervé DI ROSA "Foumban (2002-2015). Autour du monde. 11e étape"

Du 27 novembre 2015 au 9 janvier 2016

 

« Depuis 2002, j’ai passé chaque année un mois juste avant la saison sèche à Foumban dans l’ouest du Cameroun. Considérée par les Camerounais comme la cité des Arts, elle abrite les meilleurs artisans du pays pour la sculpture en bronze, en bois, en perlages, les Bamouns, connus aussi pour leur talent comme dessinateurs ou comme copistes de tous les fétiches et masques de l’Afrique subsaharienne.

"Vue de L'exposition" Hervé Di Rosa - Courtesy Galerie Louis Carré © Photo Éric Simon

"Vue de L'exposition" Hervé Di Rosa - Courtesy Galerie Louis Carré © Photo Éric Simon

 Comme dans les étapes précédentes de mon tour du monde, je me suis peu à peu imprégné de leurs techniques, puis j’ai appris leur mode de vie, j’ai observé comment ils s’organisaient, leur hiérarchie, leurs modes de pensée et son évolution suivant l’actualité internationale, enfin j’ai dé- couvert leur histoire, leur singularité artistique, leur culture, tout cela dans l’échange et en travail -lant avec eux à la réalisation de sculptures que j’avais conçues. Un tel projet, sur une durée de 13 ans, connaît bien-sûr des détours et des ratés, mais le temps permet aussi de révéler tout le potentiel des matériaux et des techniques, comme la finesse et la richesse de l’imaginaire visuel de cette région du monde.

Comme à chaque fois, j’ai adapté peu à peu mon trait aux contraintes de leurs techniques et ils ont de mieux en mieux su lire mon dessin, l’influence réciproque s’est marquée de plus en plus : mes œuvres sont devenues Bamouns ! »

Hervé Di Rosa
Paris, 2015

"Ali sans- souci", 2015 de Hervé Di Rosa - Courtesy Galerie Louis Carré © Photo Éric Simon

"Ali sans- souci", 2015 de Hervé Di Rosa - Courtesy Galerie Louis Carré © Photo Éric Simon

"Le petit malin", 2014 de Hervé Di Rosa - Courtesy Galerie Louis Carré © Photo Éric Simon

"Le petit malin", 2014 de Hervé Di Rosa - Courtesy Galerie Louis Carré © Photo Éric Simon

Foumban métis et Grotteschi

L’étape des bronzes de Foubam est emblématique de ce dialogue réel ou désiré. Beaucoup a été décrit sur la démarche d’Hervé Di Rosa à Foumban, des procédés et du contexte dans l’ouvrage de Jean Seisser(9), mais il semble important d’insister sur la position de passeur d’Hervé Di Rosa. Entre la valorisation du métier des fondeurs bamouns et l’histoire de l’art, il apparaît comme placé à un endroit surprenant et encore inattendu.

 

Les arts des aires bamoun et tikar puisent dans l’exagération de certains traits des métaphores lisibles par la population. Les grosses joues du chef signifient sa prospérité et la puissance de sa colère. La rencontre entre ces « licences » expressives se fera naturellement entre les créa- tures d’Hervé Di Rosa et les emblèmes des chefs. Le prestige des chefs avait créé une grande riches- se de métiers d’art parmi lesquels le perlage, l’ivoire, la céramique, l’orfèvrerie et la fonte à la cire perdue. Le dialogue avec les artisans subira quelques aléas selon Hervé Di Rosa.

Un décalage subsiste entre les thèmes, étrangers aux artisans africains, habitués à travailler sur des réalisations ayant des finalités précises pour eux et des formes établies. « Les “Robots” ils s’en fichaient », dit Hervé Di Rosa.

"Le robot soucieux", 2004 d'Hervé Di Rosa - Courtesy Galerie Louis Carré © Photo Éric Simon

"Le robot soucieux", 2004 d'Hervé Di Rosa - Courtesy Galerie Louis Carré © Photo Éric Simon

Le dialogue s’est davantage situé dans l’échange technique et ce qui fascine encore Hervé Di Rosa, la capacité de surprise de torsion d’une forme en fonction des accidents du bois ou de la fonte.

Mais voyons autre chose, dans le domaine respectable de l’Histoire de l’Art. Le rapprochement des créations d’Hervé Di Rosa avec les oeuvres du passé de l’art ne vient pas aussitôt à l’esprit tant ses créations sont actuelles. S’il a pu parler de son admiration pour William Hogarth par exemple, on peut aussi penser à ce genre que le langage a dévoyé de manière péjorative, les « grottesques ».

Hervé Di Rosa - Courtesy Galerie Louis Carré © Photo Éric Simon

Hervé Di Rosa - Courtesy Galerie Louis Carré © Photo Éric Simon

Ces peintures furent en fait ainsi nommées par les archéologues qui les découvrirent dans les cavernes de Rome, salles diverses devenues des « grottes » du fait des remblais depuis l’Antiquité.

Ces peintures, qualifiées par Vasari en 1550 de « peinture libre et cocasse », ont défié les théoriciens des catégories par leur proliférante fantaisie au voisinage des « graffiti » mais furent toujours appréciées des grands peintres. « On peut en énoncer l’originalité à l’aide de deux lois, nous dit André Chastel, qui faisaient et font toujours le charme irrésistible des grottesques : la négation de l’espace et la fusion des espèces, l’apesanteur des formes et la prolifération des hybrides. »

C’est aussi un espace de liberté où les artistes pouvaient laisser libre cours à leur « fantaisie», terme employé dans les cadres stricts des catégories d’alors et des « drôleries »

"Le sportif sans tête", 2014 d'Hervé Di Rosa - Courtesy Galerie Louis Carré © Photo Éric Simon

"Le sportif sans tête", 2014 d'Hervé Di Rosa - Courtesy Galerie Louis Carré © Photo Éric Simon

nordiques dans les espaces confinés des marges. On pense à Jérôme Bosch, « Le génie dupeintre de Bois-le-Duc a été d’infuser en quelque sorte ce peuple turbulent et bizarre de monstres dans le paysage calme et pur des Flamands, quitte à utiliser aussi la représentation des images exotiques : créatures étranges, animaux fantastiques, qui accompagnaient les récits de voyages.

Quand elle commença à être connue dans le Midi, cette peinture de la « folie » et des monstres exerça une séduction intriguée. »

"Monsieur Pierpol", 2005 d'Hervé Di Rosa - Courtesy Galerie Louis Carré © Photo Éric Simon

"Monsieur Pierpol", 2005 d'Hervé Di Rosa - Courtesy Galerie Louis Carré © Photo Éric Simon

Hervé Di Rosa invite à un principe semblable de déplacements. Il se situe et provoque la rencontre entre ces deux mondes apparemment disjoints et crée un nouvel espace de liberté au-delà des catégories et des différences de cultures. Au lieu de se décourager d’entrer ou non dans des catégories établies, ethnographiques ou autres, l’authenticité ou non des créations polluées par une mauvaise conscience occidentale, Hervé Di Rosa rebat les cartes selon sa liberté d’artiste. Il délimite des territoires pour en secouer les lignes, les frontières, les espaces, en fonction de ses rencontres et de ses expériences.

"Le mélancolique", 2008 d'Hervé Di Rosa - Courtesy Galerie Louis Carré © Photo Éric Simon

"Le mélancolique", 2008 d'Hervé Di Rosa - Courtesy Galerie Louis Carré © Photo Éric Simon

Dans le même temps, il redonne vie et légitimité à tout un peuple de créations considérées comme secondaires, oeuvres métisses, mixtes, faites par des artistes locaux, oubliées au fond des réserves de musées, objets de série qui retrouveront le chemin de la lumière.

Les objets en série égyptiens ou grecs, oushebtis, tanagras et autres sigillées, ont bien trouvé leur place dans les salles des musées. « Si l’art ne couche pas dans les lits qu’on lui prépare », comme le disait Jean Dubuffet, c’est qu’il a besoin d’ouverture et de regards en éveil. Ouvrir l’art, ce n’est pas seulement créer des formes nouvelles, mais c’est aussi revoir sans cesse les créations passées et présentes dans une perpétuelle liberté de regard.

Yves Le Fur

Septembre 2015

"La mondaine", 2010 "L'incomprise", 2010 et "La blindée", 2010 d'Hervé Di Rosa - Courtesy Galerie Louis Carré © Photo Éric Simon

"La mondaine", 2010 "L'incomprise", 2010 et "La blindée", 2010 d'Hervé Di Rosa - Courtesy Galerie Louis Carré © Photo Éric Simon

Hervé Di Rosa est né à Sète en 1959. En 1978, il quitte sa ville natale pour Paris, où il s’installe avec son ami peintre Robert Combas. Di Rosa s’inscrit à l’École nationale supérieure des Arts décoratifs et réalise ses premières peintures.

Galerie Louis Carré & Cie

10 avenue  Messine

Fr- 75008 Paris

 

http://www.louiscarre.fr

 

Jours et horaires d’ouverture: Le lundi de 14h00 à 18h30. Du mardi au vendredi, de 10h00 à 12h30 et de 14h00 à 18h30

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