Exposition Ariste du XX ème Siècle: Pierrette BLOCH « Quelques traits...»
Du 28 avril au 28 juillet 2018
Depuis bientôt dix ans, la Galerie Karsten Greve soutient avec engagement le travail de Pierrette Bloch. Nous sommes fiers de lui rendre hommage avec une exposition rétrospective qui dévoile l’ampleur de son travail.
L’exceptionnelle sélection de pièces présentées à cette occasion dont beaucoup montrées ici pour la première fois témoigne de la passion avec laquelle Karsten Greve continue de promou- voir et défendre une démarche artistique pionnière, fondée sur la réitération d’un geste jamais égal à lui-même.
Profondément ancrée dans la pratique du dessin, l’œuvre de Pierrette Bloch a su l’innover et le mettre à la une des recherches plastiques contemporaines, tout en donnant à l’abstraction une nouvelle sensibilité et poésie.
Née en 1928, Pierrette Bloch partage avec les artistes de sa génération, comme Cy Twombly et Pierre Soulages, la volonté d’arriver à l’essence de l’art tout en utilisant les éléments morphologiques constitutifs de la création picturale. Le point, la ligne et les rapports établis avec la surface selon le matériau utilisé ont constitué pendant plus de soixante ans l’axe fondateur du travail de Pierrette Bloch.
Mais, loin de l’héroïsme de l’outrenoir de Soulages ou du caractère tragique de la peinture de Twombly, Pierrette Bloch a exprimé toute sa force dans le choix d’une œuvre en apparence silencieuse.
Ses œuvres sont en effet caractérisées par une économie de moyens l’encre, la craie grasse, le pastel, le crin de cheval de ses sculptures ainsi que de couleurs le noir et le blanc avec laquelle elle a su créer une œuvre extrêmement libre. S’il est vrai que Pierrette Bloch a vécu sa vie avec modestie, en se gardant a l’écart des circuits mondains, néanmoins ses rapports avec les plus importants artistes de sa génération furent sincères et durables.
Son travail entre non seulement en résonance avec les recherches de l’art abstrait des années 50 et 60, mais est aussi pionnier dans le choix des supports et des matériaux utilisés, loin des limites imposées par la peinture traditionnelle.
C’est donc grâce à son esprit curieux et à sa manière de jouer avec les matières, que Pierrette Bloch a été définie précurseur du groupe Support/Surface, actif en France entre la fin des années 60 et le début des années 70.
Les œuvres de Pierrette Bloch sont comme un voyage pour le regard, qui se meut à la surface au rythme d’une danse créée par les différents rapports qu’entretient la trace du geste créateur avec le support. Chaque dessin est alors une promenade où l’imprévu est la règle. La temporalité est ce qui importe dans le processus de création.
Le rapport privilégié que Pierrette Bloch entretenait avec le moment présent transforme ses dessins en aventures de l’esprit où la sérialité du geste souligne la diversité et non pas l’égalité. Il s’agit d’une temporalité liée à l’instant, à la spontanéité, à la joie de jouer un jeu dont les règles s’il en a se constituent au fur et à mesure de la création de l’image. C’est ce manque de lois, ce débordement volontaire, qui éloigne l’œuvre de Pierrette Bloch de l’écriture, à laquelle elle a été pourtant souvent associée.
Chez elle c’est le langage originaire de la création plastique qui organise le déploiement des signes, et non pas la recherche d’une signification. Ce sont donc la forme, l’espace et la couleur, les éléments morphologique qui constituent son discours, en rapprochant son travail moins d’artistes comme Mark Tobey que de Franz Kline.
Dans les œuvres à l’encre de Chine sur papier que Pierrette Bloch commence à réaliser systématiquement depuis 1971 les traces laissées par l’encre et la surface du support ont la même valeur plastique : c’est la relation du noir et du blanc, comme du plein et du vide, qui construit l’unité.
Le noir étant la couleur dominante des compositions, il marque le support et vibre avec sa gamme de nuances illimitées, il est disponible aux résultats du hasard une goutte d’eau de plus ou de moins, une hésitation du geste, une pression plus forte de la main.
Dans les variations infinitésimales des forces et des présences réside l’immense liberté de cette grande âme de l’art abstrait.
Pierrette Bloch est reconnue parmi les maîtres de l’abstraction du XXème siècle. Son œuvre fait partie de nombreuses collections publiques en France et interna-tionales, parmi lesquelles figurent le Centre Georges Pompidou, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, le Stedelijk Museum d’Amsterdam, ainsi que le MoMA et la Joseph and Annie Albers Foundation aux États-Unis, le Yokohama Museum of Art au Japon ou encore l’Eilat Museum en Israël.
Cette reconnaissance internationale et la volonté de préserver la mémoire de cette grande dame de l’art abstrait sont à la base d’un projet de fondation qui est en train de voir le jour.
Pierrette Bloch (1928-2017) est née à Paris de parents suisses ; elle a vécu et travaillé entre Paris et Bages (Aude, France). Entre 1947 et 1948 elle étudie avec André Lhote et Henri Goetz.
Sa première exposition a lieu à la Galerie Mai à Paris en 1951, année au cours de laquelle elle expose pour la première fois son œuvre également aux États-Unis. En 2005 elle est lauréate du prix Maratier attribué par la Fondation Pro-MAHJ.
En 2002 le Centre Georges Pompidou lui dédie une importante exposition monographique et en 2014 son œuvre est mise à l’honneur au Museum Pfalzgalerie Kaiserslautern (Allemagne) avec l’exposition Pierrette Bloch " Punkt, Linie, Poesie". La même année le Musée Jenisch de Vevey (Suisse) lui rend hommage avec une première rétrospective,
Pierrette Bloch : L’intervalle. La Galerie Karsten Greve a organisé la dernière exposition monographique en sa présence en 2017.
Galerie Karsten Greve
5, rue Debelleyme
75003 Paris
http://www.galerie-karsten-greve.com
Jours et Horaires d’ouverture : Du mardi au samedi de 10h à 19h