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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

15 Sep

Exposition Photographie Contemporaine: JR «TEHACHAPI»

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Photographie Contemporaine

"TEHACHAPI, Daytime, USA", 2019 de JR - Courtesy Galerie Perrotin © Photo Éric Simon

"TEHACHAPI, Daytime, USA", 2019 de JR - Courtesy Galerie Perrotin © Photo Éric Simon

Du 29 août au 10 octobre 2020

 

La galerie Perrotin est heureuse de présenter Tehachapi, une exposition personnelle de l’artiste français JR.« J’ai toujours été fasciné par les prisons. Après tout, les prisons possèdent de nombreux murs, qui sont une inspiration pour moi.

 

J’ai réalisé un projet il y a quelques années sur Rikers Island, la prison principale de New York City. C’était une expérience très intéressante car rien ne se passe en prison, et pour ceux qui participent à quelque chose de différent, ça devient rapidement important. Ils s’y investissent tellement que ça les touche vraiment. En octobre 2019, un ami m’a appelé pour me dire que les portes d’une prison en Californie pourraient m’être ouvertes. Au début j’ai pensé que ce serait trop de bureaucratie et de contraintes, mais par chance, un des participants de mon projet The Chronicles of San Francisco a aidé.

 

Avec Google Earth, j’ai étudié les 35 State prisons de Californie, et j’ai choisi Tehachapi sans savoir que c’était une prison de sécurité maximale, mais simplement parce que vue du ciel, la cour en béton de la prison semblait se prêter parfaitement à un collage.

"Tehachapi, Mountain, U.S.A.", 2019 de JR - Courtesy Galerie Perrotin © Photo Éric Simon

"Tehachapi, Mountain, U.S.A.", 2019 de JR - Courtesy Galerie Perrotin © Photo Éric Simon

"Tehachapi, Mountain, February 6, 2020, 5.29p.m., U.S.A.", 2020 de JR - Courtesy Galerie Perrotin © Photo Éric Simon

"Tehachapi, Mountain, February 6, 2020, 5.29p.m., U.S.A.", 2020 de JR - Courtesy Galerie Perrotin © Photo Éric Simon

L’idée était de rencontrer des hommes qui travaillent à la réhabilitation des prisonniers de faire participer d’anciens prisonniers, des membres de leurs familles, ainsi que du personnel pénitentiaire et des victimes de crimes.

 

En arrivant, j’ai compris que la plupart des hommes avaient été incarcérés adolescents, quand ils avaient entre 13 et 20 ans, et que nombre d’entre eux étaient condamnés à la prison à vie. Je leur ai présenté mon projet et leur ai dit clairement que je ne voulais pas savoir pourquoi ils étaient là. Ils avaient eu un procès, un jugement et je ne suis pas leur juge. Cependant, quelques-uns d’entre eux ont quitté la salle car ils ont considéré que leur participation au projet ne serait pas bienvenue pour leur famille ou les familles de leurs victimes.

 

Certains vont être libérés parce que la loi a changé depuis qu’ils sont entrés en prison. Pendant le projet, j’ai obtenu l’autorisation d’utiliser mon téléphone, et j’ai partagé des moments du collage.

"Tehachapi, Mountain, U.S.A.", 2019 de JR - Courtesy Galerie Perrotin © Photo Éric Simon

"Tehachapi, Mountain, U.S.A.", 2019 de JR - Courtesy Galerie Perrotin © Photo Éric Simon

"Tehachapi, Mountain, U.S.A.", 2019 de JR - Courtesy Galerie Perrotin © Photo Éric Simon

"Tehachapi, Mountain, U.S.A.", 2019 de JR - Courtesy Galerie Perrotin © Photo Éric Simon

J’ai reçu toutes sortes de réactions, de la part des familles des prisonniers, de victimes, de critiques, de gens qui étaient choqués par la croix gammée tatouée sur le visage de l’un d’entre eux... Je les ai partagées, et nous avons discuté.

 

Les familles des hommes incarcérés ont répondu sur les réseaux sociaux, il y a eu une connexion entre intérieur et extérieur pendant un bref moment. Une fois le collage terminé, nous avons décidé d’attendre quelques semaines afin de créer une plateforme pour rendre disponibles les histoires des participants.

 

 

Pourquoi ? Parce que c’est un sujet très sensible et que nous voulions donner à chacun la possibilité d’écouter des histoires d’espoir et de rédemption, d’accéder à des témoignages rares. Parce que ce qu’il s’est passé lorsque ces hommes, des gardes et des victimes ont travaillé ensemble mérite d’être vu. Nous voulions partager le procédé et accepter la complexité des actions et émotions très humaines dont nous avons été témoins... 

Ces hommes ont été jugés coupables lorsqu’ils étaient très jeunes, certains ont fait partie de gangs et commis de lourdes erreurs, et ils en ont payé ou en paient encore le prix. Ils disent avoir changé et être prêts à devenir de bons citoyens, à donner un sens à leurs vies.

"Tehachapi, Mountain, U.S.A.", 2019 de JR - Courtesy Galerie Perrotin © Photo Éric Simon

"Tehachapi, Mountain, U.S.A.", 2019 de JR - Courtesy Galerie Perrotin © Photo Éric Simon

"Parloir", 2019 JR - Courtesy Galerie Perrotin © Photo Éric Simon

"Parloir", 2019 JR - Courtesy Galerie Perrotin © Photo Éric Simon

L’image finale a été pris avec un drone.  Elle comprend également des hommes anciennement incarcérés, et des victimes qui ont accepté de pardonner et revenir à l’intérieur de la prison pour coller ces 338 bandes de papier qui constituent l’image.

 

Il y a quelques années j’ai commencé un voyage que j’ai appelé « Can Art Change The World ? » (Est-ce que l’art peut changer le monde ?).

 

La question reste posée. Avec ce projet je veux poser une autre question : « est-ce qu’un homme peut changer ? ». Avant de répondre oui ou non, posez-vous la question : ai-je changé ? ai-je fait des erreurs, pour lesquelles je me suis excusé, et que j’ai pu réparer ? Sinon, pourquoi n’ai-je pas pu les réparer ? »

JR

"Tehachapi, Mountain, Pentaptych, U.S.A.", 2019 de JR - Courtesy Galerie Perrotin © Photo Éric Simon

"Tehachapi, Mountain, Pentaptych, U.S.A.", 2019 de JR - Courtesy Galerie Perrotin © Photo Éric Simon

En Octobre 2019, JR obtient la permission d’intervenir au sein d’une prison de sécurité maximale située en Californie, dans la ville de Tehachapi. Il s’y rend une première fois, pour rencontrer vingt-huit prisonniers, et leur présenter son idée de projet artistique dans la cour de la prison. Tehachapi est une des prisons les plus violentes des Etats-Unis. La plupart des participants sont incarcérés depuis au moins dix ans, et certains à perpétuité sans aucune chance de sortir, pour des crimes commis alors qu’ils étaient mineurs. La loi impose une peine d’emprisonnement à perpétuité pour presque tous les crimes, aussi mineurs soient-ils, à partir du troisième crime commis. C’est la loi des trois crimes. Cependant, aujourd’hui, plus de la moitié des détenus condamnés en vertu de cette loi purgent des peines pour des crimes non violents.

 

JR les photographie, un par un, de haut, et ils racontent leur histoire devant une caméra. Aucune question n’est posée en particulier, ils ont la liberté d’offrir le témoignage qu’ils souhaitent. JR photographie également d’anciens prisonniers, et des membres du personnel de la prison, rassemblant au total 48 portraits et histoires différentes de l’univers carcéral.

 

Vue de l'installation au Musée du Louvre, Paris (France), 2019 de JR - Courtesy Galerie Perrotin © Photo Éric Simon

Vue de l'installation au Musée du Louvre, Paris (France), 2019 de JR - Courtesy Galerie Perrotin © Photo Éric Simon

Vue de l'installation au Musée du Louvre, Paris (France), 2019 de JR - Courtesy Galerie Perrotin © Photo Éric Simon

Vue de l'installation au Musée du Louvre, Paris (France), 2019 de JR - Courtesy Galerie Perrotin © Photo Éric Simon

Deux semaines plus tard, JR revient avec son équipe pour coller 338 bandes de papier au sol. Sous un soleil d’automne, en seulement quelques heures, les équipes composées de prisonniers, de gardes, d’anciens prisonniers et de membres de l’atelier de JR, munies de balais-brosses et de colle à papier peint, terminent le collage de la cour de la prison. Les bandes de papier sont numérotées afin d’être assemblées côte-à-côte en un puzzle géant.

Le visuel représente les prisonniers, d’anciens prisonniers, ainsi que des membres du personnel de la prison. Depuis la cour de la prison, le visuel est inintelligible. Mais vue du ciel, l’image révèle que tous les participants au projet apparaissent au fond d’un trou, au milieu de la prison. Le visuel ne sera réellement révélé que par un drone, qui a le droit de survoler le  complexe  pénitentiaire pour l’occasion. L’installation, éphémère par nature, disparait en trois jours sous les pas des prisonniers.

 

En février 2020, JR revient à Tehachapi pour continuer à faire ce qu’il fait de mieux c’est à dire s’attaquer à un mur de la prison en le collant pour le faire disparaitre. Les détenus collaborent à faire apparaitre cette montagne qui se trouve derrière le mur et qu’ils n’ont jamais vue. L’installation reste, transformant le quotidien de la prison en agrémentant la cour d’une « vue ».

Galerie Perrotin

10 impasse Saint Claude

75003 Paris

 

https://www.perrotin.com

 

Jours et horaires d’ouverture: du mardi au samedi de 11h à 19h.

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