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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

25 Sep

Expo Sculpture Contemporaine: SCULPTURE D'USAGE

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Sculpture Contemporaine

Du 5 Septembre au 31 Octobre 2015

 

Comment faire passer une forme concrète au statut d’oeuvre d’art par la simple manipulation ? C’est l’enjeu de la sculpture d’usage. Ce type de sculpture qui convoque le corps et éveille l’imaginaire n’est ni un « ready made », où l’objet devient une sculpture et perd totalement sa fonction utilitaire, ni de l’artisanat, ni du design, qui répondent à des impératifs du confort quotidien. Si l’objet et l’usage dans l’art sont au coeur d’interrogations suscitées depuis l’aube du XXe, aucune des nombreuses expositions actuelles autour du sujet de l’usage n’a clairement défini cette notion de « sculpture d’usage ». C’est le dessein de cette exposition qui rassemble 5 artistes vivants, représentant trois générations.

"Sans titre", 2015 d'Elvire Bonduelle. "Poumon cendrier" et  "Cervelle coussin" d'Isabelle Plat. Galerie Maubert  © Photo Éric Simon

"Sans titre", 2015 d'Elvire Bonduelle. "Poumon cendrier" et "Cervelle coussin" d'Isabelle Plat. Galerie Maubert © Photo Éric Simon

A la fin des années 60, avec Chair, Allen Jones ne produit pas une chaise mais représente un type féminin. En lui attribuant un usage, il nous positionne face au double sacrilège : s’assoir sur l’art et sur la « femme » ! Il interroge ainsi la domination masculine en nous proposant de nous servir de la femme, aux mensurations volontairement idéalisées, comme d’un objet nécessaire au quotidien. Femme-table, femme-porte-manteau, femme-réfrigérateur… nous obligent à décider de notre comportement physique, nous poussant par la même dans nos retranchements mentaux. Dans un musée où il est interdit de toucher, cette fonction joue sur le potentiel et la frustration. Mais c’est précisément l’usage qui a fait polémique. Nous sommes directement confrontés à la « femme-objet » ! Les activistes féministes, qui ont tenté de détruire physique- ment une oeuvre de l’artiste anglais, y ont vu l’état d’esprit machiste des lecteurs de Playboy les plus nantis, qui pouvaient ainsi s’offrir des sextoys de luxe à exhiber dans leur salon et à activer dans un jeu cynique. Le génie d’Allen Jones est d’instaurer une confusion entre la vie elle-même (l’usage) et la représentation de la vie (la femme). Un véritable « trompe-l’oeil » face à une réalité sociale et politique à combattre.

"Refrigerator", 2002 d'Allen Jones. Galerie Maubert  © Photo Éric Simon

"Refrigerator", 2002 d'Allen Jones. Galerie Maubert © Photo Éric Simon

Allen Jones est né en 1937,  il vit et travaille à Londres et à Oxfordshire

Après ses études au Royal College of Art de Londres avec les jeunes artistes de sa génération, Derek Boshier, Patrick Caulfield, David Hockney, Peter Philips et l’américain R.B. Kitaj, il devient dès 1960 un des membres importants du Pop Art initié en Angleterre par les recherches de ses prédécesseurs, Peter Blake, Richard Hamilton et Edouardo Paolozzi. Dès les années 60, Allen Jones bénéficie déjà d’une forte réputation internationale en tant que peintre, sculpteur et lithographe.

Il se distingue de ses pairs par sa fascination pour l’imagerie érotique des magazines spécialisés d’où il puise son vocabulaire. La figure de la femme déclinée sur un mode ambigu, érotique et fantasmé, demeure le sujet récurrent et obsessionnel de son oeuvre. En 1969 il réalise sa très célèbre série de sculptures mannequins représentant des pin-up métamorphosées en meubles : table, porte-manteaux, chaise.

A partir des années 80, Allen Jones élabore une série de toiles sur le thème de l’artiste et sa muse qui sera par la suite constamment revisité dans son oeuvre. Pianistes et danseuses, couples de magiciens ou danseurs de tango, sont les protagonistes de scènes érotiques et allégoriques, qui sont autant de variations sur l’acte créateur.

"Oloïdes-outils" de Gabrielle Conilh de Beyssac. Galerie Maubert  © Photo Éric Simon

"Oloïdes-outils" de Gabrielle Conilh de Beyssac. Galerie Maubert © Photo Éric Simon

Gabrielle Conilh de Beyssac est née en 1986, elle vit et travaille dans le Gard.

Gabrielle Conilh de Beyssac grandit au Canada et au Mali. Elle poursuit ses études d’art à la Villa Arson (Nice), puis aux Beaux Arts de Paris où elle obtient le DNSAP en 2012. Elle effectue en 2008 une résidence Quartiers libres à Bamako avec les ateliers Vincent Barré et Richard Deacon. En 2011, elle acquiert une bourse d’étude pour l’institut d’art et de design Emily Carr (ECUAD) de Vancouver et expose dans Spread à la Chapel Art Gallery. En octobre 2011, Gabrielle Conilh de Beyssac reçoit la bourse d’aide à projet artistique de la Mairie de Paris. Elle expose au Jardin Ephémère de Saint-Ouen dans le cadre des traversées d’art 2012 et dans Ça ne tourne pas rond à la maison des ensembles du 12ème Arrondissement de Paris. En Juin 2012, elle emporte le Prix des Amis des Beaux-Arts (Prix Thaddaeus Ropac et de Clermont Tonnerre).

Elle présente les sculptures Rocking et Couple-Oloïde au sein de l’exposition 20m papillon à la Fondation Rosemblum&Friends. En 2013, elle expose à la Galerie Maubert dans Epure Entropique, voyage dans l’intérieur de l’Afrique et dans Sillage, sur le thème de l’empreinte / la trace. Après une résidence d’artiste au domaine de Kerguéhennec, Gabrielle Conilh de Beyssac poursuit sa recherche au Canada (résidence Est Nord Est). Elle participe à Art Paris Art Fair 2014 au Grand Palais, Paris. Elle obtient le soutien du CNAP, pour son exposition personnelle en juin 2014 à la Galerie Maubert : CORPS-ASTRO-SENSIBLE. Elle est exposée dans les jardins du Musée Picasso pour sa réouverture en octobre 2014.

 

Selon Léa Bismuth, critique et commissaire d’exposition, “les oeuvres de Gabrielle Conilh de Beyssac sont éprouvées par le spectateur, dans leur physicalité. Certaines sculptures tracent leurs propres formes dans l’espace alors que d’autres sont des vecteurs de tracés potentiels. Il s’agit de mettre en exergue la potentialité énergétique du mouvement, de questionner le concept de trace, compris comme une virtualité qui s’actualiserait dans une forme.”

"Sans titre", 2015 de Gabrielle Conilh de Beyssac. Galerie Maubert  © Photo Éric Simon

"Sans titre", 2015 de Gabrielle Conilh de Beyssac. Galerie Maubert © Photo Éric Simon

Elvire Bonduelle est née en 1981, elle vit et travaille entre Paris et Los Angeles.

La pratique d’Elvire Bonduelle est tout entière orientée vers une exigeante quête du bonheur à laquelle elle s’astreint avec toutes sortes d’outils, dessin, sculpture, vidéo et bientôt peinture. Pour Elvire Bonduelle, l’art peut être joli, léger, mais pas frivole ; une vraie autorité émane en réalité de son oeuvre. Diplômée de l’Énsba de Paris en 2005, elle a décidé de plier sa vie à l’exigence d’un bonheur optimiste, à l’encontre du mythe de l’artiste maudit et malheureux. Elle parle de «sculpture de soi». Sa fraîcheur revendiquée vient de là, mais n’existerait pas sans la conscience de la difficulté de l’existence ; ce n’est pas possible d’être seulement sérieux. Il est tentant de rattacher l’oeuvre d’Elvire Bonduelle à l’histoire de l’art. Ses objets rappellent parfois les formes de l’art minimal, comme Wood is Good (2012), un fauteuil en bois articulé par des charnières, que l’on peut déplier jusqu’à le mettre à plat. Donald Judd fait partie des artistes qu’elle admire le plus, avec Sol LeWitt, et Bruce Nauman qui la fascine par les paradoxes qu’il met en oeuvre dans ses vidéos. Mais la notion d’ornement est aussi très présente dans son travail, et elle cite volontiers les écrits de William Morris et le mouvement Arts and Craft. On pense à l’humour et à la malice de François Morellet, aux collections d’images absurdes de Taroop & Glabel, aux constructions irréelles d’Andrea Zittel. La pratique d’Elvire Bonduelle échappe aux catégories, elle est surtout intuitive, et se glisse dans le cours de l’histoire en empruntant ses contradictions.

Anaël Pigeat

"Des livres blancs", 2006 de Nathalie Elemento. Galerie Maubert  © Photo Éric Simon

"Des livres blancs", 2006 de Nathalie Elemento. Galerie Maubert © Photo Éric Simon

"De ceux qui restent", 2013 de Nathalie Elemento. Galerie Maubert  © Photo Éric Simon

"De ceux qui restent", 2013 de Nathalie Elemento. Galerie Maubert © Photo Éric Simon

Nathalie Elemento est née en 1965, vit et travaille à Paris.

Les oeuvres de Nathalie Elemento sont de véritables «architectures intérieures» qui mêlent à la fois des éléments de mobilier et autres objets d’usage dont elle questionne le sens. Sens qu’elle détourne, comme en témoignent les titres de ses oeuvres ou de ses expositions, ou se mêlent humour et poésie. L’espace intime reste pour l’artiste l’espace primordial au sens étymologique: la maison, comme repère et comme principal champ d’investigation. Nathalie Elemento propose une représentation de ces objets dans ces intérieurs issus de «l’habité» et de «l’habitat», en exprimant un «repositionnement» de la forme et de ses déformations.

«Mon travail en général est un travail sur le «mobilier intérieur» : sur les objets qui nous habitent, les positions mentales que l’on adopte ou qui font que nous sommes capables ou non d’adaptation. C’est un travail de sculpture avec la table comme socle idéal et toutes les préoccupations qui se rattachent à un travail de volume. Il ne s’agit en aucun cas d’un travail de design ou le pratique est à l’oeuvre mais au contraire un travail de correspondance ou les possibilités (les manières d’aborder les situations) de chacun s‘essaient. Il s’agit d’un travail où l’histoire du regard est celle de la mémoire. Pas pratique du tout mais tout à fait praticable.»

"Conjonction" de Nathalie Elemento. Galerie Maubert  © Photo Éric Simon

"Conjonction" de Nathalie Elemento. Galerie Maubert © Photo Éric Simon

"Divertissement aux lys", 2005 d'Isabelle Plat. Galerie Maubert  © Photo Éric Simon

"Divertissement aux lys", 2005 d'Isabelle Plat. Galerie Maubert © Photo Éric Simon

Isabelle Plat vit et travaille à Paris.

De manière singulière, parfois drôle, souvent poétique, Isabelle Plat travaille le concept de l’usage pour poser la question du corps dans son rapport au monde. Que ce soit dans un espace privé ou dans l’espace public, elle le traite sous un angle apparenté à l’écologie, définit comme le fondement de la vie. Pour se défendre de nos actes conduisant à l’anéantissement de la volonté et de la personnalité de l’autre, à la destruction de l’animal, à la ruine de la planète, Isabelle Plat, s’attèle à modifier notre pensée et notre attitude à l’aide de matériaux, de formes spécifiques et souvent avec ce qu’elle nomme des sculptures d’usage.

Isabelle Plat s’attache souvent à confronter un utilisateur/spectateur à la vision d’une nature vivante dont il peut expérimenter les régulations et les diversités alors que l’homme s’est habitué à un univers d’objets destinés à être manipulés, à être consommés et à être épuisés. Bien que ses sculptures favorisent un usage, cette distinction permet de les dissocier clairement du design, de l’artisanat et même du ready made.

"Poumon cendrier n°2", 1999 d'Isabelle Plat. Galerie Maubert  © Photo Éric Simon

"Poumon cendrier n°2", 1999 d'Isabelle Plat. Galerie Maubert © Photo Éric Simon

"Cervelle tapis" d'Isabelle Plat. Galerie Maubert  © Photo Éric Simon

"Cervelle tapis" d'Isabelle Plat. Galerie Maubert © Photo Éric Simon

Elle emploie pour matériaux, d’une part des technologies énergétiques du développement durable (Eolienne, puits-canadien, moulin à eau) pour des projets tournés vers la nature par le biais de l’énergie, et vers la société par le biais de l’usage. Forcément conçus pour et en fonction d’un lieu spécifique, ils favorisent une relation d’empathie des occupant pour ce lieu même. Elle se sert d’autre part de matériaux qui « appartiennent» à la personne. Par exemple des vêtements de ses amis ou des cheveux humains qu’elle récupère chez les coiffeurs et utilise en masse. Comme ces derniers contiennent toujours l’ADN des personnes, les individus y restent présents dans leur animalité. Isabelle Plat en joue avec une mise en cause des relations que nous entretenons avec les autres. Ce sont des représentations de surfaces corporelles ou des sculptures représentant des parties intérieures ou extérieures de notre corps.

Commissaire : Isabelle Plat

 

Galerie Maubert

 

20 rue Saint-Gilles

75003 Paris

 

www.galeriemaubert.com

 

 

Horaires d'ouverture: du mardi au samedi de 13h à 19h.

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