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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

08 May

Exposition Solo Show: Lionel SABATTÉ « La morsure de l’air »

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Exposition solo show

"Émeu", 2018 de Lionel SABATTÉ - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon

"Émeu", 2018 de Lionel SABATTÉ - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon

Du 22 mars au 19 mai 2018

 

 

" Trente mille ans, ces mains-là, noires. La réfraction de la lumière sur la mer fait frémir la paroi de pierre."
Marguerite Duras, Les Mains négatives, 1979

Lionel Sabatté ne s’arrête pas d’aller réveiller les origines. Ainsi, nous rencontrerons là des créatures primitives, évoquant les grottes pariétales : ici, de rares oiseaux pris sur les parois granitiques de l’art rupestre, capturés dans l’élan de leurs ailes écartelées, parmi d’autres formes de vie inconnues que l’on ne peut que deviner. Ces créatures d’augure sont traquées dans la matière-même, apparaissant subitement, parfois dans leur destruction, en des concrétions volcaniques, soufrées, et quelques amas de cratères.

"Paysage", 2018 de Lionel SABATTÉ - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon

"Paysage", 2018 de Lionel SABATTÉ - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon

"Émeu révérence", 2018 de Lionel SABATTÉ - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon

"Émeu révérence", 2018 de Lionel SABATTÉ - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon

Les œuvres qui vous font face sont des tableaux de métal. Cette technique apporte à l’artiste ce qu’il cherchait dans la peinture, lorsqu’à plat, déjà, il faisait s’accoupler les contraires, créant des explosions organiques, des circonvolutions astrales, et des flaques de pétrole acide.

 

Mais ici, le geste est plus direct, incisif, concrètement corrosif, offert à ce qui dévore cruellement la plaque, la faisant parler, s’exprimer, dans sa rouille. Les couleurs sont celles de l’oxydation ferreuse, du brun orangé, roussâtre, de ce qui a été mordu, lente chimie d’acier en réponse.

"Morsure", 2018 de Lionel SABATTÉ - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon

"Morsure", 2018 de Lionel SABATTÉ - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon

"Birds from the caves", 2017 de Lionel SABATTÉ - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon

"Birds from the caves", 2017 de Lionel SABATTÉ - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon

"Red Cat", 2018 de Lionel SABATTÉ - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon

"Red Cat", 2018 de Lionel SABATTÉ - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon

Les pulsations du vivant sont regardées dans les yeux, pour ce qu’elles sont, sans hymne glorieux à la nature éternelle. Il s’agirait en réalité du contraire : l’énergie du vivant est toujours une énergie de mort, les deux vont ensemble, de pair, infiniment cycliques. En respirant, nous nous promettons à la disparition : la respiration qui donne la vie est aussi la lente consumation de nos énergies vitales.

 

Qui accepterait de ne pas respirer serait déjà aboli. Car il faut respirer pour vivre, et pour mourir, c’est-à-dire pour continuer à s’adresser, pour conjurer, pour peindre, pour créer.

"Loup de mai", 2012 de Lionel SABATTÉ - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon

"Loup de mai", 2012 de Lionel SABATTÉ - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon

"Sur les bords du Drac", 2016 de Lionel SABATTÉ - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon

"Sur les bords du Drac", 2016 de Lionel SABATTÉ - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon

"Grand Bouc en thé #2" , 2014 de Lionel SABATTÉ - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon

"Grand Bouc en thé #2" , 2014 de Lionel SABATTÉ - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon

Ces « amorces de figuration » sont arrivées en cherchant des ours, ces êtres aux pelages denses et sombres, aux pattes ancrées dans le sol, en voie d’extinction — raconte l’artiste, ouvrant le frêle passage de son bestiaire sauvage à la confusion des règnes.

 

Ces formes surgissantes ont appelé la morsure bronzée de l’acier. Les surfaces excavées sur lesquelles elles semblent se vanter abstraitement sont aussi coralliennes, lagons des mers du Sud toujours lointainement fantasmés qui reviennent par vagues inconscientes, reflétant le ciel turquoise dont ils deviennent des cartographies en miroir ; pendant que les stalagmites et les stalactites conden- sent et pétrifient ce qui reste, en des murailles évidées du temps.

"Petit bouc de Pékin #3",  2015 de Lionel SABATTÉ - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon

"Petit bouc de Pékin #3", 2015 de Lionel SABATTÉ - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon

Lionel SABATTÉ - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon

Lionel SABATTÉ - Courtesy Galerie Ceysson & Bénétière © Photo Éric Simon

Le regard s’arrête enfin sur des oiseaux de ciment ponctuant, par leur dynamique et leur marche arrêtée, l’espace de la galerie, et dont on aimerait accompagner l’envolée imaginable et possible.

Léa Bismuth

Léa Bismuth est auteure, critique d’art, commissaire d’exposition indépendante (notamment du cycle de recherche curatoriale qu’elle a initié : la trilogie La Traversée des Inquiétudes, librement adaptée de l’œuvre de Georges Bataille, présentée à Labanque de Béthune de 2016 à 2019).

Le titre de cette exposition personnelle de l’artiste a été donné suite à l’écriture de ce texte.

Galerie Ceysson & Bénétière

23 rue du Renard

Fr - 75004 Paris

 

https://www.ceyssonbenetiere.com

 

Jours et horaires d’ouverture : du Mardi au Samedi de 11h  à 19h .

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