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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

21 Sep

Exposition Peinture Contemporaine: John HENDERSON "THE RETURN"

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Peinture Contemporaine

Détail "Several Absences", 2021 de John henderson - Courtesy de la galerie Perrotin © Photo Éric Simon

Détail "Several Absences", 2021 de John henderson - Courtesy de la galerie Perrotin © Photo Éric Simon

Du 4 septembre au 9 octobre 2021

 

 

La galerie Perrotin Paris présente une exposition personnelle de l’artiste américain John Henderson, la deuxième à Paris et la sixième pour l‘artiste à la galerie. Henderson continue à interroger la pratique de la peinture, endossant le rôle du peintre, tout en soulevant des questions sur la production artistique, au-delà de la spécificité du support.

 

Tandis que le processus de moulage est souvent rattaché à la notion de permanence, à l’idée de geste ultime destiné à fixer définitivement une expression, l’exposition de John Henderson utilise l’objet moulé comme point de départ. Des moulages de tableaux (réalisés en métal, en plâtre et en époxy) sont alternativement repeints, découpés et réassemblés avec différents matériaux.

 

Toujours sur le fil entre ressemblance et discordance, les œuvres se déploient dans les quatre salles de la galerie, donnant à voir à de multiples reprises les surfaces des tableaux, reproduites et transformées à l’envie. En retournant et en modifiant des objets en apparence terminés, l’artiste propose une analogie entre moulage et photographie, fondée sur les points communs de ces deux disciplines : indexation, production en série, rognage et omission.

 

- T. K. Roach, New York, 2021

"Floor, Wall, ceiling (Figure)", 2021 de John henderson - Courtesy de la galerie Perrotin © Photo Éric Simon

"Floor, Wall, ceiling (Figure)", 2021 de John henderson - Courtesy de la galerie Perrotin © Photo Éric Simon

Je cours la nuit. C’est une habitude que j’ai prise pendant la pandémie. C’était une bonne raison pour sortir et j’ai commencé à partir de plus en plus tard pour éviter la foule. Au début, je courais avec un masque ; la condensation gouttait de la valve jusque sur ma poitrine.

 

J’avais l’impression de respirer à travers le minuscule diaphragme d’un objectif. Je pars de mon studio et je cours vers le sud, en traversant l’île, jusqu’au parc ; je fais quelques tours du Reservoir et je reviens. Une petite fronde gravitationnelle.

 

De temps en temps, je cogite pendant que je cours en boucle, avec des coupures à la Dede Allen quand je cligne des yeux ou quand je trébuche sur un trou sournois. C’est plus facile avec le ventre vide. Plus facile sous amphétamines. Là, je pense à John.

"Picture window", 2021 de John henderson - Courtesy de la galerie Perrotin © Photo Éric Simon

"Picture window", 2021 de John henderson - Courtesy de la galerie Perrotin © Photo Éric Simon

Comment fonctionne la galvanotypie ?

Un moule, recouvert d’une couche de graphite, est plongé dans un bain de soufre chargé, contenant des blocs de cuivre.

 

Les atomes de cuivre précieuses petites unités se détachent des blocs et traversent le bain, attirés par le graphite conducteur, pour s’accumuler sur le moule, en une couche de plus en plus épaisse. Je suis l’une de ces précieuses petites unités, attirée à travers ce terrain bourdonnant. La sensation de me réduire à un point tracé, un élément pointilliste, vient perturber ma course et je romps la boucle, allongeant mes foulées vers la traverse, laissant émerger l’idée de couper l’île en deux, d’une rivière à l’autre.

 

Cette sensation de réduction s’apparente à une compression, pas à une diminution. Quel est ce métal dense et lourd ?

Plus lourd que du plomb. Celui que l’on trouve dans les pointes des stylos Montblanc.

"Type", 2021 de John henderson - Courtesy de la galerie Perrotin © Photo Éric Simon

"Type", 2021 de John henderson - Courtesy de la galerie Perrotin © Photo Éric Simon

Beaucoup de traces de bottes, ce soir. Glissantes, mes semelles en mousse les fouettent, elles sont dures sous le pied, presque gelées. Un banal fourreau artificiel peut être érotique. Le caoutchouc semble être le matériau de la sexualité pop transgressive. La photographie est perverse.

 

Noir pour blanc, négatif couleur, tout est à rebours, sens dessus dessous. Un réverbère grésille. Un flash électronique ne laisse rien indemne. Flash et diaphragme sont comme des orifices superposés. Expulsé de l’un et s’insérant dans l’autre, un fragment scintillant réfractaire s’étire dans sa matérialité muette et se frotte à un usage, un sujet, une restriction, une intention, soulignés par le flash. Frotter. Frotter deux cailloux l’un contre l’autre. Frotter une tache avec du savon. Frotte-lui le dos pour le réchauffer. Le frottage peut consister à imprimer une texture en relief sur une surface en papier ou à se caresser l’entrejambe sur des meubles.

 

Si la photographie est un jeu de séduction avec le monde naturel, alors la photographie au flash s’apparente à de la para- philie. Il en va de même pour le moulage. Souplesse de la cire ou du silicone contre rigidité de l’aluminium, du laiton ou de la résine ; positif pour négatif ; intérieur pour extérieur ; dedans et dehors. Tout orifice humain assure une fonction d’entrée ou de sortie. Certains, les deux.

"Frottage, hommage", 2021 de John henderson - Courtesy de la galerie Perrotin © Photo Éric Simon

"Frottage, hommage", 2021 de John henderson - Courtesy de la galerie Perrotin © Photo Éric Simon

Le crash de l’hélicoptère dans l’East River. Il est tombé dans l’eau, sa coque tournoyant elle aussi. Le poids des rotors l’a retourné et le courant l’a emporté à 50 blocs de là, vers le sud. Je traverse maintenant cette latitude, en direction du lieu où un avion impuissant victime d’une collision aviaire il y a un peu plus de dix ans a amerri en pleine ville, avant de suivre le courant de l’Hudson. La marée descendante lui a aussi offert une destinée méridionale. Il a terminé encastré dans une digue à Battery Park, l’aile et la queue stabilisant l’Airbus au-dessus des flots.

 

US Airways a donné 5000 dollars à chaque passager et le Département de l’Agriculture a tué 1235 oies. Ces « rivières » n’en sont pas. L’eau douce y rencontre celle de l’océan et, ensemble, elles causent crues et marées. Leur inexorable écoulement vers le sud n’est qu’une apparence. Peut-être que tu confonds leur courant avec tes propres mouvements. Comme lorsque tu regardes de tout près le train voisin du tien, qui semble se déplacer très lentement.

"Several Absences", 2021 de John henderson - Courtesy de la galerie Perrotin © Photo Éric Simon

"Several Absences", 2021 de John henderson - Courtesy de la galerie Perrotin © Photo Éric Simon

Quels ont été les mots de Kate au sujet de John ?

Le présent est plu- riel dans son travail. Oui. Beaucoup de réplications, de réassociations, de boucles. Une multitude d’étapes, d’états, d’itérations, de divisions. Ses œuvres sont des filets perceptuels finement maillés qui retiennent sa présence active. Ces traces de présence marques, découpes, impressions, combinaisons sont décousues dans le temps, mais s’assemblent pour former des plans sacrément solides. Plus lourds que le plomb.

 

C’était quoi, déjà, cette conférence d’Yves-Alain Bois à l’IAS il y a des années ?

Tu as écouté l’enregistrement des dizaines de fois, mais tout ce qu’il te reste aujourd’hui, c’est le son exquis de l’eau minérale ostensiblement versée au milieu de l’intervention. Il s’agissait d’un historique des tentatives chimériques d’éradiquer la subjectivité dans l’art, d’effacer la composition, le goût individuel, le sens, même. De Seurat à INKhUK, à Morellet, à Stella. Je crois que c’est le groupe de John.

"Spline (Counter Pose)", 2021 de John henderson - Courtesy de la galerie Perrotin © Photo Éric Simon

"Spline (Counter Pose)", 2021 de John henderson - Courtesy de la galerie Perrotin © Photo Éric Simon

L’American Museum of Natural History. Papa peignait des moulages de poissons dans l’Ocean Hall. Un sébaste, un labre californien, une rascasse. Si tu étais un écrivain d’un autre genre, tu reproduirais le procédé de John dans ce texte.

 

Tu décrirais en détail la sensation de chaque impact sous tes pieds, de chaque souffle d’air, de chaque changement subtil dans la luminosité, de chaque halo et de chaque aberration flottante délogée derrière ta pupille, tout en changeant d’heure, de saison, de ville en toute fluidité. Tu partirais de nuit et tu effectuerais des tours à midi, une boucle en août, l’autre en avril, tu entrerais dans Centtral Park et tu ressortirais d’Hyde Park, dans un va-et-vient continuel entre présent et passé.

 

Détail "Spline (Counter Pose)", 2021 de John henderson - Courtesy de la galerie Perrotin © Photo Éric Simon

Détail "Spline (Counter Pose)", 2021 de John henderson - Courtesy de la galerie Perrotin © Photo Éric Simon

John Henderson (né en 1984) vit et travaille à Chicago. Des expositions individuelles lui ont été consacrées au Peep-Hole de Milan ainsi qu’au Museum of Contemporary Art Chicago.

Ses œuvres ont également été présentées dans le cadre d’expositions collectives, telles que Performing a collection, Museo MADRE, Naples, Italie ; Anamericana, American Academy in Rome ; Expanded Painting, Prague Biennale 6 et Phantom Limb: Approaches to Painting Today, Museum of Contemporary Art Chicago.

 

Les travaux de John Henderson ont intégré les collections du Moderna Museet, Stockholm, du Museum of Contemporary Art Chicago, du Museo Madre, Naples et du Walker Art Center, Minneapolis.

Galerie Perrotin

76 rue de Turenne

75003 Paris


https://www.perrotin.com

 

Horaires d'ouverture: Du mardi au samedi de 11h00 à 19h00.

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