Niki de SAINT PHALLE «Les Nanas au Pouvoir»
Du 4 novembre au 24 décembre 2021
« Pour moi, mes sculptures représentent le monde de la femme amplifiée, la folie des grandeurs des femmes, la femme dans le monde d’aujourd’hui, la femme au pouvoir. »
-Niki Saint Phalle
La Galerie Mitterrand est heureuse de présenter une nouvelle exposition personnelle de Niki de Saint Phalle. Intitulée Les Nanas au pouvoir, elle réunit un ensemble de sculptures Nanas monumentales ainsi que le portfolio Nana Power de 1970.
Cette exposition s’inscrit dans une démarche de recontextualisation du travail de Niki de Saint Phalle dans l’histoire de l’art d’après-guerre, démarche initiée cette année par deux grandes expositions aux États-Unis :
Niki de Saint-Phalle; Structures for Life, au MoMA PS1, New York, et Niki de Saint Phalle in the 1960s, à la Menil Collection, Houston.
"Sans titre (Trois Nanas)", 1960 de Niki de SAINT PHALLE - Courtesy de la Galerie Mitterrand © Photo Éric Simon
"portfolio Nana Power", 1970 de Niki de SAINT PHALLE - Courtesy de la Galerie Mitterrand © Photo Éric Simon
"Nana moyenne danseuse", 1967 de Niki de SAINT PHALLE - Courtesy de la Galerie Mitterrand © Photo Éric Simon
Les Nanas, qui apparaissent dans le travail de l’artiste en 1965, exacerbent la chair tout autant qu’elles l’annulent. Une tête en pointe d’épingle surmonte un corps s’élevant dans les airs, librement tracé à la manière d’une esquisse à main levée. Les « Nanas » prennent l’espace tout autant que leurs aises, robustes plutôt que voluptueuses, enfantines plutôt que sexualisées – femmes volume, femmes-présence.
Et en même temps, elles ont la légèreté bigarrée d’un signe, masquant leur corporalité derrière des atours de motifs et de couleurs, de fleurs et de cœurs – femmes-arabesque, femmes-armure.
"portfolio Nana Power", 1970 de Niki de SAINT PHALLE - Courtesy de la Galerie Mitterrand © Photo Éric Simon
En 1967, Niki de Saint Phalle inaugure au Stedelijk Museum à Amsterdam son exposition personnelle : elle l’intitule Les Nanas au Pouvoir. La révolution sexuelle gronde, mais ne dit pas encore son nom. Les Nanas la précèdent et la prolongent, l’amplifient et la pluralisent. D’abord déclinées en dessins, gravures, bas-reliefs et sculptures, elles s’étendront par la suite aux projets architecturaux dans l’espace public cathédrale, maisons, fontaines, cité ou aux éditions, ces « multiples uniques » offerts à la possession intime et accessibles à tous.te.s – jouets gonflables, parfums, bijoux, foulards, bibelots.
Parce qu’elles ont depuis efficacement pris possession de leur environnement, de tout espace de circulation et de toute surface d’inscription, les Nanas nous habitent depuis un présent perpétuel plutôt qu’on les regarde ici et maintenant. A la Galerie Mitterand, les Nanas s’offrent à nouveau à la contemplation. Au centre s’ébroue une Nana monumentale en résine polyester peinte (Le Péril Jaune, 1969) : le péril, c’est celui qu’elle représente, elle et ses consœurs (les plus petites sculptures soclées et la Nana Boa, 1983, ainsi que les lithographies des Nana Power, 1970), à l’ordre établi.
"portfolio Nana Power", 1970 de Niki de SAINT PHALLE - Courtesy de la Galerie Mitterrand © Photo Éric Simon
Les Nanas sont un glitch dans la matrice sexuelle normative, et d’une certaine manière, parce qu’elles étendent le genre féminin à l’humanité tout entière, annulent cette distinction même au profit d’une infinité de variations autour d’un même soi indéterminé.
On pense, par écho transtemporel, à l’injonction du Manifeste Xénoféministe du collectif Laboria Cuboniks (2015) de « faire éclore mille sexes », au sens d’une injonction cyberféministe « farouchement anti-naturaliste » accordée à cette autre : « cultiver la pratique de la liberté positive – la liberté de plutôt que vis-à-vis de ».
"portfolio Nana Power", 1970 de Niki de SAINT PHALLE - Courtesy de la Galerie Mitterrand © Photo Éric Simon
Niki de Saint Phalle est une artiste franco-américaine qui commence sa carrière comme peintre en 1950. Son travail s’oriente très rapidement vers les assemblages, les reliefs et la sculpture. En 1961, elle devient membre du groupe des Nouveaux Réalistes. Les Tirs du début des années 60 sont suivis dès 1965 par ses sculptures féminines, rondes et sexy qu’elle appelle les Nanas.
Enfin, son art se déplace vers l’extérieur avec des grandes sculptures aux couleurs chatoyantes et brillantes, souvent monumentales et en collaboration avec Jean Tinguely : Le Cyclop à Milly-la-Forêt, La Fontaine Stravinsky à côté du Centre Pompidou à Paris ou encore son chef d’oeuvre Le Jardin des Tarots en Italie.
Niki de Saint Phalle a bénéficié d’une première rétrospective au Centre Pompidou à Paris dès 1980. Ses oeuvres sont présentes dans les plus prestigieuses collections muséales : Centre Pompidou à Paris, Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, Moderna Museet à Stockholm, Tate à Londres, Hirshhorn Museum and Sculpture Garden à Washington D.C., MoMA de New York, Whitney Museum of American Art, etc
Extrait du texte de Ingrid Luquet-Gad.
Galerie Mitterrand
79 rue du Temple
75003 Paris
http://galeriemitterrand.com
Jours et horaires d’ouverture: du mardi au samedi de 11 h à 19 h.