Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

26 Jul

Daniel OTERO TORRES « Las huellas del viento »

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Peinture Contemporaine, #Expo Céramique Contemporaine, #Expo Installation Contemporaine

Détail "Las huellas del viento", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

Détail "Las huellas del viento", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

Du 23 juin au 6 Août 2022

 

 

A l'occasion de la première exposition personnelle de Daniel Otero Torres chez mor charpentier, mythologies, diverses références culturelles et iconographiques convergent avec les souvenirs personnels de l'artiste. Tous sont encadrés par une manifestation du temps qui n'est pas linéaire, mais cyclique et multiforme, dans laquelle différents passés/présents/futurs peuvent coexister, reliés entre eux par des affinités de sens.

 

La manière dont cet imaginaire est construit peut nous rappeler les formes de narration du réalisme magique, entremêlant l'histoire et la fable, référence au réel et documents authentiques avec l'onirisme et l'invraisemblance. Ses images nous transportent dans un plan transversal de la réalité, un terrain fertile propice aux possibilités narratives, comme aurait pu l'être le Macondo de Cent ans de solitude.

"Las huellas del viento", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

"Las huellas del viento", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

"Caminantes", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

"Caminantes", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

 À l'étage supérieur, on assiste à un dialogue entre trois œuvres. Chacune d'entre elles a pour protagoniste une plante : le maïs, la banane et la fleur de pavot, toutes pourvues d'une charge culturelle et symbolique forte, notamment en Amérique latine. Le travail de Daniel Otero Torres est le résultat d'un exercice de prise de conscience, de révision et de mise en perspective de l'histoire à travers ses images et ses emblèmes.

 

 Ainsi, nait une relecture permettant de construire des espaces de résistance et de nouvelles allégories pour la révolution et la libération.

 

"Amapola", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

"Amapola", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

"Amapola", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

"Amapola", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

La sculpture du « bananero », qui se déploie dans l'espace et semble s'enfoncer peu à peu dans le sol de la galerie, est basée sur la photographie anonyme d'un travailleur de la United Fruit Company (1913), et évoque le massacre des bananeraies un événement tragique qui a mis fin à la grève des travailleurs des plantations colombiennes en 1928, dont l'ampleur diffère fortement entre les chiffres officiels et les témoignages ainsi que l'impact socioéconomique, politique et écologique dévastateur de l'activité commerciale de cette entreprise nord-américaine. Surnommée familièrement "la pieuvre", en raison de son expansion tentaculaire dans toute l'Amérique centrale et les Caraïbes, l'UFCO est entrée dans l'histoire comme paradigmatique de l'exploitation des ressources humaines et naturelles.

 

Dans la sculpture de Daniel Otero Torres, la séquence de silhouettes de l'homme chargé de bananes se confond donc avec le fruit et devient lui-même un hybride, progressivement enraciné dans la terre.

"Viaje al sur", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

"Viaje al sur", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

"Objetos de culto", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

"Objetos de culto", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

Une série de tableaux se déploie comme une toile de fond. Ils sont inspirés par un souvenir d'enfance de la ferme familiale où la famille de l’artiste y cultivait le maïs, dans un champ continuellement survolé par les oiseaux. Cette culture traditionnelle est l'épine dorsale des sociétés américaines et constitue une forme d'identité et de résistance pour les peuples autochtones.

Au cours des dernières décennies, la société a assisté à une succession de mouvements parrainés par le grand lobby de l'agrobusiness (avec Monsanto en tête) visant à promouvoir de nouvelles lois qui criminalisent les agriculteurs pour la libre utilisation des semences. Il leur est généralement interdit de sélectionner, d'adapter et de conserver des grains de variétés "protégées", et certaines législations vont jusqu'à interdire l'échange non commercial de semences non répertoriées, punissant les agriculteurs d'amendes, de peines de prison et de confiscation des grains.

 

L'industrie fait valoir que les variétés indigènes et non conformes "contaminent" les versions "améliorées". Face à ces mesures, des voix s'élèvent pour défendre la valeur sociale de ces semences paysannes ou indigènes, qui sont bénéfiques pour le développement économique local ainsi que la biodiversité.

"Danzando", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

"Danzando", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

"Objetos de culto", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

"Objetos de culto", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

Une troisième œuvre introduit l'image de la fleur de pavot, dont on extrait l'opium et ses dérivés, transformant l'espace d'exposition en un champ de fleurs aux proportions exagérées, dont les tiges s'étendent presque jusqu'au plafond de la galerie. La culture du Papaver somniferum a d’importantes connotations historiques qui se prolongent jusqu'à nos jours.

 

Des guerres de l'opium (promues par l'Empire britannique pour maintenir son hégémonie commerciale sur la Chine) aux conflits et violences liées à sa production et à son trafic illégal en Afghanistan, en Asie du Sud-Est et en Colombie, tout en passant par l'enorme dépendance aux opiacés promue par l'industrie pharmaceutique dans les sociétés occidentales.

"Un cariñito", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

"Un cariñito", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

L'installation nous invite à déambuler parmi les pièces suspendues, et à relier métaphoriquement le plan terrestre du réel à celui des états modifiés de conscience, qui s'élèveraient vers l'infini. En harmonie avec les références archéologiques qui sont souvent incorporées dans ses projets, l'espace inférieur de la galerie est configuré comme une sorte d'hypogée; un domaine souterrain, tel une crypte ou un temple excavé, peuplé d'une collection de récipients en terre cuite illustrés par un programme iconographique fascinant.

 

Les céramiques s'inspirent de sources diverses : récipients grecs, étrusques, précolombiens, ou d’autres formes atypiques. Leurs surfaces alternent images totémiques et culture vernaculaire, technologie ou encore science-fiction.

"Una y otra vez", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

"Una y otra vez", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

"Viaje al sur", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

"Viaje al sur", 2022 de Daniel OTERO TORRES - Courtesy de l'artiste et de Galerie Mor Charpentier © Photo Éric Simon

C'est précisément dans le domaine littéraire que l'écrivain et essayiste Ursula Le Guin suggère que le premier artefact culturel était probablement un récipient, et non un autre type d'outil, comme nous l'imaginons habituellement.

 

A ce titre, les vases de Daniel Otero Torres mettent en évidence cette relation intime entre la manifestation la plus primordiale de la technologie humaine et les développements scientifiques sophistiqués du présent. Entre les deux extrêmes, des ponts de symboles sont construits sur la base de la allégorie joyeuse d'un univers à mi-chemin entre l'archaïque et le post-humain.

Galerie Mor Charpentier

61 rue de Bretagne

75003 Paris

 

https://www.mor-charpentier.com/

 

Jours et Horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h

Archives

À propos

L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS