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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

05 Nov

Exposition Sculpture contemporaine: Elsa SAHAL "Hommage à Jambes ARP"

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Sculpture Contemporaine

"Arperie1", 2019 de Elsa SAHAL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Papillon © Photo Éric Simon

"Arperie1", 2019 de Elsa SAHAL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Papillon © Photo Éric Simon

Du 9 octobre au 20 novembre 2021

 

 

« J’ai adopté la terre tout de suite parce que c’est un matériau domestique, non autoritaire ; Je n’aime pas la virtuosité technique, la séduction qu’elle exerce, la fascination de la maîtrise, qui freine la liberté. Le corps est inséparable de ce matériau. Comme si la terre était déjà du corps. […] La terre est le matériau récurrent de mes réalisations dans le champ de la sculpture et de l’installation. - Jean Arp

 

 

 

Des différents modes et températures de cuisson de la terre, Elsa Sahal explore tous les effets de matière, jusqu’à des subtilités qui n’échapperont pas aux yeux les plus affutés. Plus évidemment, le brillant et le mat s’opposent ou se complètent et esquissent dans ses dernières sculptures un pas de deux qui a tout du corps à corps.

 

 

"Déjeuner sur l'herbe", 2021 de Elsa SAHAL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Papillon © Photo Éric Simon

"Déjeuner sur l'herbe", 2021 de Elsa SAHAL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Papillon © Photo Éric Simon

"Losange, mon ange", 2021 de Elsa SAHAL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Papillon © Photo Éric Simon

"Losange, mon ange", 2021 de Elsa SAHAL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Papillon © Photo Éric Simon

Car la dualité présente dans les surfaces travaille tout autant les formes, dans un écart chorégraphié par la sculptrice entre protubérances ramassées et fuseaux graciles, membres ou parties du corps humain et formes de vie moins dissociées, lesquels exécutent ensemble des figures plus ou moins acrobatiques, tels des couples de danseurs et danseuses, d’amants ou de lutteurs : les torsions sont lascives ou contraintes, enveloppantes ou menaçantes, tandis que les jambes se font tantôt tentacules ou voiles caressants, tantôt cornes, dards ou banderilles proches de s’enfoncer ici règnent les métamorphoses et les associations.

"Sudoku sur le divan", 2021 de Elsa SAHAL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Papillon © Photo Éric Simon

"Sudoku sur le divan", 2021 de Elsa SAHAL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Papillon © Photo Éric Simon

Avec ces tensions dynamiques, ces équilibres de forces s’appuyant l’une sur l’autre, Elsa Sahal ajoute un chapitre à l’histoire de la représentation du mouvement et de la sculpture en plusieurs parties : évoquant des têtes ou des jambes, ces formes qui s’approchent jusqu’à se frôler semblent inéluctablement attirées l’une vers l’autre, tandis que leurs duos, parce qu’ils combinent l’ascension et la chute, l’enroulement et la culbute, la dissociation et la fusion, pourraient bien incarner diverses versions d’un sens dessus dessous on ne peut plus carnavalesque.

 

 

Parce que l’artiste se plaît, on le sait, avec une tendre irrévérence, à jouer avec l’histoire de l’art, les formes mates ramènent à la mémoire des mannequins ceux des surréalistes ou d’artistes pop comme Allen Jones – et les brillantes, les sculptures de Jean Arp quoique l’on associe plus spontanément à celles-ci la blancheur mate du plâtre ou du marbre.

"Les trois sombres", 2021 de Elsa SAHAL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Papillon © Photo Éric Simon

"Les trois sombres", 2021 de Elsa SAHAL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Papillon © Photo Éric Simon

Et dans cette inversion de valeur se joue un dévoilement semblable à celui qui s’opère quand Daniel Arasse décrit Le Verrou de Fragonard et donne à voir, dans le rien d’un lit défait, l’objet du désir et la peinture même. Les sculptures d’Elsa Sahal toujours creuses, on le rappellera résonnent de l’ambivalence qui traverse les textes de Arp, plus explicite que dans ses œuvres, lesquelles pourtant recèlent bien, outre leurs formes rondes et pleines, certains "objets désagréables". "J’ai interprété et nommé ‘amphore’, écrit-il dans Jalons, une certaine concrétion à laquelle je travaille et retravaille.

 

 

Le noyau de cette concrétion est un objet casanier ressemblant à une poupée débonnaire aux formes arrondies et agréablement bombées. De cette forme s’étirent des membres malfaiteurs, des serpents meurtriers, mordants, avides d’étrangler."

"Déjeuner sur l'herbe", 2021 de Elsa SAHAL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Papillon © Photo Éric Simon

"Déjeuner sur l'herbe", 2021 de Elsa SAHAL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Papillon © Photo Éric Simon

Elsa Sahal aussi est hantée par le motif du serpent, par la violence qui s’y niche à l’image de ceux avec lesquels Laocoon et ses fils sont aux prises dans le célèbre groupe sculpté qui les représente et par son symbolisme ambivalent qu’Aby Warburg a étudié dans Le Rituel du serpent : récit d’un voyage en pays pueblo.

 

 

On ne s’étonne donc pas d’en voir surgir l’image tant dans les torsions des jambes que dans les formes ramassées, comme des nœuds et de sentir ainsi la séduction et la violence s’entremêler :le monde n’est pas toujours rose – une des couleurs de prédilection de la sculptrice et ce n’est pas Hans/Jean Arp qui la contredira, lui qui avait choisi d’"accepter le clair et le sombre que le hasard nous envoie non seulement avec étonnement mais avec une reconnaissance émue" (Jalons).

"Yogi gaga", 2021 de Elsa SAHAL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Papillon © Photo Éric Simon

"Yogi gaga", 2021 de Elsa SAHAL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Papillon © Photo Éric Simon

Peut-être l’éprouve-t-on, cette même reconnaissance, quand, par le simple geste de tordre un boudin de terre, surgit un serpent ou quand apparaît à l’artiste une "pierre formée par la main humaine".

 

Aussi simple soit-elle, la forme n’est jamais seule et si elle est le produit de la rencontre, heureuse, entre une action et un matériau, elle porte aussi son propre commentaire sa signification, son impensé, voire son refoulé, d’où ce jeu de dédoublement, d’attraction et de soulignement mis en œuvre dans ces sculptures d’Elsa Sahal qui, aimant à jouer avec la terre, les mots et le spectateur, n’en est pas à sa première Arperie : pirouette, plaisanterie, entourloupe, facétie, pied de nez… La dernière en date pourrait porter un titre de fable, à tiroirs : le berger des nuages au pays de la charmeuse de serpents.1

 

Guitemie Maldonado (octobre 2021)

 

1 - Soit en quelque sorte Jean Arp et sa sculpture Berger des nuages rencontrant Henri Rousseau et son tableau La charmeuse de serpents. D’ailleurs, le premier conseillait aux sculpteurs, non d’essayer d’abattre un nuage avec des flèches, mais plutôt de le charmer "d’un air de violon sur un tambour ou d’un air de tambour sur un violon", jusqu’à ce qu’il descende, se prélasse de bonheur et enfin se pétrifie.

"Au trou bornois", 2021 de Elsa SAHAL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Papillon © Photo Éric Simon

"Au trou bornois", 2021 de Elsa SAHAL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Papillon © Photo Éric Simon

Elsa SAHAL est née en 1975 à Bagnolet. Elle vit et travaille à Paris.

Galerie Papillon

13 rue Chapon

Fr- 75003 Paris

 

 

http://www.galeriepapillonparis.com/

 

 

Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.

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