21 Sep

Ali BANISADR « Return to Mother »

Publié par Eric SIMON - Catégories : #Expo Peinture Contemporaine

Détail "Return to Mother", 2022 de Ali BANISADR - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Ropac © Photo Éric Simon

Du 3 Septembre au 8 Octobre 2022

Return to Mother est une exposition de nouvelles œuvres du peintre Ali Banisadr, né à Téhéran et basé aux États-Unis. Mêlant gestes abstraits et délicats détails figuratifs, les neuf tableaux présentés offrent une vision kaléidoscopique de l’histoire de l’humanité, invitant les spectateurs à réfléchir aux enjeux contemporains à travers le prisme du passé, et à absorber le pouvoir épistémique des images.

Mother", 2022 de Ali BANISADR - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Ropac © Photo Éric Simon

Le titre de l’exposition est une traduction littérale du mot sumérien 𒂼𒄄, prononcé « ama-gi », qui est considéré comme la plus ancienne référence écrite au concept de liberté. « La liberté est ce que je recherche lorsque je peins », explique Banisadr à propos de son choix. « Il n’y a pas de plan directeur, il n’y a pas de frontières. Je n’ai de comptes à rendre à personne. »

Bien que les théoriciens aient eu du mal à expliquer le lien entre la notion de liberté et son origine métaphorique, les peintures de Banisadr parviennent sans mot dire à donner un sens à cette association. « La liberté est la capacité de se déplacer dans le temps », explique-t-il, « d’entrer dans différents états d’esprit, différentes histoires de l’art, différentes cultures, de dissoudre les barrières. Il n’y a pas de modèle, l’œuvre va où elle veut. »

"Pyramids of the Sun and the Moon", 2022 de Ali BANISADR - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Ropac © Photo Éric Simon

Banisadr décrit ses peintures comme des portails vers des mondes différents, dans lesquels la réalité, l’histoire et la mythologie fusionnent comme par un processus alchimique. S’appuyant sur de nombreuses références littéraires et artistiques, ainsi que sur l’actualité et son propre vécu, il crée des tableaux en mouvement peuplés d’apparitions colorées que l’on pourrait trouver dans l’Enfer de Dante ou sur une planète lointaine. « J’essaie de laisser la peinture devenir ce qu’elle veut devenir », explique Banisadr à propos de son processus.

« Et lorsque cela se produit, lorsque quelque chose se produit dans la peinture que je ne connaissais pas auparavant, c’est la partie la plus excitante, parce que la peinture m’apprend alors quelque chose que je ne savais pas. »

"Axe to the frozen sea within us", 2022 de Ali BANISADR - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Ropac © Photo Éric Simon

Parmi les livres qui recouvrent les tables de l’atelier new-yorkais de l’artiste, plusieurs font référence à la mythologie de l’Égypte ancienne et du Proche-Orient, à des gravures alchimiques, et l’un d’eux présente un des portraits de Pape de Francis Bacon sur sa couverture. De cette collection de fragments disparates émerge sa fascination pour les créatures hybrides, qui se manifeste sur la toile sous la forme de silhouettes mystérieuses et parfois troublantes, rappelant les célèbres bestiaires de Jérôme Bosch.

On peut également identifier l’influence des miniatures persanes dans les motifs précis de rayures et de points qui ponctuent les peintures de Banisadr. Ils deviennent un point focal pour les spectateurs, offrant à l’œil un endroit où se poser parmi les tâches floues et les tourbillons de peinture, lui permettant de pénétrer plus profondément dans l’œuvre.

"The Great Replacement", 2022 de Ali BANISADR - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Ropac © Photo Éric Simon

Des tableaux tels que The Great Replacement (Le grand remplacement, 2022) révèlent la manière dont Banisadr tisse des liens entre le passé et le présent, mettant en évidence les connexions entre les actions et les idées de différents peuples à travers le temps et l’espace. Faisant référence à la théorie du complot raciste qui continue d’alimenter les angoisses des sociétés occidentales depuis sa formulation en 2011, tout en la remettant en question, l’artiste nous invite à remonter le fil de l’histoire et à nous interroger sur nos préjugés.

Un homme nu peint dans des tons de jaune contrastant avec la foule environnante semble être poussé hors du cadre, tandis qu’au-dessus de lui, un cavalier s’abat sur la scène, armé d’une croix ombrageuse. « Qui remplace qui ? » demande Banisadr dans cette peinture, « que dit l’histoire de Napoléon, de l’Inquisition, des guerres menées au nom de la religion ? »

"Mother", 2022 de Ali BANISADR - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Ropac © Photo Éric Simon

L’une des plus grandes œuvres exposées, Axe to the frozen sea with in us (Hache qui brise la mer gelée en nous, 2021), fait référence au mantra de l’écrivain Franz Kafka selon lequel nous devrions lire des livres qui « nous atteignent comme une catastrophe, qui nous affligent profondément, comme la mort de quelqu’un que nous aimons plus que nous-même. » Banisadr voit la peinture sous un angle similaire, souhaitant que ses propres œuvres incitent les spectateurs à penser différemment. « La glace fond et nous trouvons la chose qui était gelée depuis longtemps », dit-il. « Cette nouvelle découverte change l’histoire, et le passé, en constante évolution, continue d’avancer. »

Rappelant les gravures alchimiques que l’on trouve dans l’atelier de l’artiste, la palette monochrome de l’œuvre rend également hommage à une pratique qui fascine l’artiste depuis de nombreuses années. Ces documents anciens témoignent d’un désir de conceptualiser visuellement les forces qui sous-tendent notre monde, faisant écho au désir de Banisadr de « rendre visibles les forces invisibles » dans ses peintures. Comme l’écrit l’artiste, « dans l’alchimie, la vérité universelle, l’essence de tout, provient de tout. »

"SOS", 2020 de Ali BANISADR - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Ropac © Photo Éric Simon

Né à Téhéran en 1976, Banisadr a emménagé en Californie avec sa famille lorsqu’il était enfant. Pendant son séjour à San Francisco, il a étudié la psychologie et s’est intéressé à l’art du graffiti. Il vit et travaille à New York depuis 2000, où il a étudié à la School of Visual Arts et à la New York Academy of Art. Ses œuvres ont été exposées dans de nombreux musées, notamment au Museum of Fine Arts, Houston (2017) ; et au Victoria & Albert Museum, Londres (2021). Il a fait l’objet d’une exposition avec Andrew Sendor au Museum of Contemporary Art, Jacksonville, États-Unis, ainsi que de l’exposition Bosch and Banisadr : We Work in Shadows à la Gemäldegalerie, Académie des beaux-arts, Vienne (toutes deux 2019). Il a été inclus dans Love Me/Love Me Not : Contemporary Art from Azerbaijan and Its Neighbours à la 55e Biennale de Venise en 2013. Des expositions personnelles récentes ont eu lieu au Het Noordbrabants Museum, ‘s-Hertogenbosch, Pays-Bas (2019) ; au Benaki Museum, Athènes (2020) ; au Wadsworth Atheneum Museum of Art, Hartford, États-Unis (2020) ; et au Stefano Bardini Museum & Palazzo Vecchio Museum, Florence (2021).

Galerie Ropac

7 Rue Debelleyme
Fr-75003 Paris

https://ropac.net/

Jours et horaires d'ouverture: du mardi au samedi de 10h à 19h.

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http://www.actuart.org/2019/10/exposition-peinture-contemporaine-ali-banisadr-ordered-disorders.html