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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

05 Jan

Bertrand LAVIER « ALLEGORIA »

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Installation Contemporaine, #Expo Sculpture Contemporaine

"Aronde", 2023 de Bertrand LAVIER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Mennour - Paris © Photo Éric Simon

"Aronde", 2023 de Bertrand LAVIER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Mennour - Paris © Photo Éric Simon

Du 30 novembre au 3 février 2024

 

 

 

Bertrand Lavier a pour habitude de nous exposer à des situations inqualifiables. Souvent ses œuvres d’art nous paraissent flotter entre plusieurs identités possibles, plusieurs temporalités.C’est encore le cas pour les deux nouveaux « chantiers » — comme il aime à nommer ces ensembles, jamais totalement terminés, qu’il revisite à loisir parfois pendant plusieurs décennies — l’un proposant des inclusions de tableaux, l’autre une épave recouverte d’une peinture rutilante, tout à fait contemporaine.

 

 

Les inclusions nous placent face à un paradoxe : il y a tout d’abord le caractère iconoclaste, presque sacrilège, du geste, rendant définitivement inaccessible les peintures emprises.

 

 

Ensuite, il y a le changement de nature de l’objet, qui ainsi exposé perd sa bidimensionnalité pour se manifester, quasiment, comme une sculpture. Pour autant, cette nouvelle façon de se montrer permet au tableau d’être mieux vu : d’une part, parce que l’on en voit désormais des faces sinon invisibles, et que les importants effets de miroitements de la résine augmentent la présence visuelle du tableau ; d’autre part, et c’est le point le plus critique, parce que ce geste a priori destructif sort les œuvres de l’anonymat définitif auquel elles étaient condamnées.

"Inclusion 19/21. Diptyque, 2023 de Bertrand LAVIER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Mennour - Paris

"Inclusion 19/21. Diptyque, 2023 de Bertrand LAVIER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Mennour - Paris

Ces œuvres, de qualité moyenne, encapsulent à leur façon un certain programme de l’art de leur temps : les artistes du XIXe siècle peignaient des natures mortes comme d’autres, plus proches de nous, se livrent à une forme d’abstraction lyrique. Bertrand Lavier poursuit ici une question récurrente dans son travail, celle de l’auteur et de l’originalité : il y a potentiellement plus « d’art » dans ce détournement distant que dans le geste pictural initial, qui ne paraît à aucun moment interroger la nature même de la peinture.

 

 

C’est une résonance lointaine de la Pharmacie de Duchamp, comme de travaux plus anciens de l’artiste, comme Landscape Painting and Beyond ou Nature Morte and Still-life, qui le voyaient déjà « augmenter » des images assez moyennes. C’est en raison de cette qualité moyenne que le geste de l’inclusion prend tout son sens.

 

Un autre motif laviérien sourd ici : les relations entre high et low. Que penser au fond de ces peintures honnêtes, a priori artistiques mais sans qualité, ainsi réhaussées, surlignées, par le procédé très populaire et a priori ringard de l’inclusion ?

À la manière des Harcourt/Grévin, ce nouveau chantier dévoile le caractère tout à fait relatif des hiérarchies culturelles.

"Aronde", 2023 de Bertrand LAVIER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Mennour - Paris © Photo Éric Simon

"Aronde", 2023 de Bertrand LAVIER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Mennour - Paris © Photo Éric Simon

Bons et mauvais goûts s’enchâssent aussi dans la carcasse de voiture repeinte. La Simca Aronde de 1955 — un temps la voiture la plus vendue en France — à l’état d’épave, arbore désormais une peinture acidulée qui la rapproche des bolides ultramodernes sillonnant les capitales du Golfe.

Voyons-nous un objet neuf, comme la brillance du pigment l’indique, ou une épave, comme la rouille du pare-choc le rappelle ?

Est-ce un objet de luxe ou une ruine ?

 

La nature de l’Aronde grésille entre ces possibilités, comme elle se tend entre les années 1950 et nos années 1920, à la manière du réfrigérateur peint, dont les lignes so fifties, néanmoins conçues en 1997 et repeintes en 2023 avec l’épaisse « touche Van Gogh » brouillent nos repères.

 

Ces deux nouveaux chantiers de Bertrand Lavier poursuivent la quête, initiée de longue date par l’artiste, d’une investigation aussi joyeuse que sérieuse d’un réel définitivement paradoxal, toujours en mouvement, toujours ambigu, qui ne se laisse jamais entrevoir sous une seule dimension.

 

— Nicolas-Xavier Ferrand

 

"Smeg", 2023", 2023 de Bertrand LAVIER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Mennour - Paris © Photo Éric Simon

"Smeg", 2023", 2023 de Bertrand LAVIER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Mennour - Paris © Photo Éric Simon

Né en 1949 à Châtillon sur Seine, Bertrand LAVIER vit et travaille à Paris et Aignay-le-Duc, près de Dijon (France).

 

Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles et collectives dans le monde entier : au Centre Pompidou, au Musée d’Art Moderne de Paris, au Grand Palais, au Musée du Louvre, au Musée d’Orsay, au musé e du quai Branly–Jacques Chirac, au Palais de Tokyo, à la Monnaie de Paris, à la Bourse de Commerce–Pinault Collection à Paris et à la Punta della Dogana–Pinault Collection à Venise, à la Fondation Louis Vuitton à Paris et à l’Espace Louis Vuitton à Tokyo, au Château de Versailles, à la Fondation Vincent van Gogh à Arles, au Consortium de Dijon, à la Tate Gallery et à la Serpentine Gallery de Londres, à la Villa Sauber à Monaco, au Palais des Beaux Arts à Bruxelles, au Musée Middelheim à Anvers, au Martin Gropius Bau à Berlin, à la Haus der Kunst à Munich, à la Kunsthalle Fridericianum à Cassel, à la Frankfurter Kunstverein à Francfort sur le Main, au MAMCO Musée d’art moderne et contemporain à Genève, à la Kunsthalle de Berne, au Macro Museo d’Arte Contemporanea di Roma et à la Villa Mé dicis à Rome, au mumok museum moderner kunst stiftung ludwig wien à Vienne, au musée de l’Ermitage à Saint Pétersbourg, au Solomon R. Guggenheim Museum, au MoMA PS1 et au Swiss Institute à New York, au Musée d’Art Contemporain de San Diego, à la Maison Hermès Dosan Park à Séoul, au Hong Kong Museum of Art, à l’Hôtel Le Bristol, Paris, ainsi que dans le cadre de la Biennale de Venise.

 

 

Galerie MENNOUR
6 rue du Pont de Lodi

75006 Paris

 

 

 https://kamelmennour.com

 



Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.

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