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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

29 May

Expo Rétrospective Contemporaine: Lucio Fontana

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Rétrospective Contemporaine

Expo Rétrospective Contemporaine: Lucio Fontana

Du 25 Avril au 24 Août 2014

Expo Rétrospective Contemporaine: Lucio Fontana

Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente l’une des plus importantes rétrospectives de Lucio Fontana (1899-1968). Considéré comme un des grands visionnaires du vingtième siècle, son œuvre a marqué plusieurs générations d’artistes, d’Yves Klein à aujourd’hui. Pour la première fois en France depuis 1987, plus de 200 sculptures, toiles, céramiques et environnements permettent d’offrir une vision globale de son parcours atypique et de ses changements de styles.

Mary Mary, 1926-1927

Mary Mary, 1926-1927

Le parcours chronologique de l'exposition couvre l'ensemble de sa production, de la fin des années 1920 à sa mort en 1968, à travers tous ses grands cycles : sculptures primitives et abstraites, dessins, céramiques polychromes, œuvres spatialistes, toiles perforées, œuvres informelles, environnements, Tagli (Fentes), NatureFine di DioVenezieMetalliTeatrini, etc, oscillant entre geste conceptuel épuré et profusion de matières et de couleurs jouant avec le décoratif.

Le Harponneur, 1933-1934

Le Harponneur, 1933-1934

1. Primitivisme

1930 -1933

Délaissant la tradition du marbre taillé apprise dans l’atelier paternel et dans celui d’Adolfo Wildt, son maître symboliste à l’Accademia di Brera de Milan, Fontana élabore un style personnel figuratif qualifié de primitif, qui ne se réfère à aucun courant artistique. Les scul- ptures, polychromes, sont en terre cuite ou en plâtre, matériaux qu’il privilégie durant toute sa carrière. Avec leurs surfaces irrégulières, ces figures humaines sont schématiques et archaïsantes. En parallèle, il réalise des figures humaines en bronze.

Hommes, 1932

Hommes, 1932

2. Sculptures abstraites

1934 -1935

Fontana réalise en 1934 un petit ensemble de sculptures abstraites, sortes de dessins dans l’espace, dont la géométrie contraste avec ses oeuvres biomorphiques précédentes. Il ne reviendra plus par la suite à cette forme d’abstraction mais, conscient de leur dimension pionnière, il exécutera dans les années 1950 et 1960 des reconstitutions de ces oeuvres, détruites, afin de les montrer dans diverses

rétrospectives.

Sculpture Abstraite, 1934

Sculpture Abstraite, 1934

3. Céramiques

1936 -1940

À partir de 1936, Fontana travaille chaque été dans l’atelier l’atelier du céramiste Tullio Mazzotti, à Albisola. Les sujets de ses sculptures, qui marquent un retour à la figuration, semblent issus de l’environnement d’Albisola (cité balnéaire) : fonds marins, animaux divers, natures mortes. Employant une technique habituellement dédiée à la fabrication de vases, il repense la forme de manière sculpturale. Il réalise plusieurs céramiques de grandes dimensions, comme le Torso italico [Torse italique] pour le hall d’un immeuble à Milan. La couleur joue chez Fontana un double rôle, permettant de dissoudre la matière et la figure tout en les magnifiant.

Champion Olympique (athlète en attente), 1932 et Torse Italique, 1938

Champion Olympique (athlète en attente), 1932 et Torse Italique, 1938

Portrait de Teresita, 1940

Portrait de Teresita, 1940

4. Le spatialisme

1946 -1952

En 1946, Fontana élabore ses théories spatialistes, dont il pose les fondements dans le Manifeste blanc. Les débuts du mouvement spatialiste (1946-1952) correspondent à une expérience collective de discussions, d’expositions, de publications réunissant artistes, écrivains et philosophes autour de Fontana. Les manifestes, dans la tradition de ceux du futurisme, préconisent de rompre avec le tableau de chevalet, de renouveler les techniques, d’être en phase avec le progrès (Fontana est fasciné par l’exploration du cosmos) et de donner à l’idée et au mouvement la primauté sur la matière. L’art spatial est envisagé comme un dépassement des genres traditionnels (peinture, sculpture, poésie,musique) et une synthèse entre « couleur, son, mouvement, espace ». Malgré l’injonction des mani- festes à moderniser les moyens d’expression, c’est avec des matériaux traditionnels, le papier, la céramique et le plâtre, que Fontana réalise ses premières oeuvres spatiales.

Affiche Environnement Spatial, 1949

Affiche Environnement Spatial, 1949

Environnement Spatial, 1952

Environnement Spatial, 1952

5. Buchi [Trous]

1949 -1952

Dès 1949, Fontana réalise la plupart de ses oeuvres spatialistes sur toile, son support de prédilection dès 1949. Il aborde le tableau avec le cycle des Buchi, qu’il poursuivra toute sa vie sous différentes formes. Au recto et au verso de la toile, l’artiste perce des trous en les disposant de manière à constituer diverses figures Ŕ cercles concentriques et spirales, lignes ou zigzags. Loin d’être un geste iconoclaste et destructeur, le trou est un motif qui laisse passer la lumière et l’ombre. Par la suite, Fontana expérimente cette technique plus sculpturale que picturale sur différents supports, tels que la terre cuite ou le métal. À partir de 1949, pratiquement toutes ses oeuvres s’intitulent Concetto spaziale [Concept spatial], fédérant toutes les techniques autour d’une idée.

Concept Spatial, 1949-1950

Concept Spatial, 1949-1950

Concept Spatial, 1958

Concept Spatial, 1958

 

Céramiques

 

1947 -1950

Durant cette période, Fontana produit des céramiques figuratives qui puisent dans l’iconographie traditionnelle italienne : guerriers, batailles, crucifix, arlequins, etc. Ces sculptures, par leurs surfaces baroquisantes, se rapprochent des oeuvres proprement spatialistes.

Concept Spatial "Homme Atomique", 1947

Concept Spatial "Homme Atomique", 1947

Bataille, 1974

Bataille, 1974

Figure Féminine avec fleurs, 1948

Figure Féminine avec fleurs, 1948

6. Informel baroque 1952-1958

Les oeuvres spatialistes des années 1950 sont rattachées à l’« art informel ». Le terme, inventé par le critique français Michel Tapié,s’applique à des peintures qui ne sont ni figu- ratives ni géométriquement abstraites. Fontana revendique un esprit baroque dans son Manifeste technique de 1951. Ses oeuvres trouées s’organisent en séries définies selon les matériaux utilisés : les Buchi [Trous](1949-1968), trous sur toile monochrome, les Pietre [Pierres] (1951-1958), parsemées de graviers de verre translucide colorés, les Barrochi [Baroques] (1954-1957), à la gestualité et aux contrastes marqués, les Gessi [Pastel à base de plâtre](1954-1958), aux rendus dramatiques et sourds, présentant des formes irrégulières souvent ovoïdes ou rectangulaires, lesInchiostri [Encres](1956-1959),beaucoup plus vaporeuses.

Concept Spatial, 1956

Concept Spatial, 1956

Concept Spatial, 1957

Concept Spatial, 1957

Concept Spatial, 1958

Concept Spatial, 1958

Concept Spatial, 1953

Concept Spatial, 1953

Concept Spatial, 1954

Concept Spatial, 1954

7. Tagli [Fentes] 1958-1960

La série des Carta(1957-1960), papiers entoilés que Fontana troue, griffe et finalement lacère, amorce le passage du trou à la fente comme acte artistique. L’artiste se concentre sur des toiles monochromes à partir de 1960, affinant sa technique, notamment pour maintenir le relief des lèvres de la fente. La violence radicale du geste et la charge érotique de ces fentes, dénuées d’intention expressionniste, ont souvent été soulignées. Fontana insiste sur l’ouverture à de nouvelles perceptions spatiales.

Concept Spatial, Attentes, 1959

Concept Spatial, Attentes, 1959

Concept Spatial, Attentes, 1959

Concept Spatial, Attentes, 1959

8. Collaborations architecturales

Fontana a sans cesse traité la question de l’espace, à travers ses toiles et dans ses en- vironnements, mais aussi lors de ses nombreuses collaborations architecturales aux- quelles il attachait la plus grande importance. Répondant à des commandes, il applique son vocabulaire plastique à la décoration d’intérieur, à la mise en valeur de bâtiments publics ou de monuments. La thématique religieusetraverse l’oeuvre de Fontana, formé à la conception de monuments funéraires. De lui-même ou en réponse à des commandes, il réalisedes crucifix, chemins de croix, et concourt pour la cinquième porte de la cathédrale de Milan.

Maquette du plafond de néons pour "Italia 61" Turin, 1961

Maquette du plafond de néons pour "Italia 61" Turin, 1961

Maquette pour la tombe de Chinelli, 1940

Maquette pour la tombe de Chinelli, 1940

9. Nature [Natures] 1959-1960

L’artiste réalise durant les étés 1959 et 1960 à Albisola les Nature, sculptures en terre cuite dont certaines sont éditées en bronze. Ces boules profondément creusées ou fendues débordent de sensualité. Il les nomme d’abord « boules », puis « bouches ». Le mot «natura » au pluriel désigne le sexe féminin en argot italien. Montrées en groupe, ce sont des évocations de l’univers. En effet, à la findes années 1950 nous sommes en pleine époque de la découverte de photographies montrant la surface de la lune et ses cratères, Fontana est alors fasciné par la conquête spatiale, l’artiste imagine l’angoisse des astronautes face à un monde nouveau.

Concept Spatial, 1960

Concept Spatial, 1960

Concept Spatial, Nature 1959-1960

Concept Spatial, Nature 1959-1960

10. Olii [Huiles] 1960-1962

Ces toiles trouées sont recouvertes d’une épaisse couche de peinture à l’huile qui restitue par des débords de pâte l’acte de percer et de dessiner. La gamme de couleurs est celle de la publicité ou de l’industrie. Lucio Fontana rattache les Oliià la souffrance du spation- aute, il tente en effet de donner forme à travers cette série d’œuvres, à l’angoisse que l’homme peut ressentir face à la conquête de l’espace à l’époque en plein essor.

Tagli [Fentes] 1960-1968 À partir de 1958, Fontana réalise régulièrement des Tagli (1958- 1968) intitulés Concetto spaziale [Concept spatial], ou  Attente  [Attentes] « lorsqu’il y a plusieurs fentes » ; réalisés en grand nombre (environ cent cinquante par an), qui devien- nent sa marque de fabrique. Ses oeuvres, de plus en plus épurées, recherchent une nouvelle sérénité.

Concept Spatial, Attentes, 1966

Concept Spatial, Attentes, 1966

Concept Spatial, 1962

Concept Spatial, 1962

Concept Spatial, 1962

Concept Spatial, 1962

11. Venezie [Venises] et New-York 1961-1962

En référence à Venise, ville où il a souvent exposé, Fontana réalise vingt-deux Venezie. D’esprit baroque, parfois en or ou en argent, parsemés de débris de verre de Murano, les Venizie, portent des sous-titres folkloriques. Leurs reflets évoquent les coupoles de Saint-Marc, le miroitement de l’eau et de la pluie.Tandis qu’il présente plusieurs Venezie à la Martha Jackson Gallery, à New-York, l’architecture de la ville américainelui inspire un nouveau cycle, lesMetalli [Métaux](1961-1968). Fontana perce et lacère des plaques en cuivre, en laiton ou en aluminium, trouvant dans ces matériaux qui réfléchissent la lumière une manière d’inclure le spectateur.

Concept Spatial, Attentes, 1959

Concept Spatial, Attentes, 1959

Concept Spatial, Soleil sur la place Saint-Marc, 1961

Concept Spatial, Soleil sur la place Saint-Marc, 1961

Concept Spatial, New-York10,1962

Concept Spatial, New-York10,1962

12. Fine di Dio [La Fin de Dieu] et Trinità 1963-1966

Entre 1963 et 1964, Fontana réalise trente-huit Fine di Dio, toiles monochromes de taille humaine, trouées, parfois pailletées, ovoïdes, de couleurs vives (souvent roses ou vertes), qui renvoient aux origines de la vie. Elles jouent avec le sentiment religieux et la finitude humaine sans pourtant s’en faire l’illustration.

Les larges trous ressemblent à des cratères, qui finissent par envahir de la surface de la toile.

Concept Spatial, Trinité, 1966

Concept Spatial, Trinité, 1966

Concept Spatial, la fin de Dieu, 1963

Concept Spatial, la fin de Dieu, 1963

13. Un « design » spatialiste 1964-1967

 

À la fin de sa vie, Fontana fait réaliser en bois ou en métal ses œuvresaux couleurs vives, à mi-chemin entre le design, l’esthétique popalors en vogue et l’objet minimal. Les cent soixante-dix Teatrini [Petits théâtres] sont une relecture, entre 1964 et 1966, des thèmes

 

principaux de l’artiste. Les cadres en bois laqué sont découpés à partir d’esquisses four- nies par Fontana, silhouettes de Nature, d’arabesques baroques, de formes flottantes, de paysages. En 1967, Fontana fait réaliser à partir de dessins une trentaine d’Ellissi [Ellipses] à l’aspect usiné, ainsi que des sculptures en métal sur pied. Sortes de déclinai- sons des Teatrini, ces objets inclassables ouvrent le spatialisme à la production mécanisée.

Torpille, 1967-1968

Torpille, 1967-1968

Concept Spatial, petit théatre, 1965

Concept Spatial, petit théatre, 1965

L’exposition, réalisée avec la collaboration de la Fondazione Lucio Fontana, met en valeur la diversité de sa création, entre abstraction et figuration, quête métaphysique et incarnation, utopie et kitsch, fascination technologique et matières informes. Ses toiles fendues, devenues des icônes de l’art moderne, sont mises en regard d’œuvres moins connues, notamment ses sculptures des années trente et ses céramiques, la plupart présentées pour la première fois en France.

Lucio FONTANA réalisant l'attente, MILAN, 1964 Photo de Ugo MULAS

Lucio FONTANA réalisant l'attente, MILAN, 1964 Photo de Ugo MULAS

LUCIO FONTANA est né en 1899 à Rosario en Argentine de père italien, sculpteur de formation, il passera la majeure partie de sa vie à Milan. Exploitant toutes les possibilités de la sculpture polychrome (terre cuite, céramique, mosaïque) et collaborant avec des architectes, il est un des premiers artistes abstraits italiens dans les années 1930. Il passe la Seconde Guerre Mondiale en Argentine. De retour à Milan en 1947, il devient la figure de proue du mouvement spatialiste qu’il définit dans divers manifestes. Ce mouvement part de l’espace et de la lumière pour concevoir des œuvres en relation avec le monde environnant et la conquête spatiale. Il s’incarne dans ses sculptures en céramique, ses toiles trouées et ses environnements. En 1949, il réalise ses premiers Concetti spaziali (Concepts spatiaux), toiles perforées sur lesquelles il intervient avec divers matériaux et couleurs vives. Après une rétrospective à la Biennale de Venise en 1958, il commence sa série de toiles fendues, les Tagli et devient une figure de référence pour les artistes des années 1960.

Exposition réalisée avec la collaboration de la Fondazione Lucio Fontana. 

Lucio FONTANA

Lucio FONTANA

MUSEE D'ART MODERNE DE LA VILLE DE PARIS
11 avenue du Président Wilson

75116 Paris

 

http://www.mam.paris.fr/fr

 

Horaires et jours d’ouverture : Du mardi au dimanche de 10h à 18h.
Nocturne le jeudi jusqu’à 22h

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