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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

16 Nov

CHEN KE « BAUHAUS GAL – THEATRE »

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Peinture Contemporaine, #Expo Sculpture Contemporaine

"Bauhaus Gal No.26", 2023 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Bauhaus Gal No.26", 2023 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

Du 14 octobre 2023 au 13 janvier 2024

 

 

La galerie Perrotin est heureuse de présenter Bauhaus Gal Theatre, la première exposition personnelle de Chen Ke à Paris. À cette occasion, l’artiste présente une série de portraits de jeunes étudiantes du Bauhaus ainsi que des vues d’architectures mis en scène dans une scénographie théâtrale.

 

 

Voilà plusieurs années que Chen Ke produit, parmi d’autres types d’œuvres, des séries de peintures qui prennent pour point de départ des portraits photographiques. Il peut s’agir de célébrités comme Marylin Monroe ou Frida Kahlo, ou au contraire d’anonymes.

 

C’était. le cas de la femme peintre qui inspira à Chen Ke les œuvres de l’exposition The Anonymous Woman Artist en 2020, Helen Torr (1886–1967). Cette dernière n’exposa que très peu et contrairement à son mari, le peintre américain Arthur Dove, elle reçut un accueil critique plus que froid, bien que leurs œuvres partagent de nombreuses similarités formelles. Torr cessa de peindre à la mort de son mari en 1946. Comme pour tant d'autres artistes femmes, son travail, longtemps sous-estimé, a été redécouvert bien après sa mort.

"Bauhaus Gal No.21", 2023 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Bauhaus Gal No.21", 2023 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Bauhaus Gal No.32", 2023 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Bauhaus Gal No.32", 2023 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

Dans cette nouvelle exposition, l’artiste continue dans la veine de cette pratique qu’on pourrait qualifier d’appropriationniste, avec une série de portraits de jeunes étudiantes du Bauhaus (ainsi que des photos d’architecture) tirées d’un livre-source intitulé Bauhaus Mädels (Patrick Rössler éd., Taschen, 2019).

 

 

Les connaisseurs identifieront peut-être sur certaines toiles les traits de l’artiste et designeuse Marianne Brandt, mais la plupart de ces figures seront probablement perçues de manière générique, comme de brillantes images de la jeunesse, du courage et de la détermination qu’ont manifesté des jeunes filles en s’engageant il y a un siècle dans une carrière qui leur était a priori hermétiquement fermée.

 

"Bauhaus Gal No.27", 2023 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Bauhaus Gal No.27", 2023 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Lip", 2023 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Lip", 2023 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

Le sujet de cette série est historiquement chargé. La légendaire école d’architecture et arts appliqués, fondée en 1919, fait aujourd’hui l’objets de relectures de moins en moins complaisantes, voire de plus en plus dark (1).

 

 

Dans le même ordre d’idée, l’artiste a ainsi abandonné le premier titre auquel elle avait songé pour l’exposition, Utopia, jugé trop en décalage avec la réalité de la vie au Bauhaus, spécialement pour les femmes.

"Municipal Theatre in Jena" , 2023 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Municipal Theatre in Jena" , 2023 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

Son propos n’est cependant pas de capitaliser sur l’aura historique de la célèbre institution ou à l’inverse de la déconstruire, mais d’articuler, à partir d’images existantes, l’expression de ses propres états émotionnels. Comme elle l’explique, elle a simplement été « touchée » par ces jeunes femmes, le livre agissant en quelque sorte comme un déclencheur de souvenirs, ceux de ses premiers pas d’étudiante en art, ou des difficultés traversées en tant que jeune femme artiste sur la scène artistique pékinoise du début des années 2000.

 

 

Les choix de couleurs faits par Chen Ke renforcent d’ailleurs très puissamment la dimension subjective de sa démarche d’appropriation.

"Bauhaus Gal No.17 -- Marianne Brandt III", 2022 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Bauhaus Gal No.17 -- Marianne Brandt III", 2022 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

Les peintures sont des versions au chromatisme étrange, tantôt rêveur, tantôt sinistre, d’images originales en noir et blanc. Et l’on est pris en les regardant d’un vertige similaire à celui qui nous saisit devant ces photographies colorisées devenues virales ces dernières années, celles des Champs Elysées en 1900, de Claude Monet dans son jardin, d’une scène de la vie quotidienne dans une tranchée.

 

 

Ou plus près de nous, par les séries de peintures sur photographie que l’artiste réalisait au début des années 2000. L’opération de transformation, dont on pourrait attendre un gain de réalisme, produit au contraire un effet puissant de déréalisation, tantôt onirique, tantôt inquiétant.

Dans l’exposition, cette prise de distance avec le réalisme par la couleur constitue également, explique l’artiste, un écho à la période « surréaliste » de l’épidémie mondiale de Covid et à des confinements terriblement stricts.

 

"Block of flats on Albert Braun Street", 2023 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Block of flats on Albert Braun Street", 2023 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Bauhaus Gal No.23", 2023 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Bauhaus Gal No.23", 2023 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

Contrairement au Bauhaus, les écoles d’arts chinoises n’incluent pas dans leur cursus les pratiques non-figuratives, ou alors de manière très restreinte. Ses recherches sur Helen Torr comme sur le Bauhaus ont pourtant amené Chen Ke à s’intéresser depuis quelques années à l’abstraction.

 

L’exposition présente ainsi un ensemble de peintures abstraites, réalisées sur des supports en aluminium plus ou moins fins. En dépit de l’écart radical qui semble séparer les deux versants de son travail pictural, très méthodique d’un côté, parfaitement « impulsif » de l’autre, ils entretiennent une forme de parenté matérielle et conceptuelle.

 

 

Les petites abstractions sur métal sont en effet peintes avec la même palette de couleurs que les toiles, souvent dans la même journée, comme une suite improvisée, plus libre dans le geste. Et elles constituent elles aussi des traductions formelles et colorées des émotions de l’artiste.

 

"Bauhaus Gal No.35", 2023 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Bauhaus Gal No.35", 2023 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

Le dernier élément central de l’exposition est l’importance accordée par Chen Ke à la théâtralité. Thématisée dans certaines peintures qui construisent par leurs jeux d’éclairage ou leur représentation de corps une forme de frontalité spectaculaire, la théâtralité est aussi plus qu’un sujet : c’est un principe scénographique qui irrigue toute l’exposition.

 

 

Dès la première salle, une œuvre installée à la manière d’un écran, bloque une partie de la vue et programme la circulation dans l’espace. L’accrochage en ligne d’une série de portraits crée une sorte de générique de l’exposition sur le mur de la salle suivante. Plus loin, une large sculpture colorée suspendue tourne lentement sur elle-même, pour rappeler les spectateur.ice.s à leur présence physique. Tout le parcours de l’exposition est pensé avec une grande précision.

 

"Whirling", 2023 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Whirling", 2023 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

A l’appui de cette recherche sur la théâtralité, l’artiste cite le poème épique Bhagavad-Gita, l’un des textes fondateurs de l’hindouïsme. Elle évoque plus particulièrement les jeux de métamorphose auxquels se livre Krishna, qui peut revêtir une apparence humaine comme celle d’un monstre dévorant. Pour l’artiste, cette figure monstrueuse est « peut-être ce que l'on appelle le vrai visage du monde, le vrai côté caché sous les choses agréables de la vie.

 

 

Cette face cachée, nous la rencontrons parfois, mais nous nous empressons de nous en éloigner ». « Le théâtre est un lieu [où] l’on peut se dépouiller de sa peau, pour se cacher ou pour montrer un autre soi, peut-être une version plus vraie de soi-même » ajoute-t-elle. Que le monde chaotique, inversé, cruel du théâtre puisse être porteur d’une vérité fait partie du principe même de l’art dramatique, dans les traditions orientales comme occidentales. Mais Chen Ke applique désormais ce principe à l’art pictural. Les images qu’elle s’approprie par la peinture sont autant de masques, et toutes ses œuvres des auto-portraits.

 

Jill Gasparina

 

1- Voir à ce sujet les conférences données récemment par l’historienne de l’art et du design Alexandra Midal sur le « Dark Bauhaus », dans lesquelles elle démonte la mythologie qui entoure l’école en soulignant la misogynie qui y régnait, mais aussi les différentes formes de complaisance avec le monde marchand, comme avec le régime nazi.

 

"Bauhaus Gal No.25", 2023 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Bauhaus Gal No.25", 2023 de CHEN KE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

CHEN Ke est née en 1978 à Sichuan, Chine. Elle vit et travaille à Beijing, Chine.

Chen Ke a lancé sa carrière à Pékin après avoir obtenu un BA du département de peinture à l'huile de l'Académie des Beaux-Arts du Sichuan en 2002, ainsi qu’un MFA en 2005 de la même institution.

L’artiste fait partie d’une génération qui a connu le développement rapide de la Chine. Depuis le début de sa carrière, elle entremêle culture chinoise traditionnelle et culture occidentale.

 

 

Dans les premières œuvres de Chen Ke, on voyait souvent une petite fille fragile représentée dans un environnement surréaliste, luttant contre une réalité inversée ou bien se complaisant dans la nostalgie, solitaire et innocente.

Depuis 2012, Chen utilise les figures réelles issues de son travail photographique comme sujet. De Frida Kahlo à Marilyn Monroe, l’artiste exprime ses sentiments personnels, de la vie réelle, à travers son interprétation de ces personnages – elle aborde notamment la place des femmes dans la société, mais aussi l’expérience du temps et de la vie.

 

Galerie PERROTIN

76 rue de Turenne

75003 PARIS

 

 

https://www.perrotin.com/fr

 

 

 
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.

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