DALI: " Rétrospective "
Du 21 novembre au 25 mars 2013
Galerie 1, niveau 6
NOCTURNES JUSQU’À 23H DU JEUDI AU SAMEDI
Né en 1904 à Figueras, ville au nord de la Catalogne en Espagne, Salvador Dali y passe une partie de son enfance avant de partir à Barcelone où son père possède une maison. La région de l'Empurdan le marque au point d'influencer son oeuvre tout au long de sa vie.
Le Centre Pompidou rend hommage à l’un des créateurs les plus complexes et prolifiques du XXème siècle : Salvador Dalí. Plus de trente ans après la rétrospective que l’institution lui avait consacrée en 1979-1980, cette exposition demeure à ce jour le plus grand succès de fréquentation de son histoire.
Dalí est à la fois l’une des figures magistrales de l’histoire de l’art moderne et l’une des plus populaires. Il est aussi l’un des artistes les plus controversés, souvent dénoncé pour son cabotinage, son goût de l’argent (on le surnomma « Avida Dollars ») et ses prises de position politiques provocatrices.
C’est à la fois toute la force de son oeuvre et toute la part qu’y tient sa personnalité, dans ses traits de génie comme dans ses outrances, que cette exposition, inédite, se propose d’aborder frontalement.
Plus de deux cents oeuvres (peintures, sculptures, dessins…) sont présentées dans un parcours conçu en sections chrono-thématiques : le dialogue entre l’oeil et le cerveau du peintre et du spectateur ; Dalí, pionnier de la performance, auteur d’oeuvres éphémères, manipulateur des médias considérant l’art comme un fait global de communication ; l’interrogation de la figure (persona) de l’artiste face à la tradition.
Dalí « promène » constamment le spectateur entre deux infinis, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, contraction et dilatation qui se polarisent : la précision minutieuse flamande (référence à Vermeer) et le baroque spectaculaire de la peinture ancienne qu’il met à l’oeuvre dans son « musée-théâtre » de Figueres. Cette oscillation se fonde sur un questionnement général de l’identité dans lequel le monde est double : son frère mort, appelé également Salvador, le couple rêve-réalité, l’hermaphrodisme…
Parmi les chefs-d’oeuvres exposés, on pourra admirer quelques grandes icônes - La Persistance de la mémoire (Montres molles), 1931, Le Grand masturbateur, 1929, Le spectre du Sex appeal, 1934 ou encore L’Énigme sans fin, 1938 - et découvrir une centaine d’oeuvres sur papier, des objets, des projets pour le théâtre ou le cinéma, des films, des photographies et des extraits d’émissions de télévision qui rendent
compte de l’activité intense de « l’homme de spectacle » qu’est aussi Dalí.
La rétrospective retrace l’ensemble de l’oeuvre et éclaire le personnage de Dalí à travers un choix exceptionnel d’oeuvres majeures grâce à une collaboration très étroite nouée avec le Museo Nacional Reina Sofía de Madrid, qui présentera l’exposition du 23 avril au 2 septembre 2013, et une participation conjointe de la Fundació Gala-Salvador Dalí, Figueres, et du Dalí Museum, Saint Petersburg, Floride.
L’exposition montre également les innombrables oeuvres éphémères, réalisées par Dalí devant une assistance ou une caméra, qui font de lui un précurseur de la performance et du happening.
LE PARCOURS DE L’EXPOSITION
Le visiteur entre dans l’univers dalinien par un oeuf. Il est confronté à l’origine, au monde de la naissance
et de la fertilité, au foetus, à l’oeuf, à l’oignon.
1. L’ultralocal et l’universel
Les lieux, la famille, le catalanisme : le territoire de l’enfance est vécu comme un lieu quasi magique. Les rochers, les cyprès, la plaine de l’Ampurdan, la mer, la lumière et les ombres de l’autre côté des Pyrénées sont omniprésents dans la peinture et dans la pensée de Dalí. C’est le lieu, également, de la famille où se fondent les mythes de la personnalité double et de Guillaume Tell.
2. De la Residencia de « Estudiantes » aux voies du surréalisme
Résidence des étudiants (fin 1922-1926). La rencontre de Garcia Lorca et de Luis Buñuel. Le Dalí encore
provincial est confronté à « La génération de 27 » réunissant poètes, écrivains, peintres et cinéastes. Dalí s’inspire de plus en plus de l’avant-garde qu’il avait déjà découverte à Figueres. Peu à peu, il découvre
la peinture surréaliste par les revues et les expositions et construit un monde pictural à la fois nourri de Joan Miró, Yves Tanguy, Hans Arp ou Max Ernst et de l’imaginaire collectif développé à la Residencia (Putrefactos).
3. Le surréalisme et la méthode paranoïaque-critique
L’accomplissement de la sexualité de Dalí lié à sa rencontre avec Gala Éluard, s’accompagne d’un tournant dans sa carrière avec les expositions à Paris (Camille Goemans, Pierre Colle…), son adhésion au surréalisme et les premières oeuvres blasphématoires. Ce mouvement historique est émaillé de transgressions daliniennes : révolte contre l’autorité du père, crise d’identité, allusions à la coprophagie.
La méthode paranoïaque-critique transforme et subvertit le monde. Dalí propose de substituer à l’automatisme passif du surréalisme (le dessin automatique, les cadavres exquis, les frottages, etc...) une méthode active fondée sur le délire d’interprétation paranoïaque. La méthode dalinienne anticipe de quelques années la publication de la thèse de Jacques Lacan sur la paranoïa. Sur un régime de visibilité qui lui est propre et qu’il théorise, Dalí développe les images doubles, chefs-d’oeuvre d’ambiguïté visuelle.
L’Angélus de Millet : exemple paradigmatique de la méthode paranoïaque-critique. Dalí se fait historien d’art et part à la recherche de la vérification scientifique de son interprétation délirante de cette oeuvre. Avec le concours du musée d’Orsay qui a consenti le prêt exceptionnel du tableau de Jean-François Millet,
L’Angélus, 1857-1859.
4. Mythes et histoire
Les dictateurs Hitler, Franco, Lénine : fascination ou critique ? Ne sont pas occultés les rapports troubles qu’entretient Dalí avec les détenteurs du pouvoir absolu, figures à ses yeux désirables et objets de projection.
«Cannibalisme» : Dalí, artiste non engagé, traite l’histoire qui s’écrit avec la grille de la méthode paranoïaque-critique. La guerre civile dans son pays d’origine l’éloigne durablement de cette réalité ; il se réfugie dans l’interprétation délirante des personnages ou de leurs attributs : le « dos dodu » d’Hitler,
les moustaches de Lénine….
5. Théâtralité
Après Un Chien Andalou, 1929, et L’Âge d’or, 1930, des projets cinématographiques expérimentaux non
Réalisés (Babaouo, Marx Brothers Giraffes, Moontide…) Dalí est sollicité par le cinéma hollywoodien (La Maison du Dr Edwardes de Hitchcock, Destino pour Disney). Invité à réaliser les décors et costumes de ballets (Bacchanale, Tristan Fou…) par la Compagnie des Ballets russes, Dalí ne néglige aucun média contemporain : photographie, télévision, événements dans des grands magasins ou autres lieux publics où il démontre sa capacité exceptionnelle d’improvisation.
6. Science, mystique et théorie
Mystique et théorie : la fin de la seconde guerre mondiale dans l’apocalypse nucléaire d’Hiroshima et Nagasaki, transforme profondément la peinture de Dalí. Les secrets de la matière dévoilés par les travaux d’Einstein et d’Heisenberg sont chez Dalí une véritable révélation. Dieu est dans les atomes ou les neutrinos, même si l’artiste confesse que sa foi reste une incertitude. Dalí s’identifie au mystique saint Jean de la Croix tout en se nourrissant des théories scientifiques d’Heisenberg (Principe d’incertitude), de la cybernétique de Norbert Wiener, dans une tentative apocryphe de fusion de la religion et de la science.
7. Autoréférence et grandes machines
L’atomique Assomption : le peintre mystique ressuscite un baroque spectaculaire aux perspectives vertigineuses. Dalí, marquis de Púbol se compte désormais parmi les Grands d’Espagne : Vélasquez, Picasso, et la figure du toréador.
Sortie de l’exposition par le cerveau : on est entré corps, on sort esprit.
Une évocation matérielle des circonvolutions du cerveau de Dalí.
Centre Pompidou
Place Georges Pompidou, 75004 Paris
Métro : Hôtel de Ville, Rambuteau
Tous les jours de 11h à 21h. Fermé le mardi.
Nocturnes du jeudi au samedi jusqu’à 23h.